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le Mercredi 7 juin 2023 10:39 Politique

Aidé par le vote en région, le PCU conserve le pouvoir

Les conservateurs unis de Danielle Smith ont été élus pour un deuxième mandat consécutif. Photo : Jake Wright Manning Centre via Wikipedia
Les conservateurs unis de Danielle Smith ont été élus pour un deuxième mandat consécutif. Photo : Jake Wright Manning Centre via Wikipedia
Aidé par le vote en région, le PCU conserve le pouvoir
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Après une campagne électorale âprement disputée, le Parti conservateur uni (PCU) de Danielle Smith a réussi à se maintenir au pouvoir en Alberta, et ce, malgré une opposition farouche du Nouveau Parti démocratique (NPD). Les résultats et la répartition du vote mettent en évidence, une fois de plus, la polarisation politique qui continue de diviser les villes et les régions de la province.

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Ce n’est peut-être pas la victoire nette à laquelle s’attendait le camp conservateur, mais avec 49 sièges à l’Assemblée législative et 52,6% des voix, le parti parvient tout de même à décrocher un deuxième mandat majoritaire. Pour Danielle Smith, qui a pris les rênes du PCU après la démission de Jason Kenney en 2022, cette victoire représente également un premier vote de confiance des électeurs qui reconnaissent sa légitimité comme leader du parti. 

«Mais la légitimité réelle que la première ministre tire de l’élection reste sujette à caution», soutient le professeur Frédéric Boily, qui enseigne en science politique au Campus Saint-Jean. Il rappelle que le PCU a perdu plusieurs sièges aux mains du NPD, notamment dans les deux grands centres urbains de la province. «Aucun député conservateur n’a été élu à Edmonton. Et à Calgary, il y a eu des gains importants du NPD», précise le professeur. 

En effet, le parti néo-démocrate a remporté 14 des 26 sièges de Calgary, une augmentation significative par rapport aux trois sièges qu’il détenait après l’élection de 2019. 

«La province a une base conservatrice qui est forte, mais il y a des bases néo-démocrates qui commencent à être fortes aussi. Ça se traduit par un résultat serré et un taux de participation électoral qui reste élevé par rapport aux élections du début des années 2000», analyse Frédéric Boily.

La légitimité réelle que la première ministre tire de l’élection reste sujette à caution.» Frédéric Boily. Photo : Courtoisie

Un nouveau jeu de chaises musicales

En raison des gains réalisés par le NPD, la composition du cabinet ministériel de Danielle Smith sera sujette à plusieurs changements. En outre, pas moins de six ministres, dont le ministre de la Santé, Jason Copping, le ministre de la Justice, Tyler Shandro, et le ministre de la Culture et du Secrétariat francophone, Jason Luan, ont perdu leurs sièges à l’Assemblée. 

«On peut s’attendre à une période d’incertitude en ce début de mandat. Un remaniement important au sein du gouvernement est à prévoir», signale le professeur du Campus Saint-Jean. Des doutes subsistent également quant à l’orientation politique que la première ministre souhaitera adopter. 

En effet, bien que l’économie ait été au cœur de sa campagne, avec des promesses telles que le gel des taux d’imposition pour les particuliers et les entreprises, Danielle Smith pourrait revenir à la charge avec d’autres priorités au cours des prochains mois, notamment la question autonomiste.

«Le discours de victoire de la première ministre a dévoilé ses deux visages. Un visage de campagne, très discipliné et très axé sur l’économie. Et l’autre visage, un peu plus [enclin] à faire affront à Justin Trudeau», note Frédéric Boily. Il se demande si la première ministre cherchera à évoquer sa loi sur la souveraineté pour contester le plan de transition équitable vers une économie faible en carbone présenté par le gouvernement fédéral. 

«Est-ce que la loi sera évoquée? Qu’est-ce qu’on verra en retour? Y aura-t-il des contestations judiciaires? Il y a pas mal d’incertitudes par rapport à ça aussi», ajoute-t-il.

Le NPD, grand meneur urbain

Si le parti néo-démocrate a largement dominé dans les villes de Calgary et d’Edmonton, le reste de la carte électorale appartient majoritairement aux conservateurs, à l’exception des circonscriptions de Banff-Kananaskis, de Lethbridge-Ouest, de Sherwood Park et de Saint-Albert. Ces résultats dévoilent le travail auquel le NPD doit encore se soumettre pour rallier un plus grand nombre d’électeurs dans les régions, estime Frédéric Boily.

«Peut-être que du côté néo-démocrate, l’introspection qu’on doit faire, c’est de se demander si on doit tout miser sur Calgary. […] Du moment où Edmonton est dans la poche, est-ce qu’on veut aller faire un balayage aussi à Calgary ou alors est-ce qu’on essaie d’aller séduire une portion de l’électorat en milieu rural», questionne le professeur.

Glossaire – Légitimité : capacité à faire admettre son autorité