le Dimanche 19 janvier 2025
le Lundi 2 Décembre 2024 20:35 Politique

Des aînés craignent la politique sociale du ministre des Finances de l’Alberta

Assemblée législative de l'Alberta Photo : Arnaud Barbet
Assemblée législative de l'Alberta Photo : Arnaud Barbet
Le gouvernement de l’Alberta a proposé d’amender dix textes législatifs dans le projet de loi 32, incluant l’imposition d’un plafond de 2% par année à l’augmentation des prestations sociales. Le projet inquiète les aînés albertains qui dépendent de ces aides financières.
Des aînés craignent la politique sociale du ministre des Finances de l’Alberta
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IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

La province de l’Alberta propose de mettre un cap à certaines prestations sociales, ce qui pourrait avoir un impact important sur les aînés et leur survie financière. Les changements proposés dans le projet de loi 32 (Financial Statutes Amendment Act) ont été présentés à l’Assemblée législative par le ministre des Finances, Nate Horner. 

Ce dernier propose de limiter l’augmentation de certaines prestations sociales, telles que le programme pour les personnes gravement handicapées, le soutien du revenu, la prestation aux personnes âgées, la prestation de logement complémentaire et les prestations pour enfants et familles, selon ce qui est annoncé par le gouvernement albertain. Ces prestations ne pourraient pas augmenter de plus de 2% par an, en dépit de la croissance de l’inflation. Cela signifie que si l’inflation surpasse une augmentation de 2% par an, la hausse des prestations sociales serait plafonnée à 2%.  

Cette proposition inquiète plusieurs aînés albertains qui sont déjà affectés par l’augmentation du coût de vie. Louis Pominville, résident de la villa Jean-Tourpin à Calgary, atteste qu’il existe «de l’abus contre les aînés» au sein des systèmes en place et qu’un tel projet de loi ne fait que leur ajouter d’autres difficultés à surmonter. 

Louis Pominville se fait du souci pour l’avenir. Photo : Courtoisie

Inquiétudes sociétales et économiques 

La nouvelle suscite des inquiétudes au sein de la Fédération des aînés franco-albertains (FAFA), l’organisme porte-parole des aînés francophones de l’Alberta. La présidente, Jeannine de Moissac, ne comprend pas comment un tel projet de loi pourrait être avantageux pour les aînés ni la population en général. 

Elle explique qu’il y a deux scénarios possibles, «soit les aînés […] deviennent une charge de plus sur le réseau santé de l’Alberta, ou alors une charge de plus sur leurs familles qui, eux aussi, ont de la peine à trouver de la nourriture et des logements. Je ne vois pas comment cela peut aider à l’économie de l’Alberta», dit-elle. 

La Franco-Albertaine souligne qu’un nombre important d’aînés se retrouvent déjà à la rue à cause de l’inflation. Si l’indexation des prestations sociales est plafonnée, d’autres aînés risquent d’être victimes de précarité.

L’itinérance et la crise de logement

Louis Pominville est victime de la crise du logement qui lui est bien familière. Alors que son revenu annuel n’a augmenté que d’un maigre 1,5%, son loyer a, quant à lui, augmenté de près de 15%. Il se cherche un nouvel appartement depuis mars 2024 et n’a toujours rien trouvé. 

Cette quête d’un appartement raisonnable est déjà un défi, alors si les prestations sociales n’augmentent plus en fonction de l’inflation, le tout risque de s’avérer encore plus difficile. «Ce n’est pas un cadeau, dit-il. C’est fâchant. Ils enlèvent encore plus à ceux qui en ont déjà moins.»

Selon une étude effectuée en 2024 par la National Library of Medicine, de plus en plus d’aînés se trouvent dans des refuges pour sans-abris en Alberta. La baisse de revenu est notamment une des raisons pour lesquelles les aînés se retrouvent sans domicile fixe. 

Les prestations sociales indexées au coût de la vie contribuent à la survie financière de ces personnes qui n’ont plus nécessairement les capacités d’entrer à nouveau sur le marché du travail, explique Jeannine de Moissac. Elle ajoute que «ce n’est pas un luxe pour les aînés d’avoir des aides sociales indexées au coût de la vie. C’est une nécessité».

Louis Pominville se fait du souci pour l’avenir. Photo : Courtoisie

Prochaines étapes 

La présidente de la FAFA comprend que des coupes budgétaires sont parfois nécessaires, mais affirme qu’auprès des aînés, ce n’est pas acceptable. «Je sais que le gouvernement conservateur coupe, dit-elle, mais ils doivent couper à la bonne place. Je ne trouve pas que [ce projet de loi] coupe à la bonne place. Je trouve cela illogique et injuste.»

Les membres de la FAFA s’activent pour dénoncer ce projet de loi. «On planifie justement d’écrire une lettre au ministre des Finances, Nate Horner, qui a déposé le projet et au ministre des Aînés, Jason Nixon. On veut agir face à cette situation», explique la présidente de l’organisme qui fournit des outils et des ressources aux aînés francophones. Mme de Moissac déclare vouloir «agir et être une plateforme pour les aînés et donc pour ceux qui sont les plus vulnérables dans la société».

Glossaire – Vulnérable : qui peut être atteint ou blessé facilement