le Samedi 26 avril 2025
le Samedi 26 avril 2025 10:14 Politique

Un baptême électoral pour plusieurs nouveaux citoyens

Selon Élections Canada, certains groupes d’électeurs, notamment les immigrants récemment naturalisés, votent moins que la moyenne nationale.Photo : WOKANDAPIX – Pixabay - Archives Francopresse - Montage Arnaud Barbet
Selon Élections Canada, certains groupes d’électeurs, notamment les immigrants récemment naturalisés, votent moins que la moyenne nationale.Photo : WOKANDAPIX – Pixabay - Archives Francopresse - Montage Arnaud Barbet
À la veille du scrutin fédéral du 28 avril, des milliers de nouveaux citoyens s’apprêtent à franchir une étape déterminante de leur parcours : déposer leur premier bulletin de vote dans l’urne de leur pays d’adoption.
Un baptême électoral pour plusieurs nouveaux citoyens
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IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO

Originaire de la République démocratique du Congo, Gaylord Tsasa Nyimi est devenu citoyen canadien en mars dernier. Photo : Courtoisie

Naturalisé il y a tout juste un mois, Gaylord Tsasa Nyimi compte bien exercer ce nouveau droit dans les prochains jours à Calgary. Il fait partie des quelques 1,2 million d’immigrants qui, depuis le dernier scrutin fédéral en 2021, ont obtenu la citoyenneté canadienne et s’apprêtent, eux aussi, à vivre leur première expérience électorale.

À ses yeux, ce geste va bien au-delà d’une simple formalité administrative. «Voter, ça fait partie du processus d’intégration. Ça nous force à vraiment comprendre comment le système fonctionne et quel mode de scrutin est utilisé ici», explique-t-il.

S’il a suivi la campagne électorale d’un œil attentif, le Congolais d’origine (République démocratique du Congo) regrette toutefois que les candidats aient rarement abordé l’avenir des immigrants francophones hors Québec. La question n’a été qu’effleurée lors du premier débat, lorsque le chef libéral Mark Carney s’est engagé à porter l’immigration francophone hors Québec à 12% d’ici 2029 . Une cible aussi appuyée par Pierre Poilievre, le chef du Parti conservateur.

Mais, selon lui, les véritables enjeux liés à l’accueil et à la prise en charge des nouveaux arrivants sont restés dans l’ombre. «C’est un sujet important. Vous savez, l’arrivée n’est pas facile. Surtout quand on vient d’un pays où le français est une langue officielle et qu’on doit s’adapter à l’anglais», précise-t-il.

Vincent Tatto Mfassu est impatient à l’idée de voter pour la première fois au Canada. Photo : Courtoisie

Voter, une responsabilité 

Vincent Tatto Mfassu, qui vivra aussi sa première élection canadienne cette année, partage ce constat. Il souligne que les préoccupations des nouveaux arrivants, comme plusieurs autres enjeux, ont été reléguées au second plan dans une campagne largement dominée par la guerre tarifaire avec les États-Unis. «L’économie a vraiment été le principal fait saillant de la campagne. L’immigration aussi, mais davantage sous l’angle des seuils», analyse-t-il.

Arrivé à Edmonton, il y a cinq ans, en provenance du Cameroun, il mentionne s’intéresser de près à la politique canadienne. Il a d’ailleurs obtenu sa citoyenneté en juin dernier et se réjouit de pouvoir enfin prendre part au scrutin. «Ça évoque en moi un sentiment d’appartenance et d’implication. J’ai l’impression d’avoir un certain contrôle sur le destin du pays», souligne-t-il.

Pour lui, il est essentiel que les nouveaux citoyens s’informent et s’engagent activement dans la vie politique afin de faire valoir leur droit de vote de manière éclairée. «On fait le choix de qui sera responsable pour la suite, c’est déterminant! Ça permet d’être à l’aise ou non avec ce qui va se passer après», rappelle-t-il.

Or, ce ne sont pas tous les nouveaux citoyens qui se rendent aux urnes. Selon Élections Canada, certains groupes d’électeurs, notamment les immigrants récemment naturalisés, votent moins que la moyenne nationale. Parmi les obstacles figure la méconnaissance du processus électoral, mais aussi des aspects plus pratiques, comme les longues files d’attente dans les bureaux de vote.

Yic Camara est le directeur général adjoint de la FRAP. Photo : Courtoisie

Yic Camara, le directeur général adjoint de Francophonie Canadienne Plurielle (FRAP), un organisme d’accueil et d’établissement des nouveaux arrivants situé à Edmonton, estime qu’il est crucial de renverser cette tendance. «La meilleure façon, c’est de travailler en amont pour sensibiliser davantage les nouveaux citoyens […]. Il faut leur rappeler que voter est important et que ça peut vraiment faire une différence», insiste-t-il.

À travers son rôle, la FRAP encourage les immigrants à se familiariser avec le système politique canadien et à comprendre les droits et devoirs qui accompagnent la citoyenneté. Cependant, l’organisme n’a pas de mandat précis pour promouvoir directement la participation électorale chez les nouveaux électeurs.

«Je pense que nous manquons d’initiatives réelles pour encourager les nouveaux citoyens canadiens à faire entendre leur voix, que ce soit aux niveaux municipal, provincial, fédéral, ou même dans le cadre des élections scolaires. Il faudrait plus de sensibilisation», plaide-t-il.

Certaines différences avec le système électoral d’origine peuvent également être déroutantes pour les nouveaux citoyens. Vincent Tatto Mfassu rappelle, par exemple, qu’au Cameroun, le vote par anticipation n’est pas accessible à toute la population, contrairement au Canada où il permet d’éviter aux électeurs de «s’agglutiner dans les bureaux de vote le jour de l’élection». Ainsi, certaines personnes ne se prévalent pas de cette option.  

«Il y a plusieurs choses qui sont différentes, c’est pourquoi il est d’autant plus important de s’informer», conclut-il.

GlossaireS’agglutiner : Se réunir en une masse compacte