Si, pour l’instant, l’inflation reste raisonnable en Alberta comparée aux autres provinces canadiennes, les coûts énergétiques pèsent de plus en plus lourd dans le budget des petites et moyennes entreprises. Et ce n’est ni la pandémie ni les dérèglements climatiques qui faciliteront l’activité économique dans les prochains mois.
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
L’indice des prix à la consommation (IPC) permet de mesurer l’inflation d’une zone géographique à un moment donné.
L’Alberta fait aujourd’hui bonne figure, car elle a un des plus bas taux d’inflation au pays. Néanmoins, son IPC était de 4,3% en novembre dernier, ce qui, malgré tout, place la province parmi les meilleures élèves, selon Statistique Canada. Ce bon résultat est aussi un soulagement pour les Albertains si on le compare au 4,7% obtenu en août 2021 pour une même période de 12 mois.
Il faut se rappeler que l’inflation peut être mesurée avec ou sans les prix de l’énergie. Une variante importante, explique Joseph Doucet, le doyen intérimaire du Collège des sciences humaines et sociales de l’Université de l’Alberta, qui est aussi bien connu pour ses travaux de recherche en économie de l’énergie.
Source : Statistique Canada Graphisme : Isaac Lamoureux – Le Franco
Source : Statistique Canada Graphisme : Isaac Lamoureux – Le Franco
Joseph Doucet note que c’est aussi une situation globale due «à une reprise [économique] plus forte, qui a créé plus de demandes». Il souligne l’importance d’avoir une vision plus précise des différents marchés. «On peut parler des marchés de l’énergie et de l’accroissement des prix de l’énergie, etc.» Il est persuadé que c’est notamment en raison de cette accélération de la demande, plus importante que prévu, que l’inflation a augmenté.
L’énergie, un indicateur qui ne peut pas être ignoré
Antonio Petosa, propriétaire de Bottega 104, un restaurant italien au centre-ville d’Edmonton, confirme l’indécence des prix actuels de l’énergie. «Les services utilitaires ont crevé le plafond et sont hors de contrôle!» Avec une facture mensuelle «de 2 000$ pour le gaz», il lui sera très difficile de ne pas augmenter les prix de son menu.
Une situation que l’économiste valide, tout en ajoutant certaines corrélations. «Il y a probablement eu une foule de raisons, mais je pense que l’accroissement des prix de l’énergie […] et d’autres ressources naturelles fait en sorte que la pression est à la hausse sur les producteurs et donc sur le marché de l’emploi et sur l’approvisionnement.»
Alors que les coûts de l’énergie ont monté en flèche, Antonio Petosa affirme que, globalement, «le coût de ces marchandises a aussi augmenté de 20 à 25%». Si l’inflation concerne l’ensemble du Canada, Joseph Doucet évoque un aspect plus régional qui touche directement Antonio Petosa, soit les difficultés d’approvisionnement découlant des récentes inondations en Colombie-Britannique, ce qui ne facilite pas du tout la tâche des professionnels.
Une pandémie qui affecte le personnel et la clientèle
En raison de plusieurs fermetures temporaires, Antonio Petosa a perdu 90% de son personnel. Il reçoit de nombreux curriculum vitae, mais ces candidats manquent tous d’expérience. Ainsi, en plus d’augmenter ses coûts de fonctionnement, cette situation a exigé du restaurateur qu’il augmente considérablement ses heures de travail afin de former ses nouveaux employés et de servir ses clients.
«Je travaillais 80 à 90 heures par semaine parce que personne n’avait d’expérience et je devais prendre le relais.» Il a fallu quatre mois à Antonio Petosa pour se sentir à nouveau à l’aise avec sa nouvelle équipe. Il insiste d’ailleurs sur les efforts consacrés par chacun de ses employés pour rendre son établissement sécuritaire. Ils désinfectent tout, «les couverts, les sols, les tables, les chaises, les serviettes». Toutes ces nouvelles mesures ont aussi un prix qui pour lui n’est pas partagé par tout le monde.
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Antonio Petosa fait part de sa frustration en sachant que dans les grands centres commerciaux comme «Walmart, 800 personnes ont pu toucher un sachet de chips, sans qu’il soit stérilisé». Il a très clairement l’impression «que ce sont les petits commerces indépendants qui ont pris le gros de la charge financière, pas les grandes chaines de magasins».
L’indicateur d’inflation le mieux connu est l’indice des prix à la consommation (IPC) qui mesure la variation en pourcentage du prix d’un panier de biens et de services consommés par les ménages.