IJL – Réseau.Presse – Le Franco
La ministre Ginette Petitpas Taylor annonce que lors de la consultation à Edmonton, il n’y a pas eu de grosses surprises par rapport aux priorités discutées. «Les thèmes […] ont été semblables à toutes les provinces et tous les territoires.»
En effet, pour de nombreux acteurs de la francophonie albertaine et canadienne, la LLO de 1969 a bien besoin d’être modernisée. Un premier pas avait été fait lors de la présentation du projet de loi C-13 – Loi modifiant la Loi sur les langues officielles – par le gouvernement du Canada le 1er mars 2022. En première lecture, il avait alors présenté l’ensemble des propositions liées à cette modernisation. Mais, selon la ministre Petitpas Taylor, ce n’était pas la seule étape importante dans la réforme du régime linguistique qui prévaut actuellement au Canada.
«Moi, je dis toujours, le plan d’action et le projet de loi, c’est un travail en parallèle», explique la ministre des langues officielles. «Avoir l’adoption d’un projet de loi, c’est une chose, mais la mise en œuvre de la loi, c’est encore plus important pour faire le travail et développer des règlements», explique-t-elle.
Selon le gouvernement du Canada, «les règlements appuient les nouvelles lois et sont exécutoires en vertu de la loi». Or, un règlement, c’est l’étape d’application de la loi et il est formulé par la ministre selon un processus d’analyse et de consultations.
Parmi ceux qui veulent voir du changement, certains groupes émettent toujours des inquiétudes quant à l’avenir du français en Alberta.
Le français langue seconde retrouve sa voix
Michael Tryon, le directeur général de Canadian Parents for French (CPF), estime que durant plusieurs années, aucune place n’avait été donnée aux personnes qui ont le français comme seconde langue. Il fait alors référence à la LLO et à la Charte canadienne des droits et libertés. Ces deux textes législatifs définissent les droits des francophones en situation minoritaire, mais pas ceux de la population qui a appris le français comme seconde langue.
Présent durant la consultation à Edmonton, Michael Tryon indique qu’«il était important pour la CPF d’être une sorte de porte-parole pour la communauté des francophones de langue seconde». Il insiste d’ailleurs sur l’absence d’autres organismes comme la sienne.
À certains égards, il indique que ceux qui étaient présents ne reflétaient pas nécessairement la globalité de la communauté réelle des locuteurs du français en Alberta. Une déduction appuyée par les chiffres de Statistique Canada puisqu’en 2021, plus de 258 330 personnes en Alberta connaissent le français, mais seulement 64 855 l’identifient comme leur langue maternelle.
Les personnes qui parlent le français comme seconde langue sont souvent oubliées. «La communauté […] est plus grande que la communauté francophone*», décrit le directeur général. Selon lui, «c’est nécessaire pour cette communauté d’avoir une voix égale» dans la modernisation de la Loi sur les langues officielles.
Michael Tryon ajoute que même dans les programmes d’éducation, il existe un nombre plus élevé d’élèves albertains inscrits dans les programmes de français langue seconde que dans les écoles francophones. Ainsi, pour l’année scolaire de 2019-2020, 147 513 élèves étaient inscrits à un programme de français langue seconde, alors que moins de 10 000 jeunes fréquentaient les écoles francophones.
Mais «ce n’est pas une compétition entre les écoles francophones et les écoles d’immersion», rassure M. Tryon. Il souhaite simplement une reconnaissance des programmes, des services et des acteurs du français langue seconde de la part des gouvernements et des institutions francophones afin «que l’on soit un partenaire égal».
Des besoins non sans difficultés
Ceci étant dit, la ministre Petitpas Taylor assure «que dans notre dernier budget et notre dernier plan d’action, nous en avons absolument parlé et mis des investissements clés pour nous assurer qu’il y avait de l’argent supplémentaire» dédié à l’ensemble des défis de l’éducation du français langue seconde.
Elle ajoute, «on reconnaît que les statistiques nous démontrent que de plus en plus de gens veulent apprendre cette deuxième langue». Cet intérêt pour la langue française semble aussi présenter certains défis. L’honorable Petitpas Taylor indique qu’il y a une «pénurie de main-d’œuvre pour les enseignants francophones».
Elle insiste, «c’est bien beau que les gens veuillent avoir accès à ces services, mais il faut aussi s’assurer qu’on ait les enseignants nécessaires pour appuyer ce travail-là».
L’éducation en français langue seconde ne représente toutefois qu’un des nombreux enjeux qui troublent l’avenir des communautés francophones en Alberta. Durant les consultations PALO, l’immigration, les services de santé et la justice en français ont également été nommés comme priorités par la ministre et les associations présentes.
Alors que les consultations PALO à travers le pays prennent fin avec le mois d’août, le Parlement du Canada reprendra ses sessions bientôt et les fonctionnaires élus se pencheront davantage sur le projet de loi C-13.