Après des décennies d’attente et d’efforts acharnés, c’est en avril dernier que le nouvel édifice de l’école Citadelle a enfin été inauguré à Legal. Les nouvelles infrastructures font le bonheur des plus petits comme des plus grands, ces derniers s’étant mobilisés pendant plusieurs années pour que le projet de construction aboutisse.
IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO
Ancienne élève dans la «toute première classe de 6e année» de l’école Citadelle, la directrice Lisa Magera voit dans ce nouvel édifice une belle histoire de résilience bigénérationnelle*. Malgré qu’elle-même et d’autres parents de l’école n’aient pas eu accès à des infrastructures modernes lorsqu’ils étaient en âge de scolarité, leurs enfants peuvent maintenant en profiter. C’est notamment le cas de la fille de Lisa, une élève de 8e année.
«Je ne sais même pas si je suis capable de mettre en mots le niveau de fierté que je ressens.». Lisa Magera.
«Je ne sais même pas si je suis capable de mettre en mots le niveau de fierté que je ressens», fait savoir la directrice de l’école. «De pouvoir offrir aux élèves des cours complémentaires, un laboratoire de science, d’avoir un gymnase qui nous appartient, je veux dire… Des fois, on se pince encore», ajoute-t-elle.
La directrice mentionne que les infrastructures scolaires ne devraient jamais être le facteur décisionnel qui motive un parent à envoyer ou non son enfant dans une école francophone. Malheureusement, cette réalité survient trop fréquemment à son goût puisque les écoles francophones ont tendance à être moins modernes que leurs homologues anglophones. «Quand je pense à mon éducation, c’est certain que c’était différent en raison des infrastructures», mentionne-t-elle.
«On veut le mieux pour nos enfants; je ne blâme pas les parents qui envoient leurs enfants ailleurs. Ça peut être difficile de choisir un bâtiment vieux de 80 ans qui est mal adapté quand il y en a un autre neuf à côté.». Steve Daigle.
«On veut le mieux pour nos enfants; je ne blâme pas les parents qui envoient leurs enfants ailleurs. Ça peut être difficile de choisir un bâtiment vieux de 80 ans qui est mal adapté quand il y en a un autre neuf à côté», ajoute le président du Conseil scolaire Centre-Nord (CSCN), Steve Daigle, dont les filles ont fréquenté l’établissement scolaire de Legal au début des années 2000. «C’est pour ça qu’on doit avoir des infrastructures équivalentes», laisse-t-il entendre.
Avec ce nouvel édifice au goût du jour qui accueille actuellement une centaine d’élèves, mais dont la capacité d’accueil est le double, l’école Citadelle espère être en mesure d’attirer plus d’élèves des localités avoisinantes. «On est dans notre campagne de recrutement, on a fait des foires aux alentours de notre communauté pour essayer de nous faire connaître et on espère être en croissance dès l’année prochaine», explique la directrice de l’école, Lisa Magera.
Des années de persévérance
L’école Citadelle, l’un des quatre établissements scolaires fondateurs du CSCN, a vu ses installations évoluer fréquemment au fil des années. À partir de 1997, l’école a pris possession de l’ancien couvent des Soeurs grises, un bâtiment quasi centenaire, vétuste et inadapté aux besoins de l’éducation moderne qui a même dû être rénové puisqu’il abritait auparavant un centre de désintoxication. Quelques années plus tard, des locaux ont été aménagés dans le centre communautaire de Legal pour offrir plus d’espace aux élèves.
En parallèle, les parents de la région ont rapidement commencé à réclamer la construction d’une nouvelle infrastructure mieux adaptée aux besoins des élèves de la maternelle à la 9e année. Sauf que le processus a été «très long» et complexe, explique Steve Daigle. «Malheureusement, c’est la réalité en Alberta. Chaque fois qu’on veut ouvrir une école francophone, ça prend beaucoup de temps et d’implication de la communauté, des parents. Ce n’est pas différent dans ce cas-ci», ajoute-t-il.
«Pour mettre les choses en [perspective], on pourrait dire que nos quinze projets les plus pressants au CSCN seraient tous des numéros un sur la liste des conseils scolaires anglophones.». Steve Daigle.
Comme le réseau scolaire francophone de l’Alberta a accumulé du retard dans la modernisation de ses infrastructures, le CSCN a dû faire des choix «déchirants» en priorisant d’autres projets de construction «plus urgents» avant celui de Legal, explique le président. «Pour mettre les choses en [perspective], on pourrait dire que nos quinze projets les plus pressants au CSCN seraient tous des numéros un sur la liste des conseils scolaires anglophones», analyse-t-il.
C’est finalement en 2019 que le projet d’environ 15,5 millions de dollars a été approuvé par le gouvernement albertain. Une extension pourrait éventuellement être construite pour accueillir les élèves de 10e à 12e année qui fréquentent, pour l’instant, l’école Alexandre-Taché à Saint-Albert.
Glossaire – Bigénérationnel* : relatif à deux générations