En mai 2022, le gouvernement de l’Alberta s’est engagé à verser 110 millions de dollars au cours des trois prochaines années pour soutenir le bien-être de tous les élèves de la province dans leur cadre scolaire. Cette enveloppe budgétaire comprend des fonds qui peuvent notamment être alloués à des projets liés à la santé mentale et à des évaluations spécialisées réalisées par des professionnels de la santé, explique le ministre de l’Éducation, Demetrios Nicolaides, dans un communiqué envoyé à la rédaction.
«Les conseils scolaires, y compris les quatre autorités scolaires régionales francophones, sont responsables de la gestion de leurs ressources afin de répondre le mieux possible aux besoins de leurs élèves, écoles et communautés», signale-t-il.
Impossible de savoir si la somme allouée aux conseils scolaires francophones serait suffisante pour leur permettre de mettre sur pied un programme de prévention en santé physique. Néanmoins, il semble que la norme dans les écoles albertaines depuis plusieurs années soit de collaborer avec les services externes de la santé publique comme Alberta Health Services (AHS) plutôt que d’instaurer des programmes internes.
Cette stratégie permet d’accueillir périodiquement des infirmières pour les vaccinations. Il est évident que ces visites ne sont pas axées sur la prévention, mais elles coûtent beaucoup moins cher aux établissements scolaires qu’une infirmière en résidence.
«On a une infirmière de la santé publique qui est associée à chaque école et qui peut répondre à des questions. Mais c’est plus pour faire le lien avec la santé publique s’il y a une éclosion de gastro ou de poux, par exemple. Au niveau des services pour les élèves, il n’y a pas d’infirmière», confirme Antoine Bégin, le coordonnateur des communications pour le Conseil scolaire Francosud.
Des changements sont envisageables
En 2012, l’ancien ministre de l’Éducation, Thomas Lukaszuk, avait entrepris en vain de revitaliser les services infirmiers scolaires. Son initiative visait à créer des infirmières en résidence capables d’assister les enseignants dans les domaines de l’éducation sexuelle et de la nutrition, mais aussi de détecter les signes précurseurs d’intimidation et de maltraitance.
Le directeur général du Conseil scolaire Centre-Nord (CSCN), Robert Lessard, verrait du bon à ce qu’une telle initiative soit initiée à nouveau, du côté de la francophonie. «C’est certainement quelque chose que l’on envisagerait. Ça pourrait être très utile d’avoir un programme de la sorte. On pourrait même avoir des rotations entre les écoles où il y a moins d’élèves», témoigne-t-il.
En outre, le directeur mentionne que certaines infirmières auraient la capacité d’effectuer une forme de prévention, à tout le moins, en «guidant ou en référant les jeunes au système de santé s’ils ont des besoins spécifiques», note-t-il.
Encore mieux, un tel projet pourrait naître d’une collaboration avec les étudiants du baccalauréat bilingue en sciences infirmières du Campus Saint-Jean, suggère Robert Lessard. Cette approche permettrait aux élèves du primaire et du secondaire de recevoir des soins dans leur langue, une denrée qui se fait de plus en plus rare en Alberta.
«À ce que je sache, il y a un programme (…) contingenté à l’Université de l’Alberta. On sait qu’il y a plusieurs francophones qui sont diplômés de ce programme, on serait très ouverts à une forme de collaboration de la sorte. Ce serait extraordinaire d’avoir un service supplémentaire en français dans nos écoles», témoigne le directeur général du CSCN.
Mais avant qu’un tel programme puisse prendre forme, le conseil scolaire devra poursuivre sa «précieuse» collaboration avec Alberta Health Services (AHS). «En attendant, on peut appeler ou solliciter de l’aide externe au besoin quand on a des élèves qui ont des besoins spécifiques. Mais cet appui est ponctuel, sur des cas sévères, où on doit impliquer des équipes multidisciplinaires pour aider l’élève», conclut Robert Lessard.
Glossaire – Ponctuel : peu fréquent, occasionnel