Les sept ateliers proposés par le RSA, et financés par le programme Nouveaux Horizons pour les aînés d’Emploi et Développement social Canada, visent à certifier des aînés bénévoles comme «champions de la santé cognitive», explique la coordonnatrice du projet et agente-santé, Céline Bossé.
«On veut [créer] une communauté bienveillante, encourager le support mutuel et former des champions sur le terrain, dont des aînés capables de [sensibiliser] leurs amis et leurs proches à la santé cognitive. Ils seront en mesure de trouver les mots justes pour les inciter à consulter un médecin, si nécessaire», explique-t-elle.
La formation compte cinquante participants parmi lesquels figurent de nombreux aînés, mais aussi des professionnels de la santé, des partenaires de soins, ainsi que des individus travaillant avec des aînés. Malgré une moyenne d’âge dépassant les cinquante ans, elle s’adresse à tous, souligne Céline. «Ça concerne tout le monde. C’est important d’être informé. Premièrement, ça déstigmatise la maladie et ça nous permet de prendre des actions pour ralentir l’apparition des premiers symptômes», note l’agente-santé du RSA.
Les séances aborderont divers aspects de la santé cognitive, notamment la reconnaissance des facteurs de risque et de protection, l’état des connaissances sur les traitements possibles, la navigation du système de santé, ainsi que l’impact de la maladie sur les proches. Des experts, tels que des médecins et des infirmiers, seront invités à fournir des informations factuelles.
Lors du premier rendez-vous, le professeur David Vergote, du Campus Saint-Jean, qui a effectué des recherches sur les mécanismes à la base des maladies neurodégénératives et sur le vieillissement cognitif au cours de son postdoctorat, a notamment souligné l’importance de prendre soin de la santé vasculaire. Les taux élevés de cholestérol, la mauvaise circulation, le diabète et l’hypertension représentent tous des facteurs de risque pour les troubles cognitifs.
«Les maladies cardiovasculaires influencent la connexion avec les synapses et ça peut avoir des conséquences sur la capacité de réserves cognitives. Avec le temps, ça peut avoir un impact négatif sur le fonctionnement du cerveau», résume Céline Bossé.
C’est pour cette raison, entre autres, qu’il ne faut pas «partir en panique» dès l’apparition de symptômes cognitifs. «Le bouton panique et la stigmatisation font en sorte qu’on pense tout de suite à l’Alzheimer, mais on peut avoir des troubles de mémoire pour d’autres raisons, en période de stress, quand on manque de sommeil, etc.», ajoute-t-elle.
La peur de l’inconnu
Reste que les troubles cognitifs suscitent souvent la crainte, en particulier chez les personnes vieillissantes, avance Stella Bergeron, une des participantes de l’atelier. «L’idée de perdre son autonomie, ça fait peur. De ne plus être capable de prendre ses propres décisions, de devenir un boulet pour autrui», explique-t-elle. Plutôt que d’ignorer cette réalité, elle encourage les aînés à prendre le contrôle de leur santé cognitive.
«Il ne faut pas fermer les yeux et remettre à plus tard. Moi, je trouvais ça important de développer des outils pour faire face à ces enjeux-là qui peuvent autant m’ arriver à moi qu’à des gens de mon entourage et prévenir des problèmes de santé. En étant outillé, on devrait être capable de faire face à ça plus sereinement», précise-t-elle.
Celle qui occupe les fonctions de présidente pour la Société franco-canadienne de Calgary et de vice-présidente du Club de l’Amitié de Calgary estime que la formation lui permettra d’acquérir des connaissances essentielles qu’elle pourra réutiliser pour prendre soin des aînés sur le terrain, dans ses fonctions au service de la communauté.
Elle évoque d’ailleurs plusieurs incidents qui ont eu lieu en sa présence, mais qui auraient pu être évités si une intervention plus rapide avait eu lieu. Une situation qui évoluera favorablement grâce aux compétences qu’elle acquerra, elle espère. «Nous, quand on organise des événements ou qu’on travaille avec des aînés, c’est important qu’on puisse détecter les changements dans leur comportement, qu’on puisse identifier les signes avant-coureurs et qu’on n’attende pas de trouver des gens en situation de détresse ou dans des situations non sécuritaires pour agir», souligne Stella Bergeron.
En cas de démence ou d’Alzheimer, un dépistage précoce peut contribuer à ralentir la progression de la maladie. C’est pourquoi il est important de reconnaître les premiers signes de troubles cognitifs, explique, pour sa part, le directeur général de la Fédération des aînés franco-albertains (FAFA), David Caron.
«On veut que les aînés soient vigilants par rapport à ça. Pour eux-mêmes, mais aussi s’ils ont des gens proches d’eux qui semblent montrer des signes», mentionne-t-il. Il ajoute que dans ce contexte, la formation du RSA est plus que «pertinente». «C’est génial que cette initiative ait été mise en place», affirme-t-il.
Glossaire – Synapse : Zone qui se situe entre deux neurones et qui assure la transmission des informations de l’une à l’autre