Les troubles anxieux sont les problèmes de santé mentale les plus courants chez les enfants au Canada. D’après la psychothérapeute et directrice du soutien à la famille du CDAF, Sophie Gentilini, des modes d’intervention doivent être mis en place rapidement lorsqu’un enfant souffre d’épisodes de stress afin que cette problématique ne se répercute pas à l’âge adulte.
«Plus on commence tôt, plus on fait de la prévention, mieux les enfants apprennent à s’autoréguler. Ils auront donc tendance à moins souffrir d’enjeux de santé mentale plus tard dans leur vie. C’est tout l’intérêt du programme», explique-t-elle.
Depuis la pandémie de COVID-19, Sophie observe une prévalence encore plus marquée du stress chez les enfants. De ce fait, il est d’autant plus important pour les parents et les éducateurs d’être en mesure d’en repérer les principaux signaux d’alarme, dit-elle.
«Ça peut être difficile de remarquer les symptômes, car il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte. Les émotions vives et les comportements cachent parfois autre chose. Pour expliquer ces nuances, on prend souvent l’expression de la colère en exemple puisqu’elle est associée au stress chez l’enfant», illustre la psychothérapeute.
En cas de doute sur ce qui se camoufle derrière une crise de larmes ou de colère, il peut être bénéfique d’encourager l’enfant à mettre des mots sur ce qu’il ressent et d’offrir une écoute active. «On veut aider les enfants à comprendre eux-mêmes ce qui se passe à l’intérieur de leur corps», précise Sophie.
Plusieurs activités peuvent également être intégrées au quotidien afin de favoriser des moments de détente pour les enfants qui vivent des épisodes de stress. «Ça peut être d’étirer les muscles, de faire un petit peu de yoga ou un exercice de [scan corporel] qui permet de se concentrer sur les sensations du corps», ajoute la directrice du soutien à la famille du CDAF.
L’objectif fondamental est d’aider les enfants à acquérir une meilleure maîtrise de soi afin qu’ils puissent gérer leurs émotions difficiles et résister à leurs impulsions même en l’absence de leurs parents ou éducateurs.
Le programme Nos enfants et le stress sera offert pour les parents ou les éducateurs d’âge scolaire par le CDAF au cours des prochains mois, a précisé Sophie Gentilini dans une entrevue avec la rédaction.
Adapter ses méthodes d’intervention
La directrice de la garderie francophone CREFL à Lethbridge, Stacey Demedeiros, remarque déjà des effets bénéfiques du programme proposé par le Centre d’Appui Familial. Six membres de son personnel ont participé aux ateliers en français, une particularité très «apprécié» par l’équipe.
«C’était une super occasion pour nous d’améliorer nos stratégies d’intervention pour offrir plus de soutien aux enfants qui vivent du stress. Je pense que ça nous a ouvert les yeux sur les petites choses qui peuvent déclencher des émotions intenses chez les enfants au quotidien», témoigne-t-elle.
Des situations plutôt banales aux yeux des adultes peuvent en effet engendrer du stress chez les plus jeunes comme le fait de ne pas avoir accès à des jouets pendant une période de la journée ou de transitionner entre deux activités. «On fait plus attention qu’avant. Si on va jouer à l’extérieur, on essaie de prévenir les enfants pour qu’ils puissent s’y préparer mentalement», note Stacey.
Ces techniques ne sont évidemment pas «infaillibles», ajoute-t-elle, et les crises ne peuvent pas toujours être évitées. Par contre, les éducateurs peuvent s’efforcer de «valider les émotions» des enfants lorsqu’un surplus de stress s’accumule et d’adopter une approche «douce et patiente» dans leurs interventions.
Glossaire – Camoufler : Se dissimuler, se cacher