le Samedi 7 septembre 2024
le Jeudi 11 juillet 2024 12:26 Santé

Une nouvelle directrice générale pour le Réseau santé Alberta

Marie-Claude Côté est la nouvelle directrice générale du RSA. Photo : Courtoisie
Marie-Claude Côté est la nouvelle directrice générale du RSA. Photo : Courtoisie
Lors de son assemblée générale annuelle (AGA) le 20 juin dernier, le Réseau santé Alberta (RSA) a présenté sa nouvelle directrice générale, Marie-Claude Côté. La rédaction a voulu s’entretenir avec cette dernière afin d’en connaître davantage sur sa vision et ses priorités en matière d’accès à la santé en français.
Une nouvelle directrice générale pour le Réseau santé Alberta
00:00 00:00

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

Le Franco : Vous avez passé 24 ans dans le système de santé de l’Alberta, occupant divers postes allant d’ambulancière paramédicale à consultante en qualité clinique pour Alberta Health Services. Comment votre parcours vous a-t-il préparée à assumer le rôle de directrice générale du Réseau santé Alberta (RSA)?

Marie-Claude Côté : Je dirais que mon parcours professionnel et aussi mon parcours bénévole m’ont bien préparée pour cet emploi. 

J’ai eu l’occasion d’apprendre et de connaître le système de santé de la province au grand complet, surtout dans mes fonctions comme consultante en accréditation. J’avais plusieurs portfolios provinciaux. J’ai aussi eu l’opportunité de travailler dans les hôpitaux, à McLennan en particulier, alors qu’on était encore au sein de Peace Country Health (avant que AHS soit formé). J’ai assisté aux changements dans le système de santé, je comprends bien tout ça.

Au niveau bénévole, j’ai travaillé sur plusieurs conseils d’administration pour différents groupes, que ce soit dans le sport ou dans les écoles francophones. D’ailleurs, mes enfants ont étudié dans les écoles francophones de Falher et de Peace River. Récemment, quand j’étais au Ghana, comme présidente de l’organisation North American Women’s Association of Ghana, j’ai représenté une soixante de femmes de partout dans le monde. 

Le Franco : Dans votre parcours professionnel, qu’est-ce qui vous a le plus sensibilisée à la question de l’accès à des soins en français? 

M.-C. C. : Plusieurs choses! Je suis en Alberta depuis 1994, je suis arrivée comme monitrice de langue à Bonnyville de Montréal. Au tout début de ma carrière, au début des années 2000, j’étais technicienne ambulancière à McLennan et j’avais l’occasion de parler en français très souvent avec les patients. On desservait Falher, Girouxville et le reste de la région de [Smoky River].

J’ai aussi travaillé comme préposée au centre de soins continus, à l’hôpital de McLennan. Quand quelqu’un sur le plancher parlait français, ça faisait toute la différence du monde pour nos patients. C’était tellement plus facile pour eux, ils adoraient ça. Quand ils me voyaient le matin, ils voulaient s’assurer que je travaille de leur côté. C’était très bien reçu. 

Le Franco : Vous utilisez le passé. Est-ce parce que les services en français sont moins bien reçus aujourd’hui?

M.-C. C. : On voit moins de gens qui parlent en français dans les hôpitaux. Ça rend peut-être les choses plus difficiles.  

Le Franco : Quelle est votre vision pour le RSA et quelles sont vos principales ambitions en tant que nouvelle directrice générale?

M.-C. C. : Une des raisons pour lesquelles j’étais vraiment très emballée de prendre le poste, c’est parce que les projets qui sont sur la table actuellement sont extrêmement intéressants. Je les appuie à 150%. J’ai vraiment envie de travailler dans la direction que Paul Denis a entreprise. Ça m’inspire. 

J’espère que les projets que l’on va accomplir avec la nouvelle entente vont vraiment inspirer les francophones et les organisations francophones.

Le Franco : Justement, votre prédécesseur Paul Denis transitionne de son côté vers un rôle de représentation politique. Comment envisagez-vous la collaboration et la division des tâches avec lui?

M.-C. C. : J’envisage la collaboration de manière très positive. Je suis très chanceuse que Paul reste avec l’équipe. C’est une personne extrêmement respectée. C’est le mentor dont j’ai besoin pour faire mon travail de manière positive. L’équipe va probablement grandir et les tâches seront divisées à ce moment, au fur et à mesure que les projets vont se concrétiser. 

Lors de l’AGA, Paul Denis et Isabelle Laurin, directrice générale de l’ACFA, ont participé à une cérémonie de signature honorifique avec Kim Simmonds, sous-ministre adjointe de la division des politiques stratégiques et de la performance du ministère de la Santé. Ce moment visait à souligner leur entente historique de 5,4 millions de dollars sur trois ans.

Ce financement appuiera de nombreux projets, dont la mise en place de stratégies pour développer l’offre active et la demande de services de santé en français en Alberta. Il permettra également le développement et l’expansion des services de santé en français à Edmonton, Calgary et dans les régions rurales. De plus, il appuiera les professionnels de la santé souhaitant améliorer leur maîtrise du français dans leur discipline respective et assurera la continuité du projet TAO Tel-Aide, une ligne empathique en français disponible 24/7.

Le Franco : Quelles seront vos priorités pour améliorer l’accès et la prestation des soins de santé en français en Alberta?

M.-C. C. : Il faut inspirer les gens à demander des soins en français pour que le système puisse découvrir la demande. Il faut encourager les professionnels de la santé à avoir le courage de travailler en français et leur donner les outils dont ils ont besoin pour le faire.

Le Franco : Suite au travail de terrain que vous avez effectué pendant tant d’années, identifiez-vous certains déserts médicaux en français, notamment dans les localités rurales? 

M.-C. C. : Il y en a partout. Au niveau rural, oui, mais même dans les centres urbains. Ce qui est bien, c’est qu’on a été entendus sur ces manques-là. On a des gens qui nous écoutent et il faut en prendre avantage. On est à un point tournant.

Le Franco : Quels sont les défis qui guettent le RSA?

M.-C. C. : Nous en parlions plus tôt, mais on peut se demander si tous les francophones nous connaissent dans la province. La réponse est : pas encore. Je pense que c’est un défi. 

Un autre enjeu, c’est de trouver des moyens de rejoindre les gens justement [dans l’objectif] de se faire connaître. Les jeunes de nos jours n’écoutent plus vraiment les nouvelles en français sur le câble, il n’y a pas d’annonces publicitaires… Quels sont les médias et les outils que l’on peut utiliser pour rejoindre plus de gens? Il faut trouver des manières créatives et originales de le faire.

Le Franco : Lors de l’AGA, certains membres ont exprimé des préoccupations quant à l’amélioration concrète de l’accès aux soins de santé en français en Alberta. Que répondez-vous à ce genre de préoccupations? 

M.-C. C. Premièrement, je suis à l’écoute. À travers les projets qu’on a, je porte attention aux commentaires que l’on reçoit pour voir si on répond vraiment aux besoins de la population. S’il y a des gens qui veulent me rencontrer, rencontrer l’équipe pour nous donner des idées, on est ouverts. Évidemment, on ne peut pas tout faire, mais on est à l’écoute des gens et on veut personnaliser notre approche.

Glossaire : Honorifique : Qui honore sans apporter d’avantages matériels