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«La fumée, c’est un irritant pour tous les poumons, mais c’est pire pour les gens qui ont des maladies des voies respiratoires comme de l’asthme ou la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC)», explique le pneumologue Michael Braganza qui se spécialise en médecine du sommeil et dans les soins respiratoires des maladies neuromusculaires à Calgary.
Au quotidien, la majorité de ses consultations concerne ces deux conditions, ainsi que la toux, un symptôme courant qui affecte une grande portion de la population et peut être causé par de l’asthme, des allergies saisonnières, un virus ou même du reflux gastrique. Mais d’autres cas demeurent inexpliqués. «Les femmes entre l’âge de 40 et 60 ans ont tendance à souffrir plus de toux que d’autres groupes pour des raisons qui ne sont pas bien comprises», précise le spécialiste.
Entre 20 et 25 pour cent de son activité est également dédiée à l’apnée du sommeil, cette condition caractérisée par des arrêts répétitifs du flux respiratoire, souvent associée à l’obésité et à d’autres facteurs morphologiques. Comme pour d’autres troubles traités par le pneumologue, la sévérité des symptômes détermine le choix du traitement.
«Entre autres, on parle de personnes qui ont une mauvaise qualité de sommeil et qui se sentent très fatiguées pendant la journée. Souvent, ils doivent utiliser un appareil pour mieux dormir», indique-t-il.
Puisque la fumée des feux de forêt peut aggraver ces conditions en affaiblissant et en irritant les poumons, le Dr Braganza suggère à la population atteinte de rester à l’intérieur, de fermer les fenêtres et d’utiliser un humidificateur, ainsi qu’un purificateur d’air. «Ça peut aider», mentionne le Dr Braganza.
Les personnes qui souffrent de maladies des voies respiratoires doivent aussi s’assurer d’éviter les gens qui sont malades puisqu’ils sont plus à risque «d’infections respiratoires».
Qui dit feu dit fumée
Jada Pincemin, une résidente de Cochrane qui souffre d’asthme depuis toute jeune, doit prendre les précautions nécessaires lorsque la fumée des incendies se propage à proximité des Rocheuses. «J’essaie de ne pas faire de promenades à l’extérieur, car je suis essoufflée même en étant immobilisée à l’extérieur. En général, si je dois sortir [pour faire des commissions], je me sens très fatiguée, ma gorge se resserre et mes poumons sont très secs», explique-t-elle.
Si la région où elle réside a été pour le moment épargnée par la fumée, la jeune femme espère que cette tendance se maintiendra afin de ne pas subir les répercussions «désagréables» qu’elle a ressenties l’année dernière lorsque Cochrane a été enveloppée par une épaisse couche de fumée pendant plusieurs jours.
À ce moment, Jada, qui utilise déjà sa pompe tous les jours pour gérer ses symptômes, a dû utiliser sa médication au-delà de ce qui est recommandé par son médecin puisque la qualité de l’air était trop mauvaise. «Je n’avais pas le choix pour pouvoir fonctionner», admet-elle.
Naviguer en terrain connu
À Fort McMurray, où le plus grand des brasiers actifs fait rage depuis le 10 mai dernier, plusieurs patients du Dr Appolinaire Katumba qui sont atteints de maladies chroniques, telles que l’asthme et la MPOC, ont augmenté la fréquence de leurs consultations au cours des dernières semaines.
«On était préparés cette fois-ci, on sait comment agir maintenant qu’on a vécu les feux de 2016. Les patients à risque ont écouté les recommandations qu’on leur a données et ils ont été vaccinés contre la grippe et la COVID-19. Ils viennent surtout chercher la prescription de leurs médicaments», souligne-t-il.
Tout comme le Dr Braganza, le médecin de famille conseille à ses patients d’éviter autant que possible l’exposition à la fumée. S’ils doivent absolument sortir, il recommande le port du masque. «Mais dans l’ensemble, la meilleure solution est vraiment de limiter les sorties», conclut-il.
Glossaire – Morphologique : relatif à l’aspect du corps humain