Scientifique de l’Université de Calgary, Dustin Pearson est le gestionnaire des opérations de recherche pour l’étude nationale Evict Radon. Ses travaux portent sur la biologie de l’exposition aux particules alpha et sur l’étude de la dynamique du radon dans l’environnement bâti résidentiel. Dustin Pearson a été l’analyste principal de l’Enquête pancanadienne sur le radon 2024 et ses travaux sont actuellement appuyés par la Société canadienne du cancer.
Pour les non-fumeurs, le principal facteur augmentant le risque de développer un cancer du poumon est l’exposition au radon résidentiel. Le radon est un gaz radioactif invisible, inodore et incolore. Selon le dernier rapport de 2024 sur le radon, une maison canadienne sur cinq présente des niveaux dangereux.
Une cause de cancer
Le cancer du poumon n’est pas une maladie affectant seulement les individus qui consomment du tabac. Si vous avez des poumons, vous pouvez développer un cancer du poumon.
En effet, deux cas de cancer du poumon sur cinq ne sont pas liés au tabac; ces cancers sont donc dûs à une combinaison de facteurs, incluant notre génétique, nos antécédents familiaux, notre exposition à des sources carcinogènes environnementales et au hasard. Pour la plupart des Canadien.ne.s, l’exposition au radon résidentiel est la première cause du cancer du poumon dû à l’environnement.
Qu’est-ce que le radon?
Le radon est un gaz radioactif qui se forme par des processus naturels provenant d’éléments radioactifs, comme l’uranium et le radium, présents dans la terre. Il est un composant de ce qu’on appelle les « gaz du sol ». Ces gaz se déplacent rapidement des profondeurs de la terre jusqu’à la surface où ils se dispersent dans l’air. Normalement, ces gaz ne nous affectent pas, car leur concentration est très faible. Malheureusement, les bâtiments qui sont construits sur le sol, et notamment nos résidences, peuvent potentiellement contenir et retenir ces gaz de sol à des niveaux de concentration élevés.
Un rayonnement unique
Une fois formé, le radon subit une désintégration radioactive en quelques jours et émet un type de radiation qui s’appelle «particules alpha». Ce type de radiation est extrêmement efficace pour endommager les cellules de nos poumons et nos cellules ne sont ensuite plus fiables pour réparer ce type de dommage.
En comparaison au rayonnement gamma ou X, les particules alpha sont beaucoup plus cancérigènes, car les dommages provenant de ces particules sont beaucoup plus complexes et concentrés. Quand nous respirons l’air résidentiel à haute concentration de radon, le gaz émet des particules alpha qui endommagent nos poumons, ce qui augmente donc le risque de cancer.
Le radon chez nous
Le radon est un problème créé par l’homme. En effet, à cause de notre façon de construire nos bâtiments, le radon vient de l’environnement créé dans nos habitations. C’est pour cette raison que l’avis de Santé Canada est le suivant : peu importe où nous habitons, il est possible d’avoir un niveau élevé de radon. La seule façon pour le savoir, c’est de tester son habitation.
Pour en savoir plus, consultez le rapport 2024 à rapportpancanadienradon.ca. Pour participer à l’étude nationale Evict Radon, tester votre lieu de résidence et obtenir de plus amples renseignements, visitez evictradon.org (site web disponible en français).
L’ampleur du problème du radon
Pour mieux comprendre l’exposition des Canadien.ne.s au radon, l’Étude nationale Evict Radon a travaillé en collaboration avec Santé Canada, et plusieurs autres associations de santé publique, et a recueilli près de 70 000 tests de radon résidentiels pour publier l’Enquête pancanadienne sur le radon 2024.
Dans ce rapport, on peut constater que près d’une maison canadienne sur cinq présente des niveaux supérieurs à la limite de 200 becquerels par mètre cube (200 Bq/m3) fixé par Santé Canada.
En tout, on estime qu’il y a 10,8 millions de Canadien.ne.s qui vivent dans des résidences où le radon augmente leur risque de développer un cancer du poumon. Le lien entre le niveau de radon et le risque du cancer est clair. Pour chaque 100 Bq/m3 au radon, le risque relatif de développer un cancer du poumon augmente de 16%.
Dans les Prairies, ce serait une maison sur cinq qui présente des niveaux élevés de radon. L’étude montre que le risque d’avoir un haut niveau de radon évolue en fonction de l’emplacement urbain ou rural des villes.
En effet, dans les Prairies, un quart des bâtiments résidentiels situés en milieu rural a des risques de radon élevés, alors que c’est un bâtiment résidentiel sur six en milieu urbain.
Que faire contre le radon?
Personne ne peut connaître son exposition au radon sans la mesurer. Même si les voisins ont des niveaux élevés, cela ne prédit pas l’exposition des individus.
En fait, chaque bâtiment résidentiel est unique (qu’il soit neuf ou ancien), de la même manière que les personnes qui y habitent sont uniques, alors le potentiel d’une maison à retenir le radon est également unique.
Pour effectuer un test fiable, il faut tester l’air qu’on respire régulièrement, pendant au moins 91 jours. Et si un test de radon présente des résultats élevés, il existe une solution, appelée «l’atténuation du radon».
Ce système d’atténuation comprend un tuyau et un ventilateur installés dans le sous-sol ou à l’étage le plus bas d’un bâtiment résidentiel par des professionnels certifiés par le Programme national de compétence sur le radon au Canada (PNCR-C).
Ce système élimine les gaz du sol qui sont coincés sous le bâtiment et les évacue à l’extérieur.
Honnêtement, le radon peut être effrayant, mais il y a de l’espoir.
C’est facile d’effectuer un test et il existe une solution efficace à une exposition carcinogène à ce gaz.
Glossaire – Carcinogène : qui cause le cancer