Une première rencontre en 2025 se tiendra ce samedi à la Garnison d’Edmonton. Il s’agira de la 6e consultation dans le cadre de cette initiative majeure de l’ACFA visant à recueillir les perspectives des francophones à travers la province, face à leurs besoins en santé, tant physique et mentale. Les consultations publiques, élément clé de ce projet, «permettent d’aller rejoindre les gens là où ils sont», explique Isabelle Laurin, la directrice générale de l’ACFA. 

La grande taille de la province et la dispersion des communautés francophones rendent cette approche essentielle. Les soins de santé impliquent souvent des questions de déplacement. Certains ne peuvent pas accéder physiquement à des services essentiels. Pour la directrice générale, il est important que ces consultations incluent divers groupes démographiques et sociaux, notamment les aînés, les familles immigrantes, et la communauté LGBTQ2+, pour assurer une vision inclusive des besoins en santé.

Avoir des chiffres probants

Soutenu dans sa démarche par le Réseau Santé Alberta et le gouvernement fédéral, il était important pour l’ACFA provinciale d’avoir des données actualisées : «Nous manquions de données probantes pour argumenter auprès des décideurs. Le gouvernement conservateur insiste sur des données régionales solides», précise Mme Laurin.

L’objectif est de recueillir des données précises qui reflètent les réalités locales et qui pourront alimenter les discussions avec un futur comité multipartite sur la santé, attendu dans les prochains mois. «Nous voulons porter la voix des francophones sur le terrain, et cela passe par une compréhension approfondie des besoins régionaux», ajoute-t-elle. Cette voix apparaîtra dans des rapports préliminaires, avant la parution du rapport final prévu pour 2027 et qui sera présenté au gouvernement de la première ministre Danielle Smith ou de son successeur.

L’inclusivité est au cœur de cette initiative. «Nous avons voulu créer des espaces sécuritaires pour des groupes souvent marginalisés, comme la communauté LGBTQ2+, qui peut rencontrer des difficultés spécifiques dans le système de santé», explique Isabelle Laurin.

De même, les consultations pour les communautés immigrantes, menées en partenariat avec notamment le Centre de bien-être et de prévention pour les Afro-Canadiens de l’Alberta (CBEP), visent à comprendre les défis uniques auxquels elles font face. Les aînés, qui peuvent être vulnérables en matière de soins à domicile et palliatifs, reçoivent également une attention particulière grâce à des consultations dans les manoirs. Les militaires et leurs familles sont une autre communauté visée par le processus de consultation.

Un exercice qui promet

Paul Denis, responsable des relations gouvernementales au sein du Réseau santé Alberta (RSA), a pu assister à Edmonton à une récente consultation organisée par l’ACFA. Il a particulièrement apprécié le format participatif et consultatif. Celle à laquelle il a participé avait réuni une trentaine de personnes réparties en petits groupes autour d’une table. M. Denis note que cette formule favorise la discussion : «Chaque table de cinq ou six personnes permet une meilleure participation, notamment des jeunes.» Ces consultations permettent de discuter d’innovations comme la télémédecine, qui permet ainsi de répondre aux besoins des francophones dans des régions plus reculées de l’Alberta.

Pour Paul Denis, il ne fait pas de doute que les données qui seront recueillies au cours de l’exercice «sont essentielles pour influencer les décisions des autorités.» En ce qui concerne l’écoute du gouvernement, M. Denis se montre optimiste : «Nous avons une excellente relation avec le ministère de la Santé, et cette étude fournira des données probantes pour soutenir nos revendications. »

Avec le soutien du RSA, l’engagement du gouvernement ainsi que les diverses ACFA régionales, ce projet pourrait transformer l’accès à des services de santé adaptés pour les francophones en Alberta. C’est ce que souhaite évidemment l’ACFA. «Si nous pouvions rejoindre entre 300 et 500 personnes au total, nous serons satisfaits», estime Isabelle Laurin. Les consultations incluent des rencontres en personne, mais aussi virtuelles pour maximiser l’accessibilité. Le calendrier des consultations est disponible sur le site de l’ACFA.