«Le coût de la vie était devenu trop cher pour nous à Calgary et comme on avait des amis à Lethbridge, on s’est dit que ce serait le temps d’y déménager. On est très heureux de notre décision», résume Ramiro Najera, un père de famille qui s’est relocalisé dans le sud de la province avec sa femme, Myrna, et ses enfants au début de l’année 2024.
Comme tant d’autres, leur départ a été précipité par une hausse soudaine et considérable de leur loyer qui les a obligés à revoir leur ordre de priorités. «De notre côté, c’était une augmentation de 60% qui nous aurait amenés à un loyer de 2100$ par mois», relate-t-il.
Heureusement, le couple, qui travaille dans les secteurs du service à la clientèle et de la restauration, avait la souplesse nécessaire pour décrocher un nouvel emploi dans sa nouvelle localité. Ils ont également réussi à dénicher un loyer affiché à 1300$, un montant similaire à ce qu’ils déboursaient autrefois dans la métropole albertaine. «J’ai entendu toutes sortes d’histoires par rapport à l’augmentation des loyers, mais c’est différent quand ça vous impacte directement», lance Ramiro.
Malgré le déracinement, l’intégration dans leur nouvelle communauté se déroule plutôt bien pour les Najera. Lethbridge offre moins d’activités et est «beaucoup plus tranquille» que Calgary, mais cela permet à la famille de faire des économies. «Les magasins ferment à vingt-et-une heures, alors on n’a même pas le temps de sortir et de dépenser l’argent que l’on n’a pas. C’est bien, c’est un endroit très familial», mentionne-t-il avec une pointe d’humour.
Une tendance en croissance
La courtière immobilière Nadine Faule, qui se spécialise dans la relocalisation de francophones à Calgary, voit de plus en plus de clients s’éloigner de Calgary pour trouver du logement. Lethbridge, Medicine Hat et Drumheller sont parmi les destinations les plus prisées ces temps-ci, tandis que les régions environnantes de la métropole, comme Cochrane ou Okotoks, deviennent également de moins en moins accessibles en termes d’abordabilité.
«Le [fossé] entre les prix à Calgary et ceux de ses environs s’est considérablement réduit. C’est pourquoi les gens cherchent maintenant à s’éloigner encore davantage pour trouver des prix abordables», résume-t-elle.
Si certains locataires fuient Calgary pour trouver des loyers moins onéreux en région, les acheteurs emboîtent également le pas, face à la courbe de croissance phénoménale des prix des maisons. D’après le dernier rapport publié par Royal LePage en avril, le prix moyen des maisons à Calgary a grimpé de 9,7% en un an pour atteindre 676 400 $ au premier trimestre de 2024.
«Les prix ont tellement augmenté dans les dernières années que si les gens ont un budget en dessous de 350 000$ et qu’ils ne veulent pas vivre dans un appartement ou dans le nord-est de la ville, ils ne peuvent juste plus acheter», raconte la courtière.
Evelia Magalí Careaga et son conjoint ont vu cette explosion des prix les exclure du marché au cours des dernières années. Le couple et ses enfants avaient quitté Montréal, il y a deux ans, dans l’espoir de se trouver une maison moins dispendieuse à Calgary, mais l’abordabilité qui les avait attirés s’est presque totalement dissipée depuis.
«Quand on est arrivés, les maisons n’étaient pas trop chères, alors on a décidé d’attendre et de voir si on s’adapterait à la ville avant d’acheter, mais les prix ont complètement basculé depuis. Ça a monté, monté, monté», explique-t-elle.
Se loger vient avec des sacrifices
Le couple envisage désormais de quitter vers Edmonton pour trouver une maison individuelle à un prix décent. Selon les évaluations, ces domiciles se situent à un prix médian de 485 500$ dans la capitale, bien en deçà des 774 000$ auxquels on peut s’attendre à Calgary. Mais leur décision n’est pas encore définitive puisqu’elle exigerait un nouvel exil pour cette famille de quatre.
«Quand on compare le prix des maisons avec quatre chambres, on se rend compte qu’à Edmonton, c’est vraiment plus dans notre budget, mais, moi, je préfère rester ici», explique Evelia.
Il y aurait encore la possibilité d’acheter à Calgary, mais si la famille choisit cette option, elle devra faire de grands compromis sur l’espace et trouver un logement de deux chambres. «J’ai deux enfants et ils vont grandir. Pour le prix que je peux payer, nous n’aurions pas d’autre choix que d’avoir seulement deux pièces et ça ne fonctionne pas sur le long terme», ajoute-t-elle.
Evelia et son conjoint s’accordent jusqu’à la fin mai pour évaluer leurs options, éplucher les offres d’emploi à Edmonton et déterminer ce qui sera le mieux pour leur famille : sacrifier de l’espace ou s’aventurer dans une nouvelle ville. «Quand tu es découragé, tu veux juste partir, mais c’est important de faire ses recherches pour prendre la meilleure décision possible», lance-t-elle enfin.