IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO
Même sa fille ne se souvient pas exactement quand Madeleine Sigur a aidé à cofonder le Club de l’Amitié de Calgary, il y a quelques décennies, soit vers la fin du 20e siècle. Ce dont se souvient cependant Françoise Sigur-Cloutier, c’est que Marguerite y passait tous ses vendredis!
C’était bien avant la pandémie, alors qu’on a soudainement pensé que l’isolement des personnes âgées n’était peut-être pas la meilleure solution, surtout pour des francophones vivant en milieu minoritaire. Marguerite Sigur, elle, avait compris ça bien avant. D’ailleurs, comme le mentionne sa fille Françoise, le nom choisi, Club de l’Amitié, ne fait en rien songer à quelque âge d’or que ce soit.
Pionnière de la francophonie dans l’Ouest canadien, notamment en Saskatchewan et en Alberta, membre de l’Ordre des francophones d’Amérique, à bientôt 80 ans, Françoise Sigur-Cloutier a renoué avec le Club de l’Amitié à son retour à Calgary en 2019. «Tout de suite, je me suis inscrite! Mon mari et moi, on y va pour les soupers thématiques, notamment. Il y a aussi l’opéra, présenté dans des salles de cinéma.»
Le Club de l’Amitié attire plus d’une centaine de membres. Il est associé à la Fédération des aînés franco-albertains (FAFA) et est présidé par Danielle Launière depuis trois ans.
De 55 à 101 ans
Pourquoi 101? Parce que c’est actuellement l’âge de la doyenne des membres du Club de l’Amitié! Mme Launière précise que cette vénérable dame vient pour diverses activités, comme les cartes ou les soupers.
Des cours de danse en ligne ont débuté à la mi-octobre. Mais on peut aussi se rendre au sous-sol de l’église Sainte-Famille – lieu de l’ensemble des activités – pour des ateliers de peinture ou d’écriture. «Vous comprenez qu’on veut attirer le plus de monde possible», confie la présidente, d’où la variété des activités. Et tout ça, en français!
C’est d’ailleurs l’un des éléments qui a amené Benoît Frison à devenir membre du Club de l’Amitié. «C’est sûr que j’ai des amis anglos, mais c’est bien aussi d’avoir des amis francos», confie le septuagénaire qui fait également du bénévolat au sein du club, tout en aimant participer aux promenades ou aux sorties en ski de fond organisées au cours de l’année.
Selon Nadine Lepage, psychologue à Medicine Hat, des regroupements comme le Club de l’Amitié sont primordiaux pour la santé mentale des aînés. Elle rapporte que, selon une étude du National Institute of Ageing, 41% des Canadiens âgés de 50 ans et plus risquent l’isolement social «et jusqu’à 58% d’entre eux ont fait l’expérience de la solitude… ce qui peut avoir des conséquences à la fois mentales et physiques».
Pour la psychologue franco-albertaine, «joindre une association, un club, un groupe communautaire ou un groupe d’activités permet de redonner du dynamisme à la vie sociale et stimule le bien-être physique et mental. Ceci est critique, surtout dans une communauté francophone en situation minoritaire, quand il y a des défis additionnels en tant que risque d’isolement».
Un avenir incertain
Qu’est-ce qui serait à améliorer dans un tel groupe ? Pour sa part, Danielle Launière souhaiterait «continuer d’essayer des choses qui nous font bouger», tout en gardant le côté francophone.
Quant à Françoise Sigur-Cloutier, celle-ci concède que l’ensemble du groupe de Calgary est assez tranquille. En tant que membre, elle aimerait bien «un peu brasser la cage. On pourrait faire une différence si le groupe était plus revendicatif. Mais ils ne sont pas prêts.»
Aussi vice-présidente du Centre d’accueil pour nouveaux arrivants francophones (CANAF), elle a compris que «si on veut recevoir des fonds, il ne faut pas brasser la cage. Soit on a de l’argent et on se tient tranquille. Soit on brasse la cage et on devient encore plus pauvre», pense celle pour qui «tout est possible quand rien n’est sûr».
Glossaire – Doyenne : personne la plus âgée d’un groupe de personnes