IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO
Le 22 octobre 2024, une cinquantaine de personnes de la région de Rivière-la-Paix se sont rassemblées dans le gymnase du centre de la Sagitawa Society, à Peace River, afin de participer à une simulation de la pauvreté.
Cette activité de près de trois heures a été rendue possible grâce à une collaboration entre le Northwest Regional Learning Consortium et le Family and Community Services du comté de Northern Sunrise.
Le but de la simulation était de faire comprendre aux participants les difficultés liées à la pauvreté et de diminuer le pourcentage de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté.
Pauvreté croissante à Peace River
Dans la région de Rivière-la-Paix, le pourcentage de gens vivant dans la pauvreté augmente. Alors qu’en 2018, seulement quatre à cinq personnes restaient au refuge pour sans-abri, il y en a désormais plus d’une vingtaine tous les soirs. Marc Boychuk, un participant à la simulation et conseiller de la ville de Peace River, explique «qu’il y a quelques années, on n’atteignait même pas la moitié des chiffres d’aujourd’hui». Selon un sondage qu’il a effectué, on compte désormais 100 à 150 personnes sans domicile fixe à Peace River et ce chiffre ne tient pas compte du nombre de personnes qui sortent du centre correctionnel.
Il n’est pas toujours facile de situer la pauvreté en milieu rural. «Elle est très bien cachée, affirme le conseiller municipal. Les gens conçoivent des abris mobiles et adoptent des bâtiments abandonnés.» Militant pour les droits des sans-abris, Marc Boychuk croit que la plus grande difficulté est l’accès aux services essentiels et l’appui général de la communauté. Si des groupes existent au sein des communautés rurales pour subvenir aux besoins des moins fortunés, ce sont généralement des groupes de bénévoles avec peu d’expérience. Si les municipalités ont un budget pour appuyer la crise, ce n’est qu’un piètre budget, explique le conseiller municipal.
«Les entités municipales sont limitées dans ce qu’elles peuvent faire pour les moins fortunés. Les municipalités essaient de gérer la pauvreté à différents niveaux, mais nous devons faire davantage. Nous devons trouver la cause de la pauvreté locale et appuyer les organismes qui se concentrent sur la pauvreté», dit-il.
Sachant que la sensibilisation à la pauvreté est très importante, Marc Boychuk est heureux que d’autres membres du conseil de la ville, notamment la mairesse Elaine Manzer, étaient présents à la simulation. Ayant lui-même passé quelques nuits dans la rue dans le passé, il trouve que la simulation est un exercice utile. «Je sais que les gens ont développé une nouvelle compassion et ont compris quelques défis et décisions difficiles que doivent prendre les moins fortunés tous les mois», relate-t-il.
Structure de la simulation
La simulation était divisée en quatre parties. Chaque partie équivalait à une semaine condensée en quinze minutes chacune. Après une heure, les participants avaient vécu un mois de pauvreté.
Au départ, les organisateurs de la simulation ont remis un dossier à chaque participant. Ces dossiers contenaient de l’information au sujet d’une personne à faible revenu. Les participants devaient continuer la simulation en jouant ce personnage, c’est-à-dire en respectant les limites qui lui étaient imposées. Par exemple, l’un d’eux avait reçu le dossier d’un aîné sans emploi qui s’était fait évincer de son appartement. Le participant devait alors prétendre être cette personne âgée tout le long de la simulation.
Dans chaque dossier, quelques billets de transport public étaient remis aux participants. Pour se déplacer d’un endroit à l’autre, que ce soit de leur chaise qui représentait leur maison à une table qui représentait les services communautaires, ils devaient utiliser un billet de transport à chaque fois. Ils devaient s’en procurer de nouveau lorsqu’ils n’en avaient plus.
Alors que tous les participants étaient assis sur des chaises en plein milieu du gymnase, des bénévoles étaient assis à des tables placées tout le long des murs. Chaque table représentait un service essentiel : un employeur général, une école, une station de police, une banque, une épicerie et plus encore.
À la fin de l’activité, les participants et les bénévoles se sont rassemblés en cercle dans le gymnase et ont partagé leur expérience. Tous ont émis des commentaires positifs et ont fait part de leur nouvelle compréhension de la pauvreté.
Garder l’esprit et l’œil ouverts
Rachel Joy Earle, résidente de la région Rivière-la-Paix et bibliothécaire, témoigne que son expérience a été enrichissante. La jeune femme, qui se souvient d’avoir connu la pauvreté pendant son enfance, voulait participer à la simulation afin de développer davantage son empathie et d’apprendre comment les membres de sa communauté perçoivent la pauvreté.
Même si l’activité a été rapide, Rachel Joy Earle est satisfaite de son expérience. «Le niveau de stress que j’ai ressenti m’a frappé, même si c’était juste une simulation», explique-t-elle.
Ayant connu la pauvreté à un jeune âge, Rachel caractérise cette période de sa vie par la confusion, la peur et le manque de ressources. «Bien sûr, [l’activité est] plus facile qu’être véritablement pauvre.» Cependant, le simple fait d’y être et d’être entouré de gens qui ont connu la pauvreté permet d’élargir la compréhension des participants, ajoute-t-elle.
Marc Boychuk encourage les membres de sa communauté à donner aux banques alimentaires, de garder l’œil ouvert afin de découvrir ceux qui ont besoin d’aide, notamment les aînés.
Glossaire – Confusion : lenteur intellectuelle, troubles des perceptions et des processus d’identification