le Dimanche 20 avril 2025
le Dimanche 20 octobre 2024 21:14 Économie

Bonyeu, donne-moi une job!

L’une des trois foires d’emploi organisées par le CANAF à Calgary en octobre 2023 a réuni de nombreux participants. Photo : Courtoisie
L’une des trois foires d’emploi organisées par le CANAF à Calgary en octobre 2023 a réuni de nombreux participants. Photo : Courtoisie
C’est peut-être ce titre de chanson du groupe québécois Les Colocs que voudraient reprendre certains nouveaux arrivants francophones en Alberta. Pas toujours évident de s’en trouver une. Heureusement, divers organismes sont là dans le cheminement vers l’emploi souhaité.
Bonyeu, donne-moi une job!
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Jeune retraitée de l’enseignement et originaire du Nouveau-Brunswick, Jacqueline Bégin est arrivée en 1976 en Alberta. Photo – Courtoisie

Quand Jacqueline Bégin est arrivée à Rivière-la-Paix en 1976, elle s’est trouvé assez rapidement un poste comme enseignante de français. Si le travail est venu facilement, «ce qui était difficile, c’était le social», confie celle qui habite maintenant à Edmonton depuis 2009. «Heureusement, l’ACFA était là» pour lui apporter son soutien.

Quelque 50 ans plus tard, d’autres organismes ont vu le jour pour soutenir, parfois selon leur territoire, les nouveaux arrivants dans leurs démarches pour se trouver un travail, que ce soit à Edmonton ou Calgary.

Globalement, selon des chiffres tirés du Portrait démographique de la francophonie albertaine produit par l’ACFA en juin 2024, «80 % des francophones qui font partie de la population active travaillent dans cinq secteurs : le transport, la machinerie et les domaines apparentés (22 %), les ventes et les services (20 %), l’enseignement, le droit et les services sociaux, communautaires et gouvernementaux (16 %), les affaires, la finance et l’administration (15 %), ainsi que les sciences naturelles et appliquées et les domaines apparentés (8 %).» 

À ces données, on peut ajouter que quelque 7 500 francophones sont considérés comme des travailleurs autonomes, soit 16 % de la population active francophone, un chiffre qui rejoint les 15 % de l’ensemble des travailleurs autonomes albertains.

Erwan Oger, coordonnateur du centre d’emploi au Centre d’accueil pour nouveaux arrivants francophones. Photo : Arnaud Barbet

Nouveaux arrivants

Coordonnateur du centre d’emploi au Centre d’accueil pour nouveaux arrivants francophones (CANAF), Erwan Oger, précise au téléphone que les services d’employabilité du CANAF sont réservés pour l’instant aux résidents permanents et aux réfugiés acceptés de la région de Calgary. 

Depuis environ deux ans, ce centre d’emploi qui a pignon sur rue permet aux chercheurs d’emploi de rédiger, entre autres, des curriculum vitae (CV) selon les normes canadiennes ou encore de préparer des entrevues fictives, d’avoir accès à des ateliers touchant la recherche d’emploi et même de présenter des CV à des employeurs. 

«Petit à petit, on a réussi à mettre en place un centre d’emploi avec vitrine sur la rue. Maintenant, notre gros but, c’est d’essayer d’aller chercher du financement pour qu’on puisse aider bien plus que juste les résidents permanents», explique Erwan Oger.

Pour l’heure, parmi les principaux clients du CANAF en ce qui concerne l’employabilité, Erwan Oger mentionne que les résidents permanents originaires du Cameroun tiennent le haut du pavé. Suivent des gens de la Côte d’Ivoire et du Maghreb. Et dans quels domaines? «Des ingénieurs, à la pelle!», précise le coordonnateur. Au total, c’est plus de 820 clients encadrés comme le précise Erwan Oger depuis deux ans.

Grâce à trois foires d’emplois réalisées depuis 18 mois, des employeurs comme les Forces armées canadiennes commencent à connaître l’existence du centre d’emploi du CANAF, précise M. Oger. De tels événements ont attiré jusqu’à 120 personnes à chaque fois ou presque dont une vingtaine d’employeurs. Le 8 octobre prochain, une fête aura d’ailleurs lieu au CANAF pour souligner les deux ans de ce centre.

Est-ce à dire que tout va pour le mieux pour celles et ceux qui souhaitent mettre plus de beurre sur leurs épinards?

Alphonse Ndem Ahola, directeur général de Francophonie albertaine plurielle. Photo : Courtoisie

Alphonse Ndem Ahola, directeur général de Francophonie albertaine plurielle (FRAP) à Edmonton, constate qu’une arrivée massive d’immigrants a rendu la situation plus difficile. Il y va de quelques défis auxquels doivent s’attendre les nouveaux venus francophones en Alberta. 

Le principal problème, évidemment, demeure la langue. «Ceux qui sont bilingues, c’est un atout», estime M. Ahola. Il constate que l’arrêt par le gouvernement albertain de bourses octroyées pour apprendre l’anglais «vient énormément compliquer les choses» pour les nouveaux arrivants. La reconnaissance des diplômes est également un autre défi auquel on doit s’attendre. Enfin, il faut savoir que les entreprises francophones ne sont pas suffisamment nombreuses pour absorber tous les nouveaux francophones.

De son côté, Parallèle Alberta ayant repris récemment le service d’employabilité de l’organisme Accès Emploi, il leur est difficile d’évoquer les retombées des derniers mois.

Comme le souligne avec espoir le directeur général de la FRAP, en dépit des embûches qui peuvent se présenter, «on finit par réussir, par s’en sortir, si on persiste».

Glossaire – Absorber : Prendre en compte, occuper la totalité