le Vendredi 26 avril 2024

Nos pages sont les vôtres. Le Franco permet à ses lecteurs de prendre la parole pour exprimer leurs opinions. Dans son analyse des données du recensement de 2021, Robert McDonald est arrivé à une série de constats sur le déclin du français au Canada. Dans les trois volets précédents, il a démontré que le déclin du français au Canada est strictement relatif et presque entièrement attribuable à l’immigration. Ce déclin s’explique par un manque chronique d’immigrants francophones – particulièrement à l’extérieur du Québec – qui est artificiel et corrigeable. La lente minorisation du français au Canada est tout à fait renversable. C’est d’autant plus praticable que la vitalité de la langue française est systématiquement sous-évaluée dans les publications de Statistique Canada. Aux dires de Statistique Canada, la baisse du poids démographique du français s’est intensifiée de façon inquiétante entre 2016 et 2021. Il y aurait lieu, cependant, de se méfier des résultats du recensement de 2021; il a été réalisé en pleine pandémie (ce qui aurait affecté, entre autres, les mouvements de population) et entièrement en ligne – sans contact humain. Et il y a plus.

Des statistiques en question

J’en arrive à mon quatrième constat. L’ampleur du recul du français entre 2016 et 2021 paraît anormale et la pandémie de COVID-19 ne peut l’expliquer qu’en partie. Certains experts mettent en doute la consistance et la continuité des données linguistiques.

Le sociolinguiste Calvin Veltman, de l’Université du Québec à Montréal, souligne le remaniement en 2021 des questions portant sur les langues d’usage à la maison. Normalement, les attributs d’une population ne changent guère d’un recensement à l’autre, mais au Québec, M. Veltman note des changements brusques qui renversent les tendances bien établies. Il soutient que «la nouvelle formulation du questionnaire réprime la déclaration de langues secondes régulièrement parlées» à la maison.

Veltman, Calvin (2022) «En modifiant la question sur les langues d’usage, StatCan a compromis les résultats du recensement de 2021», The Conversation, 23 août 2022.

Cela pourrait-il expliquer aussi la baisse subite et alarmante (car non seulement relative, mais absolue) du français comme langue parlée à domicile en dehors du Québec?   

En mettant en vedette la première langue parlée à la maison, Statistique Canada cache l’importance du français comme langue seconde, aussi bien à la maison que dans la communauté. Notons que l’immigration fait monter l’utilisation des langues tierces au détriment du français et de l’anglais, du moins à court terme. Mais dans les pays à forte immigration (comme le Canada et les États-Unis), les langues officielles finissent tôt ou tard par l’emporter sur les langues immigrantes. Comme langue première ou seconde, le français est de loin la langue la plus parlée au Québec et arrive en deuxième place dans toutes les autres provinces. 

Statistique Canada fausse aussi le débat sur le bilinguisme en évitant soigneusement de distinguer les francisants (les apprenants du français langue seconde) des anglicisants (apprenants de l’anglais langue seconde). Même si l’agence collectionne les informations nécessaires depuis 1941, il est impossible à partir des données publiées de faire un bilan historique complet. On cache ainsi les gains importants du français. En faisant ma propre analyse, j’ai pu déterminer qu’en 1941, seulement 8,2% des locuteurs de français étaient de souche anglophone et allophone; en 2021, ce taux était de 28,4%. La force d’attraction du français se rapproche de celle de l’anglais (à 32,9%). 

L’acquisition du français par les non-francophones a compensé la baisse de natalité chez les francophones, mais elle n’arrive plus à compenser le déséquilibre en matière d’immigration!

En mettant en relief des indicateurs discutables, partiels ou tendancieux, Statistique Canada sème la panique et détourne l’attention du problème de base : le manque d’immigrants francophones. 

Deux impératifs à prendre en compte

Primo, les francophones du Québec et des autres provinces doivent agir de concert pour mettre fin au déséquilibre en matière d’immigration, notamment à l’extérieur du Québec où la capacité d’absorption est plus grande. La cible de 4,4% d’immigrants francophones hors Québec (que les autorités fédérales viennent tout juste d’atteindre) est risible. La Fédération des communautés francophones et acadienne revendique une « cible de réparation » progressive qui passerait de 12% en 2024 à 20% en 2036. Il va donc falloir multiplier les efforts de recrutement en Afrique, en Haïti et ailleurs dans le Sud – là où se trouvent la plupart des candidats potentiels – et leur assurer un accueil humain et chaleureux au Canada. Le nouveau budget fédéral apporte une lueur d’espoir : 123,2 millions de dollars sur cinq ans pour favoriser le recrutement et l’intégration d’immigrants francophones en milieu minoritaire.

Secundo, les francophones ont besoin de se concerter pour mieux profiter de leur pouvoir de marchandage énorme au sein de la Confédération. Il suffit de regarder une carte pour se rendre compte des réalités géopolitiques. La francophonie canadienne, concentrée au Québec et le long de ses frontières, constitue la pierre angulaire du pays. Le retrait du Québec ne laisserait que des croupions : un État québécois coupé du quart de la francophonie et un État canadien en deux morceaux séparés. On se retrouverait tôt ou tard avec trois entités politiques très affaiblies face au mastodonte* américain. Confrontés à une telle perspective, les Canadiens de toutes origines devront se plier en quatre pour éviter d’être dépecés en trois. 

Glossaire – *Mastodonte : Personne ou entité aux proportions gigantesque

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Du 27 au 31 mars 2023, pendant la semaine de relâche, treize enfants de 7 à 13 ans ont participé à la première édition du camp de jour SoccArt organisé, à Edmonton, par le club de soccer Edmonton Fusion FC. Ce camp a offert aux jeunes participants l’occasion de découvrir et d’explorer leur créativité artistique tout en perfectionnant leurs compétences en soccer.

Le Franco en collaboration avec le Edmonton Fusion FC

La structure du programme SoccArt était conçue pour permettre aux enfants de s’engager dans des activités artistiques, le matin, au Centre d’arts visuels de l’Alberta, suivi de la pratique du soccer, l’après-midi, au gymnase de l’école Gabrielle-Roy. 

Les trois premières matinées ont été dédiées à la création d’un maillot-œuvre. Lors de cette activité, chaque enfant a été invité à réfléchir au maillot de soccer comme objet d’histoire ou d’intérêt personnel avant de laisser libre cours à leur imagination et leur créativité à travers différents exercices. Les jeunes ont créé leurs logo et motif de maillot avec l’aide de l’artiste Mariam Qureshi, qui les a ensuite aidés à finaliser leur gabarit qui a été numérisé, conçu et remis lors d’une cérémonie.

Les deux derniers jours du camp ont été consacrés à la création d’un couplet mélangeant les thèmes de la liberté et du soccer. Les enfants ont travaillé avec l’artiste 2Moods pour écrire leurs paroles. Ils ont ensuite interprété leur chanson unique, devenue l’hymne du camp, le vendredi. Les enfants ont également été interviewés sur leur expérience de la semaine afin de réaliser des mini capsules vidéos de témoignages.

Chaque après-midi, les entraîneurs Lamine et Jonathan, du Edmonton Fusion FC, ont initié les participants à des concepts tels que la préparation mentale et la détermination d’objectifs, tout en leur enseignant des techniques de soccer avancées. Les entraînements étaient axés sur l’endurance* et la consolidation des bases telles que les passes, le contrôle, le drible, la tête et le tir.

Ce camp a permis aux jeunes participants de libérer leur créativité et de se lier d’amitié avec les autres, tout en se formant en soccer et en s’ouvrant à la culture. Le succès de cette première édition en amènera assurément une seconde, où les jeunes pourront de nouveau explorer leur créativité artistique et perfectionner leurs compétences en soccer.

Glossaire – Endurance : Aptitude à résister avec force et constance à une fatigue physique ou morale

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Ils ont été nombreux à se réunir pour cette 7e édition de la Cabane à sucre organisée par l’ACFA régionale de Banff-Canmore. Le chiffre 7 porte bonheur pour une édition réussie.

Le Franco en collaboration avec l’ACFA de Banff-Canmore

Le Mois de la francophonie est toujours une belle excuse pour réveiller les papilles de toute la communauté de cette belle vallée de la Bow. Elle s’est donc réunie au Creekside Hall du Canmore

Seniors Association, le 18 mars dernier, pour se sucrer le bec et fredonner sur les rythmes endiablés du groupe musical franco-canadien Girlz with Guitarz.

Comme toujours, le sirop d’érable a coulé à flots et les gourmands s’en sont donné à cœur joie en profitant de ce repas canadien-français aux saveurs de l’est du pays. Et, bien sûr, rien de mieux qu’une tire d’érable pour aider à la digestion!

Photos : courtoisie.

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Une nouvelle fois le GIEC sonne l’alarme !

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Melki Melgarejo est caricaturiste éditoriale depuis 1998. Il a publié ses dessins dans de nombreux journaux de son pays d’origine le Paraguay et aussi au Canada. Son trait caractéristique, on le retrouve aujourd’hui dans Le Franco après Yahoo! Canada, Quartier libre et L’intérêt (Université de Montréal), Magazine Délire (Montréal). Melki est membre de l’Association des caricaturistes canadiens.

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Moins connus et moins financés, les établissements postsecondaires francophones de petite taille doivent redoubler d’efforts pour attirer les étudiants.

Francopresse

«La promotion de la formation postsecondaire en français au sein des écoles secondaires de langue française ou d’immersion est très inégale, peu efficace et habituellement liée à un seul établissement, soit celui situé à proximité.» Une réalité soulignée dans le rapport final des états généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

L’Université Saint-Paul, à Ottawa, accueille environ 1000 étudiants par année. Pour Simon Tremblay-Pepin, secrétaire de la faculté des sciences humaines, les petits établissements manquent de fonds destinés exclusivement à la promotion.

Simon Tremblay-Pepin est secrétaire de la faculté des sciences humaines et professeur agrégé à l’Université Saint-Paul. Crédit : Université Saint-Paul

«Quand on a des petits budgets, on met l’argent ailleurs qu’en promotion», indique-t-il. «On est dans un combat vraiment inégal, que ce soit les universités francophones du Québec ou les universités anglophones dans le reste du Canada, [elles] ont des sommes bien plus importantes à investir que nous. Elles ont des réputations qui font qu’elles sont déjà dans la tête des gens quand ils pensent à où ils vont étudier.»

Consultez notre dossier «Le secondaire et après»

L’Université Saint-Paul fait partie d’une fédération avec l’Université d’Ottawa. Les budget octroyés au petit établissement passent en grande partie par l’Université d’Ottawa.

L’Université Saint-Paul, à Ottawa, accueille environ 1000 étudiants par année. Crédit : Courtoisie Université Saint-Paul

«La priorité de l’université est toujours de payer ses employés et d’offrir ses cours. La promotion est toujours un budget qui va être grevé en fonction des autres priorités», note le professeur.

Simon Tremblay-Pepin cite aussi en exemple les difficultés d’accès aux budgets d’infrastructure. «Pour rénover leurs bâtiments [les petites universités] doivent, là aussi, aller chercher de l’argent dans d’autres budgets», comme ceux du marketing et de la promotion.

L’union fait la force

Dans un souci de maximiser leurs efforts de recrutement, les établissements postsecondaires allient souvent leurs forces pour aller à la rencontre des étudiants potentiels dans les écoles secondaires.

Par exemple, une vingtaine d’établissements postsecondaires du Québec, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick – dont des établissements anglophones  –  ont visité les écoles secondaires du Nouveau-Brunswick au début du mois d’octobre.

Pour Philippe Haché, coordonnateur de la tournée et agent de liaison à l’Université Sainte-Anne, en Nouvelle-Écosse, cette approche permet aussi de mettre en valeur les établissements moins connus. «On leur dit souvent que c’est une journée pour faire du magasinage, d’aller voir ce qui existe et de s’informer pour qu’ultimement, ces élèves soient en meilleure position pour faire un choix de carrière qui est éclairé.»

Miser sur les particularités des établissements

Émilie Champagne est directrice du Centre Collégial de l’Alberta. Selon elle, les étudiants tirent avantage des liens entre le Campus Saint-Jean (CSJ) et l’Université de l’Alberta. Le CSJ mise d’ailleurs sur l’offre égale de services dans les deux langues dans ses outils de promotion. 

En plus d’obtenir un diplôme avec le sceau de l’Université de l’Alberta, qui selon elle est une valeur ajoutée, les étudiants «peuvent aussi décider d’aller au campus [de l’Université de l’Alberta], donc ils ont le meilleur des deux mondes», pour profiter des divers services. Elle précise que les étudiants peuvent profiter d’«une réelle relation avec la communauté francophone d’Edmonton. Les étudiants ont plein d’opportunités de s’impliquer, probablement dans le milieu d’emploi où ils iront ensuite».

Émilie Champagne insiste sur la qualité de l’expérience pour les étudiants inscrits au Campus Saint-Jean. «[L’expérience] universitaire ici au Campus Saint-Jean va être très intime. Les gens vont vous connaître par votre nom».

Émilie Champagne est la directrice du Centre Collégial de l’Alberta, de l’École de langues, de la formation continue et du Recrutement au Campus Saint-Jean (CSJ). Crédit : Courtoisie Émilie Champagne

Hélène Doré-Lavigne de l’Université Saint-Paul, à Ottawa, abonde dans le même sens. «[Un petit établissement] est une bonne option chez le jeune qui recherche une institution où tu n’es pas juste un numéro.»

Dépoussiérer les mythes

Néanmoins, pour la vice-rectrice associée à la gestion des effectifs universitaires de l’Université Saint-Paul, se faire connaître est insuffisant ; il faut aussi bien se faire connaître. «Il y a des vieux mythes, si je peux dire, qui règnent encore sur l’Université Saint-Paul alors il faut un peu de désamorcer ça.»

Hélène Doré-Lavigne fait référence à la crainte que l’université n’offre que des programmes reliés à la religion en raison de l’histoire de sa fondation par des Missionnaires oblats de Marie-Immaculée qui en sont toujours partiellement gestionnaires. «On n’offre pas juste le programme de théologie, insiste-t-elle. On a aussi un grand éventail de programmes dans les sciences humaines. Il faut aller vendre davantage cette option.»

L’Université Saint-Paul propose également des programmes qui ne sont pas offerts ailleurs dans la francophonie canadienne comme «leadership transformatif», «innovation sociale» et «relations humaines». Une proposition qui est un couteau à double tranchants d’après Simon Tremblay-Pepin. «Il faut non seulement faire découvrir une université, mais il faut faire découvrir des programmes qu’ils ne connaissent pas.»

Le postsecondaire, un bizness?

Selon Émilie Champagne, la compétitivité entre les établissements postsecondaires les «oblige à faire mieux».

«[Les étudiants] paient pour être là, ils paient très cher en temps et en argent, ajoute-t-elle. On se doit d’offrir une qualité de programmes, on se doit de regarder ce que les autres font pour être sûrs qu’on n’est pas à côté de la track

Mais pour la directrice du Centre collégial de l’Alberta, l’approche «marketing» de l’éducation postsecondaire a tout de même des limites.

«On ne va pas nuire à notre qualité de programmes pour aller chercher plus de fonds, on ne va pas inventer un programme bonbon parce qu’on sait que le gouvernement donne de l’argent si on fait ça.»

D’après un témoignage présenté dans le rapport des états généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire, «il faut mieux informer les parents, créer des [séances d’information] en anglais et en français pour donner un aperçu aux parents [des] avantages de faire [des études] postsecondaires en français. Briser le mythe selon lequel ce n’est pas une bonne chose de faire son postsecondaire en français.»

Consultez le dossier sur les états généraux sur le postsecondaire francophone en contexte minoritaire

Déséquilibre dans l’offre en français

Malgré la promotion faite par les établissements, parmi les 859 programmes universitaires offerts en français dans les provinces à majorité anglophone, environ la moitié étaient offerts à l’Université d’Ottawa en 2021.

L’Ouest est davantage défavorisé, car bien que 19,8% de la population francophone et acadienne s’y trouve, la région propose seulement 7,9% des programmes universitaires francophones au pays.

Source : Rapport final des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire

Nos pages sont les vôtres. Le Franco permet à ses lecteurs de prendre la parole pour exprimer leurs opinions. Dans son analyse des données du recensement de 2021, Robert McDonald est arrivé à une série de constats sur le déclin du français au Canada. Dans les deux volets précédents, Robert McDonald a démontré que le déclin relatif du français au Canada est attribuable avant tout à l’immigration et que la façon la plus efficace de renverser cette minorisation lente serait de renforcer l’immigration francophone. Au Québec, cependant, la capacité – ou la volonté – d’absorption des immigrants est insuffisante à la tâche. Le maintien du poids démographique du français dépend alors de l’immigration francophone à l’extérieur du Québec.

La grande ironie, c’est que la résistance à l’immigration au Québec (où le français est parlé presque universellement) semble découler d’un récit dominant qui voudrait que la langue y soit gravement menacée, et qu’elle soit vouée à une disparition imminente ailleurs. Ce discours de faiblesse semble trouver sa justification principale dans les publications de Statistique Canada.

J’arrive donc à mon troisième constat : l’usage du français au Canada est sous-estimé de façon systématique – et son recul exagéré – par la présentation des données de Statistique Canada. Les indicateurs mis en relief dans ses publications excluent un nombre important de francophones et cachent la vitalité de leur langue.

Premièrement, Statistique Canada ne reconnaît pas l’importance de la connaissance du français, l’indicateur par excellence de la vitalité d’une langue. L’agence fédérale le dénigre même en le présentant comme «la capacité de soutenir une conversation». C’est un seuil minimal qui s’applique à toutes les langues; il est trompeur de l’utiliser pour décrire toute une classe de personnes – les locuteurs de français – dont la grande majorité (77,4%) utilise cette langue régulièrement ou exclusivement à la maison et dont 71,6% l’ont comme langue maternelle!

Mais l’importance de cet indicateur tient aussi du fait que 28,4% des locuteurs ne sont pas de langue maternelle française. Ils sont des francisés, dans le sens qu’ils ont acquis la langue en dehors du foyer familial. La proportion de locuteurs non natifs est la juste mesure de la force d’attraction d’une langue, car personne ne se donnerait la peine de maîtriser une langue seconde inutile! Cette langue seconde doit leur être avantageuse – sinon une nécessité impérative – au travail ou ailleurs dans la communauté.

De toute évidence, le français est devenu une langue véhiculaire qui rivalise avec l’anglais. Parmi les locuteurs d’anglais, 32,9% sont des anglicisés de langue maternelle autre. À 28,4%, la force d’attraction du français se rapproche donc de celle de l’anglais.

La force d’attraction du français s’étend bien au-delà des frontières du Québec. Statistique Canada en cache l’importance en se servant de pourcentages calculés sur des bases très différentes. Il est vrai que 93,7% de la population du Québec parlent français, contre seulement 9,9% ailleurs, mais la population hors Québec est environ trois fois plus grande. En chiffres réels, les 2 790 320 locuteurs hors Québec représentent plus du quart des 10 669 575 locuteurs canadiens – un atout important.

La force d’attraction du français s’étend bien au-delà des frontières du Québec.

Statistique Canada dissimule la force du français de façon systématique, non seulement dans la sphère communautaire ou publique, mais aussi dans la sphère privée ou familiale.

La langue parlée à la maison est de première importance, car elle détermine la langue maternelle des enfants. Elle ne garantit pas pour autant l’épanouissement de cette langue maternelle ni de la culture qu’elle véhicule. Une langue immigrante ou autochtone qui ne jouit pas de la protection d’un état – qui n’est pas une langue d’instruction ou d’administration publique – a tendance à reculer devant les langues officielles privilégiées. C’est la sphère publique qui emporte sur la sphère privée.

La langue parlée à la maison est de première importance, car elle détermine la langue maternelle des enfants. Elle ne garantit pas pour autant l’épanouissement de cette langue maternelle ni de la culture qu’elle véhicule.

C’est d’autant plus vrai que le bilinguisme et le plurilinguisme envahissent de plus en plus le milieu familial. En 2021, 18,7% des Canadiens ont déclaré parler plus d’une langue à la maison et 4,0% ont déclaré avoir plus d’une langue maternelle.

Depuis 1971, Statistique Canada favorise le concept de la «première langue parlée à la maison», ce qui donne des indicateurs problématiques! Même si plusieurs langues sont présentes, la langue parlée le plus souvent est la seule qui est rapportée. Il se peut qu’elle ne soit guère plus parlée que la deuxième ou la troisième langue, le cas échéant. Dans le cas des immigrants, la première langue parlée est souvent une langue étrangère et la 2e ou 3e, une langue officielle.

Pour pallier ce défaut, Statistique Canada a introduit en 2001 un indicateur additionnel : «langues parlées régulièrement à la maison». Le contraste est frappant. En 2021, 8 261 800 Canadiens (22,6%) déclaraient parler le français exclusivement ou régulièrement à la maison. Parmi eux, 7 044 855 (19,2%) déclaraient le français comme étant la langue parlée le plus souvent. En favorisant le dernier indicateur, on fait disparaître 1 216 945 francophones!

Néanmoins, Statistique Canada minimise toujours l’importance des langues parlées régulièrement à la maison, notamment le français.

Suite et fin à venir…

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Aidan Macpherson est un lecteur du Franco. Il a développé un intérêt pour l’urbanisme grâce à plusieurs influenceurs qui critiquent la planification des villes et des espaces publics en Amérique du Nord. Il est très content de voir la mise en place d’un urbanisme à taille humaine dans la ville d’Edmonton.

Le quartier francophone d’Edmonton anticipe l’ouverture imminente de la Valley Line du TRL (en réalité, un tramway).

En effet, le quartier Bonnie Doon est au centre de son itinéraire et la communauté francophone sera également desservie par les arrêts Holyrood et Strathearn, ce dernier étant situé à quelques pas du CAVA et de l’école Gabrielle-Roy.

Il est impossible de sous-estimer les avantages accordés aux citoyens qui habitent et travaillent au voisinage de cette nouvelle infrastructure, dont la construction constitue le projet le plus ambitieux dans l’histoire de la ville.

Tout d’abord, l’accessibilité. Le transport public rejoindra une population importante de personnes qui ne conduisent pas.

Le transport public rejoindra une population importante de personnes qui ne conduisent pas.

Deuxièmement, l’abordabilité. Il est évident, pendant cette époque inflationniste, que les tarifs du TLR coûtent moins cher que le carburant. La carte ARC, valide partout dans le grand Edmonton, réduit le prix d’un seul trajet de plus de 20% et les frais d’utilisation ne dépassent jamais 10$ par jour ou 100$ par mois. De surcroît, les propriétaires de voitures contractent souvent des dettes écrasantes pour obtenir un bien qui se déprécie très vite et qui exige une assurance. Des coûts d’autant plus douloureux aujourd’hui pour la population albertaine.

Le TLR va expédier nos trajets en un temps record. En effet, bien que les nouveaux trams s’arrêtent aux feux rouges, ils croisent peu d’intersections et ne rencontrent aucun trafic routier.

Il faut également noter qu’un quartier pensé pour les piétons facilite l’exercice et le bien-être.

Voilà les avantages pour l’individu. Mais les effets à l’échelle de la société sont peut-être plus impressionnants.

La sécurité compte avant tout. La conduite est la façon la plus dangereuse de se déplacer, non seulement pour les conducteurs, mais surtout pour les piétons. Pensez à la plupart des parents qui ne permettent plus à leurs enfants de jouer dans la rue en raison de la violence routière! Chaque année, les automobiles deviennent de plus en plus imposantes et lourdes et on peut tous témoigner que leurs conducteurs deviennent de moins en moins compétents (et donc plus dangereux pour les piétons et les cyclistes).

Chaque année, les automobiles deviennent de plus en plus imposantes et lourdes.

Quant aux infrastructures construites pour accommoder les voitures, elles ont un prix excessif, voire inabordable. L’asphalte, la signalisation et les parkings coûtent des sommes astronomiques aux citoyens et aux contribuables.

Le transport en commun économise de l’espace. En effet, des centaines de personnes peuvent rentrer dans un seul train, mais la plupart des voitures ne transportent qu’une seule personne à la fois et sont presque toujours garées, accaparant l’espace urbain.

Le défi de la pollution – en termes d’émissions et de bruit – est déjà bien compris.

Et finalement, une ville est esthétique et belle si elle est navigable sans voiture. Or, la banlieue canadienne est nue, laide et dépourvue de caractère. On passe des vacances où l’on peut facilement se promener. On envie l’Europe pour son architecture et sa beauté. Pourquoi ne pas l’imiter? La culture et la vie civique ne peuvent pas fleurir dans les stationnements.

Prenez certains des quartiers les plus populaires au Canada : le West End à Vancouver, Oliver à Edmonton, Beltline à Calgary ou le Plateau Mont-Royal à Montréal. Quelle qualité partagent-ils? Ils sont tous faciles à découvrir à pied.

Certains organismes, comme Strong Towns aux États-Unis et la chaîne YouTube canadienne Not Just Bikes, ont beaucoup popularisé l’urbanisme et ont déclenché un mouvement prometteur. Ils soulignent, entre autres, le concept de la «valeur par acre» (ou kilomètre carré). Ce concept consiste à diviser une ville en grille pour calculer le profit généré par chaque section. On commence par le revenu collecté par la fiscalité et l’on y soustrait, par la suite, chaque passif municipal localisé (services publics, chemins, etc.).

Le résultat? Seul le centre-ville est profitable. Seule la densité peut financer le prix des infrastructures publiques.

Cependant, la plupart des familles au centre-ville gagnent moins d’argent que les familles en banlieue. En conséquence, les personnes à faible revenu subventionnent les riches! Nous avons conçu l’État-providence le plus pervers qui soit.

Imaginez le festival du Canoë Volant sur six voies de ciment!

Heureusement, le quartier francophone d’Edmonton montre l’exemple. Un des projets de développement propose de démolir le centre commercial Bonnie Doon pour le remplacer par des appartements, des boutiques et d’autres équipements urbains. De nombreux logements et entreprises existent déjà sur les rues avoisinantes de petite taille. Grâce à cette sagesse, Bonnie Doon est l’un des quartiers les plus vibrants de la ville et devient l’un des plus désirables.

Bien sûr, cette proactivité n’est pas sans précédent. Dans les années 1960, la ville d’Edmonton proposait d’éviscérer le ravin Mill Creek pour construire une autoroute du centre-ville à Mill Woods. Les résidents à l’époque ont vivement protesté. Imaginez le festival du Canoë Volant sur six voies de ciment!

par Kaylie Murangwa

Le mois de janvier tirait à sa fin quand j’ai eu la chance de parler à mon rédacteur en chef. Je cherchais un sujet sur lequel je pourrais écrire. J’avais en tête la Saint-Valentin, mais il m’a suggéré d’écrire à propos du Mois de l’histoire des Noirs.

«Pourquoi pas?», pensais-je.

Ah oui, durant ce mois de l’amour, des pétales de rose et des Valentins, on célèbre aussi l’histoire des Noirs. Un évènement qui se vit de chaque côté de la frontière et qui est dédié à célébrer et à se souvenir. J’ai sauté à pieds joints dans la rédaction de l’article. Après tout, j’ai participé à plusieurs activités du Mois de l’histoire des Noirs au Canada.

Je me souviens avoir entendu parler de ce Mois pour la première fois en 3e année. Je l’ai découvert en lisant un livre à ce sujet. Mais la partie la plus amusante était lorsque nous écoutions de la musique pour découvrir de nouveaux artistes, comme Stromae ou Black M, sur lesquels nous aimions danser.

Cependant, j’ai rapidement oublié, car, en réalité, je n’avais qu’une hâte : jouer dehors et construire des bonhommes de neige avec mes amies.

J’ai appris ce qu’était l’esclavage, découvert de nouveaux personnages qui ont influencé le monde comme Nelson Mandela et Martin Luther King Jr.

En 5e année, je savais que le Mois de l’histoire des Noirs arriverait. Bien que j’appréciais toujours la musique et les lectures que nous découvrions à ce moment-là, la réflexion sur le sujet s’est approfondie. J’ai appris ce qu’était l’esclavage, découvert de nouveaux personnages qui ont influencé le monde comme Nelson Mandela et Martin Luther King Jr. J’ai acquis de nouvelles connaissances.

Maintenant que je suis en 6e année, je fais partie non seulement des élèves qui participent, mais aussi de ceux qui aident à organiser des activités pour l’occasion.

Un souvenir me revient à l’esprit

Nous discutions de ce Mois entre élèves.

«Qui a amené le Mois de l’histoire des Noirs au Canada?», demande un élève.

«Pourquoi est-ce encore important ?», dit un autre.

La réponse à ces questions est restée incomplète et m’a poussée à faire mes propres recherches. Et là, je suis tombée sur une femme spectaculaire!

Permettez-moi de remonter dans le temps pour mieux vous raconter cela.

Enseignante, directrice d’école, militante pour la justice sociale, elle a aussi été la première femme noire députée fédérale et ministre au Canada, je nomme Jean Augustine.

Nous sommes le 14 décembre 1995 au Parlement du Canada à Ottawa. À l’extérieur, il ne fait pas trop froid pour un jour d’hiver, -16 °C au thermomètre. Jean Augustine est députée de la circonscription d’Ebitocke-Lakeshore et il s’avère qu’elle est très populaire puisqu’elle a été réélue quatre fois.

Elle se lève et s’adresse au premier ministre de l’époque, le très honorable Jean Chrétien, afin de proposer une motion au Parlement afin que «Cette Chambre des communes prenne acte de l’importante contribution des Canadiens noirs dans la fondation, la croissance et l’évolution du Canada, la diversité de la communauté noire du Canada et de son importance dans l’histoire de ce pays».

La motion est acceptée. Si seulement je pouvais savoir ce qu’elle a pu ressentir à ce moment-là! Après beaucoup de travail et de nombreuses années, le mois de février est enfin reconnu comme le Mois de l’histoire des Noirs.

Si l’honorable Jean Augustine a eu à cœur ce sujet, c’est en tant qu’enseignante qu’elle a mentionné, au Musée canadien pour les droits de la personne, que «les programmes d’études mentionnaient très peu de choses sur les Canadiens d’origine africaine. C’était le même problème pour les peuples autochtones. S’il y avait une référence, elle était dans une note en bas de page ou en marge. Les Canadiens noirs ne figuraient même pas dans le scénario et l’on ne les montrait même pas comme des personnes ayant contribué à la société canadienne».

Son objectif pour le Mois de l’histoire des Noirs était de combler les lacunes dans les connaissances en incluant la contribution des Noirs à travers l’histoire du Canada.

Maintenant que cela fait plus de 20 ans qu’on célèbre ce mois, est-ce qu’elle a atteint ses objectifs?

Je reviens à mon souvenir de 6e année.

«Comment le Mois de l’histoire des Noirs a commencé», ai-je tapé dans la barre de recherche de mon ordinateur.

J’ai été présentée à un «bonhomme», appelé Carter G. Woodson, d’origine américaine. Oh qu’il a eu des débuts difficiles!

Il était le fils d’un ancien esclave et il a grandi dans une famille vraiment pauvre en Virginie. Woodson n’a pas pu fréquenter l’école régulièrement, mais il était un élève déterminé qui a su maîtriser la plupart des matières scolaires grâce à l’autoapprentissage et l’aide de ses oncles.

Il a fini par aller au secondaire dans la petite ville de Huntington dans l’État de la Virginie-Occidentale.

«Il le méritait vraiment. C’était un élève tellement motivé», ai-je pensé.

Il s’agissait d’une école ségréguée, une école qui n’accueille que des élèves afro-américains afin de les séparer des élèves blancs.

Cependant, c’était un autre type d’école qui n’existe heureusement plus aujourd’hui aux États-Unis. Il s’agissait d’une école ségréguée, une école qui n’accueille que des élèves afro-américains afin de les séparer des élèves blancs.

J’ai rapidement pensé à ma classe avec ses élèves de toutes origines et le fait que nous évoluons tous ensemble en harmonie. C’était la première fois que j’entendais parler d’une telle chose. J’apprends que ce système a été mis en place aux États-Unis parce qu’il y avait une croyance selon laquelle les Noirs et les Blancs étaient incapables de coexister.

Malgré tous ces obstacles, Woodson a été la deuxième personne afro-américaine à obtenir un doctorat en histoire, c’est-à-dire le diplôme le plus élevé qu’une personne puisse obtenir à l’université.

Cette réalisation a été un ancrage à un changement culturel. En effet, il avait brisé la barrière raciale et prouvé qu’un Noir pouvait faire partie de l’élite. «Il a ensuite vécu une vie très heureuse et réussie, prouvant que son oppresseur avait tort», a conclu mon esprit naïf.

Carter G. Woodson ne s’est pas arrêté là. En 1916, il est cofondateur de l’Association for the Study of African American Life and History (association pour l’étude de la vie et de l’histoire afro-américaine), une organisation qui fait la promotion de l’histoire des Noirs et la rend accessible au public. Avec le pasteur Jesse E. Moorland, ils créent la Semaine de l’histoire des Noirs qui a lieu la deuxième semaine de février afin de s’assurer que les élèves soient exposés à l’histoire des Noirs. L’idée de Carter G. Woodson est ensuite devenue une célébration d’un mois en 1976.

Mais pourquoi en février?

J’apprends que cette semaine a été choisie en lien avec l’anniversaire du 16e président des États-Unis, Abraham Lincoln, et celui de Frederick Douglass. Alors que le premier s’est battu pour la liberté des personnes asservies, le second était un ancien esclave qui s’exprimait pour la liberté des personnes asservies et les droits des femmes. Ils ont tous deux joué un rôle important dans la lutte contre l’esclavage.

Je reste là à réfléchir, en silence, à ce que je viens d’apprendre. Je suis satisfaite de ma réponse, mais je veux toujours en savoir plus. Par curiosité.

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J’ai découvert d’autres personnalités noires que je ne connaissais pas. Par exemple, les soldats d’origine africaine qui ont fait des sacrifices durant la guerre anglo-américaine de 1812; la famille Bonga, illustre pour sa participation au commerce de la fourrure au Canada; ou Mathieu Da Costa, un navigateur et un interprète, qui a été la première personne noire reconnue à avoir mis le pied au Canada au début des années 1600.

«Je n’ai jamais entendu parler de ces personnes», ai-je pensé.

Mais celle que j’aime le plus, c’est Jane C. Wright, une chirurgienne qui a grandement contribué aux recherches sur le cancer et sa guérison. Je ne savais pas qu’elle était noire. C’est peut-être à ce moment-là que j’ai eu l’inspiration pour poursuivre mes études en sciences. J’ai vu une scientifique qui me ressemblait!

Le passé nous inspire et nous corrige, nous serons l’histoire de l’avenir.

Ma sœur m’interrompt, je sursaute. J’étais captivée par mes découvertes. Peu après, on entame une conversation et nous ne nous posons pas de questions, mais nous avons l’intention d’en découvrir plus sur l’histoire des Noirs au Canada.

L’esprit de Woodson doit être heureux, car il n’aurait peut-être jamais pensé que son idée de mettre en lumière et de célébrer les contributions des personnes noires dans la société rejoindrait un jour le Canada. Maintenant que je repense à ce moment, je vois comment nous avons fait partie de la construction de l’histoire.

Lorsqu’on nous informe sur l’histoire des Noirs au Canada, nous contribuons à la totalité de l’histoire de l’humanité, à la création d’adultes qui seront conscients du passé et de la manière dont il affecte le futur. Le passé nous inspire et nous corrige, nous serons l’histoire de l’avenir.

Coloré, mystique, illuminé, le ravin de Mill Creeks a une nouvelle fois accueilli de nombreux festivaliers pour une fin de semaine sous le signe de la joie et de la bonne humeur. Au programme, musique, percussions, folklore métis, canadien-français et bien d’autres activités à sensations fortes.

En plus du ravin, le public a pu profiter des festivités tenues à La Cité francophone et à l’école Rutherford. Danse, théâtre, gastronomie, jeux de société, lancer de haches, feux de joie, glissades glacées, tires d’érable sur la neige, tous les ingrédients étaient là pour passer un excellent moment en famille ou entre amis du 1er au 4 février dernier.

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Le Franco en collaboration spéciale avec le Conseil scolaire Centre-Nord

Le 23 janvier dernier, les élèves de l’école Claudette-et-Denis-Tardif ont eu une sacrée surprise. Au petit matin, à la sortie de leur autobus, ils ont été accueillis par leur directeur, M. Michel (Lapointe), déguisé en dinosaure.

Le directeur d’école a ainsi tenu la promesse qu’il avait formulée lors du dernier Francothon organisé par La Fondation franco-albertaine. Pour cela, le fonds de dotation de la Société des parents de l’école devait accumuler plus de 30 nouveaux donateurs.

Objectif atteint, ils étaient au total 37 donateurs. On notera aussi la belle somme de 12 000$ amassés depuis juillet 2022.

Promesse tenue!

Et autant dire que ce n’est pas tous les jours qu’un dinosaure se promène dans les couloirs de l’établissement scolaire. La journée et la semaine ont donc commencé avec un grand sourire aux lèvres pour les enfants et le personnel de l’école.

Rappelons que le fonds de dotation de la Société des parents de l’école est dédié à appuyer financièrement les activités de construction identitaire comme des spectacles, des excursions, des artistes en résidence, etc.

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