Le choix de Arnaud Barbet, rédacteur en chef
Il me semble que les années passent et que le droit à l’avortement reste un sujet extrêmement clivant et sensible. Depuis le 24 juin 2022, l’avortement a encore été mis à mal aux États-Unis, mais pas seulement. Entre un accès très restreint et la complète interdiction, le droit de la femme à disposer de son corps ne semble pas faire partie des évidences. Plus globalement, la liberté de choix semble s’éroder même dans nos sociétés dites «occidentales» et «avancées».
(Article paru le 1er septembre 2022)
«Ma thèse porte sur l’antiféminisme conservateur et, plus spécifiquement, je travaille sur le mouvement contre l’avortement aux États-Unis», explique Véronique Provonost, doctorante en sociologie et en études féministes de l’Université du Québec à Montréal.
Pendant dix ans, Véronique s’est plongée dans l’histoire des lois canadiennes sur l’avortement et ce qui les différencie de celles des États-Unis. Elle fait un constat rapide : depuis l’arrivée de l’homme blanc, les droits des femmes ont été mis à mal.
«Dès le départ, en 1869, deux ans après la Confédération [canadienne], une loi a été adoptée pour criminaliser l’avortement», relate Véronique. Une loi qui prévoyait d’ailleurs une condamnation «à la prison à vie» à ses contrevenants.
La criminalisation de l’avortement a été suivie par celle de la contraception en 1892. À l’époque, la loi avait une large portée et interdisait formellement, «la distribution, la vente, mais aussi toute la diffusion d’informations autour de la contraception».
Pendant des décennies, ce cadre législatif est resté fixe, sans amélioration ou changement. La sociologue démontre qu’entre les années 1900 et 1960, l’avortement au Canada était passé sous silence.
À la suite des pressions exercées par plusieurs mouvements sociaux de la fin des années 1960, les lois contre l’avortement et la contraception du 19e siècle ont finalement été modifiées.
Le vent du changement a soufflé grâce à «des pressions qui sont venues, oui, des milieux médicaux et des milieux juridiques, mais aussi du milieu des femmes», raconte Véronique. «Les groupes de femmes étaient très investis» afin d’obtenir des droits reproductifs.
Véronique met en lumière les premiers signes du changement législatif au niveau fédéral. «En 1967, le gouvernement répond à cette pression et crée la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada».
Pendant la durée des travaux de cette Commission, «des centaines et des centaines de femmes ont envoyé des lettres aux commissaires, d’autres se sont présentées en personne pour pouvoir raconter [leur histoire]», décrit la sociologue.
Parmi les anecdotes reçues par les commissaires, de nombreuses décrivaient «les conséquences que les femmes ont subies en raison de cette dépossession ou de l’absence de contrôle sur l’autonomie de leur corps».
Elle précise que ce n’est qu’en 1969 que l’ancien premier ministre Pierre Elliot Trudeau a décriminalisé la contraception et légalisé l’avortement pour faire suite aux recommandations de la Commission «de légaliser l’avortement au moins pour les 12 premières semaines de grossesse».
Par contre, ce n’est pas cette décriminalisation de l’avortement qui a donné aux femmes leur totale autonomie corporelle. En effet, à cette époque «il y avait un comité d’avortement thérapeutique qui estimait que l’avortement était nécessaire ou non pour la personne qui en faisait la demande», décrit Véronique. Ce comité médical décidait donc pour la patiente et ralentissait alors le processus d’accès. C’était «encore d’autres personnes qui prenaient la décision à leur place».
Durant les années 1970, «le docteur Morgentaler va décider d’aller à l’encontre des lois qui sont mises en place et va ouvrir la première clinique d’avortement illégale à Montréal», évoque l’experte sur la question.
À force de contrevenir aux lois en vigueur, puis de les contester, le docteur Morgentaler s’est finalement retrouvé devant la Cour suprême du Canada en 1988. Les juges vont alors «estimer que la loi qui est en place depuis 1969 contrevient à la Charte canadienne des droits et libertés, en vertu du droit à la vie, à la liberté et à la sécurité», des droits garantis à l’article 7 de la Charte.
Dès lors, la pratique de l’avortement au Canada sera protégée sous la préséance de cette nouvelle interprétation de l’article 7 de la Charte. Ce n’est d’ailleurs pas l’unique décision juridique qui a solidifié le droit des femmes à l’avortement.
«C’est une Québécoise, Chantal Daigle, qui s’est retrouvée devant la Cour suprême […] en 1989, pour plaider que le fœtus en tant que tel n’a pas de statut légal au Canada». Les juges lui donnent raison. Depuis, le fœtus n’est pas reconnu juridiquement comme une personne, ce qui cimente l’accès à l’avortement.
C’est quoi les droits reproductifs?
Au Canada, même si les droits «reproductifs» sont souvent cités, on privilégie une approche globale, c’est-à-dire que «les droits, les connaissances et la capacité de prendre les décisions et d’accéder à des services» sont offerts à tous. Selon le site web de la Fédération Wallonie-Bruxelles, «les droits reproductifs sont relatifs à la fécondité». Ils diffèrent des droits sexuels qui, eux, sont liés à la sexualité de la personne. Donc, si une personne a des droits reproductifs, elle a le choix à la grossesse, l’accouchement, l’avortement et d’autres processus qui concerne la fécondité.
On l’a vu, l’accès à l’avortement au Canada est protégé par la préséance juridique de l’article 7 de la Charte sur toutes autres dispositions juridiques. Ainsi, le Canada est «un des rares pays à ne pas avoir une loi sur la question de l’avortement», précise Véronique.
Elle estime aussi qu’une loi pourrait en fait entraver l’accès à l’avortement. «Du moment où nous n’avons pas de loi, alors nous ne pouvons pas mettre des restrictions sur cette loi-là», dit-elle. Mais certaines provinces ont tout de même tenté d’imposer des restrictions à l’accès à l’avortement.
En vertu de la Loi canadienne sur la santé (LCS), «l’avortement est considéré comme un soin de santé essentiel» pris en charge par les provinces, explique Véronique. Cela veut dire que «ce n’est pas un soin de santé que les provinces peuvent du jour au lendemain arrêter de financer» sans pénalité.
Dans les années 1990, le gouvernement de l’Alberta a refusé de financer les avortements dans les cliniques provinciales, bien qu’il continuait de les faire dans les hôpitaux. L’Alberta a alors été pénalisée pour cette pratique en vertu de la LCS.
Bien que cela ne se soit pas répété depuis en Alberta, Véronique nous met en garde, «c’est toujours le cas au Nouveau-Brunswick». En effet, les pénalités que le gouvernement provincial encourt ne le freine pas autant, «il ne finance toujours pas les avortements à l’extérieur des hôpitaux».
Le débat sur l’avortement au Canada ne se limite pas à son aspect purement juridique. Janis Irwin, députée à l’Assemblée législative de l’Alberta, souligne la difficulté majeure qu’ont les patientes à avoir réellement accès à l’avortement en Alberta.
«L’accès à l’avortement reste un défi pour tellement d’Albertaines», dit la whip adjointe de l’opposition officielle et porte-parole en matière de condition féminine et d’enjeux LGBTQ2S+. Avec seulement trois cliniques d’avortement dans la province, toutes situées en zones urbaines, la situation dans «l’Alberta rurale est une énorme inquiétude», décrit-elle.
L’accès à ces cliniques est nécessaire pour tous les types d’avortements, mais plus particulièrement pour les avortements chirurgicaux. L’avortement par médicament représente 40% des avortements en Alberta, selon Véronique Pronovost.
Janis Irwin, elle, insiste sur les problèmes liés aux déplacements à partir de Grande Prairie, Fort McMurray ou Lethbridge et le questionnement possible de l’entourage des femmes qui voyagent pour obtenir de tels soins. «Vous essayez de comprendre comment vous pouvez voyager et vous absenter sans être stigmatisée», ajoute-t-elle. L’absence au travail, le coût du voyage et le temps d’attente peuvent constituer des obstacles pour de nombreuses personnes.
Cependant, l’accès à des services limités n’est pas la seule bataille à laquelle les Canadiens, et en particulier les Albertains, doivent prêter attention.
«Nous avons entendu beaucoup de rhétorique des politiciens conservateurs, y compris le membre du PCU (Parti conservateur uni), Arnold Viersen célébrant l’annulation de Roe contre Wade», dit Janis Irwin, avec frustration.
Le parti politique qui a reçu le plus de dons en Alberta après le NPD et le PCU est le parti Prolife, un parti qui est explicitement anti-avortement. Aujourd’hui, en Alberta, il y a près d’une cinquantaine d’organisations contre l’avortement, selon la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada.
Véronique Pronovost souligne que ces groupes anti-avortement exercent une influence majeure dans tout le Canada. «Il y a eu un sondage en 2018 qui disait que 68% de Canadiens étaient pour le fait de mettre des restrictions sur le droit à l’avortement». Tout comme «Roe contre Wade aux États-Unis a galvanisé les troupes pro-choix au Canada», dit Véronique, les mouvements anti-avortement le sont par le renversement de cet arrêt.
Elle conclut, «attention, aujourd’hui, le droit peut-être n’est pas menacé, mais si on ne fait rien et qu’on laisse les gens continuer à faire ce qu’ils font […], on laisse le mouvement contre l’avortement se mobiliser, poser des actions et essayer de changer les mentalités».
Glossaire : Galvaniser : Donner de l’énergie à quelque chose
Le choix de Gabrielle Audet-Michaud, journaliste
Les politiques colonialistes du gouvernement canadien et de l’Église catholique ont eu un impact dévastateur sur les structures sociales et familiales des peuples autochtones. L’établissement des pensionnats autochtones et l’imposition du système patriarcal en sont des exemples clairs. En conséquence, les femmes autochtones ont été dévalorisées et largement écartées des sphères décisionnelles. Cette marginalisation persiste encore aujourd’hui. Le savoir des ainées, lui, a été dénigré et la transmission intergénérationnelle quasi interrompue. Des langues se sont éteintes. Des cultures ont été affaiblies. En ce sens, les réflexions du pape François sur le rôle des grands-parents et de sainte Anne n’ont rien d’anodin. Cette analyse présentée par mon ancienne collègue Vienna Doell nous invite à réfléchir plus en profondeur sur le processus de guérison en cours et sur la nécessité de reconnaitre la sagesse des ainés et l’importance du rôle des femmes pour y parvenir.
Mardi 26 juillet 2022, près de 40 000 personnes sont réunies au stade Commonwealth pour écouter les mots du Saint-Père. Ce jour-là, dans son discours, il fait l’éloge du rôle des grands-parents. «Grâce à nos grands-parents, nous avons reçu une caresse de l’histoire qui nous a précédés : nous avons appris que la bonté, l’amour tendre et la sagesse sont les solides racines de l’humanité», prêche le souverain pontif.
Ce discours n’a rien d’anodin pour Emma Anderson. Professeure en études anciennes et en sciences des religions à l’Université d’Ottawa, elle est spécialiste des rencontres entre les autochtones et la chrétienté, en particulier le catholicisme romain.
«Je pense que c’est un choix délibéré du pape de se concentrer sur ces relations familiales qui guérissent», analyse la professeure Anderson. «Après 1920, l’Église et l’État ont fait en sorte qu’il soit illégal pour les autochtones d’élever leurs propres enfants», une arrogance déconcertante d’un pouvoir colonial «qui pensait mieux élever les enfants que leurs propres parents et grands-parents».
«Les écoles résidentielles ont eu de terribles retombées, mais l’une des plus graves est le dommage sur tissu familial», croit l’experte. On parle de conséquence «notamment sur la transmission intergénérationnelle de la langue, de la culture, de la spiritualité et le sentiment d’être proche et d’apprendre directement de personnes pleines de sagesse».
Alors que le pape fait référence, pour la première fois, à Sainte Anne, la grand-mère de Jésus, alors qu’il aborde l’importance de «parler à nos aînés et de prendre le temps de les écouter», il reconnaît implicitement les dommages causés par l’Église aux structures familiales autochtones. En ce sens, Emma Anderson maintient que «c’est la visite papale la plus importante au Canada».
«Sainte Anne semble avoir été l’une des saintes catholiques qui a le mieux traduit la culture autochtone parce qu’elle est une aînée», explique avec enthousiasme Emma. Contrairement à plusieurs icônes féminines dans le catholicisme, Sainte Anne n’était pas jeune.
Là encore, rien d’anodin. Le pape François a centré son voyage au Canada autour du jour de la fête de Sainte Anne, célébrée le 26 juillet. Pour l’occasion, il visitait le Lac Sainte-Anne en Alberta. Deux jours plus tard, il était à Sainte-Anne-de-Beaupré au Québec.
«Le seul autre site d’importance consacrée à Saint Anne est en Nouvelle-Écosse où les Mi’kmaq tiennent une grande célébration», précise Emma.
Durant le pèlerinage au Lac Sainte-Anne, le pape a explicitement fait le rapprochement entre Sainte Anne et les peuples autochtones : «Au Canada, l’enculturation maternelle passe par l’intermédiaire de Sainte Anne, laquelle a su combiner la beauté des traditions et de la foi autochtone, tout en les façonnant avec la sagesse d’une grand-mère, qui est deux fois mère».
Les mots sont doux, mais ils ne sont pas sans rappeler que le système d’écoles résidentielles a mené directement à des inégalités et de la violence systémique envers les femmes et filles autochtones.
«L’église est une structure de pouvoir presqu’exclusivement masculine et pourtant, en termes de personnes qui vont à l’église, qui donnent, qui font tout le travail paroissial, qui font des dons, ce sont disproportionnellement des femmes», souligne la professeure. Selon elle, «le pape a dû parler de l’importance des femmes autochtones dans leur culture et leur société, mais aussi dans l’Église» afin de protéger ces laïcs majoritairement féminins.
Dans le contexte de sa visite, le message du Saint Père articulé autour de l’importance des aînés et des femmes ne surprend pas. Mais comment a-t-il été reçu? Comme une nouvelle insulte de l’église aux structures familiales et à l’égalité des femmes autochtones, ou à l’inverse comme des mots essentiels, pour revaloriser des femmes et des aînées si longtemps rejetées par l’Église?
Glossaire : Sagesse : Avoir une juste connaissance des choses
Le choix de Arnaud Barbet, rédacteur en chef
Un an déjà! À l’époque, tous les membres de l’équipe du journal étaient en vacances, tous sauf Vienna qui débutait depuis quelques semaines sa collaboration. Elle avait décidé de suivre la venue du pape François, alors qu’elle n’avait aucune expérience en journalisme. Secondée par Mélanie Tremblay, la rédactrice en chef de Réseau.Presse, elle a su relater avec justesse ces trois longues journées. Un souvenir certainement mémorable…
(Article paru le 18 août 2022)
Dès son arrivée en sol canadien, le pape a été accueilli par une cérémonie officielle très sobre où les médias étaient presque plus nombreux que les invités d’honneur.
Après avoir salué les leadeurs autochtones, la gouverneure générale Mary Simon et le premier ministre Justin Trudeau, quatre musiciens autochtones de la Première Nation Sioux Alexis Nakota ont entonné un chant d’honneur officiel au son des tambours.
Le pape a ensuite passé plusieurs minutes à parler et échanger des cadeaux avec une délégation de représentants autochtones, dont des chefs de Premières Nations, des survivants des pensionnats et des dirigeants de diverses organisations autochtones et religieuses.
Le pape s’est adressé au public pour la première fois le 25 juillet après s’être recueilli pendant plusieurs minutes au cimetière Ermineskin, à Maskwacis, situé devant un ancien pensionnat, où se trouvent des tombes marquées et des tombes anonymes d’anciens pensionnaires. Le souverain pontife s’est ensuite dirigé en fauteuil roulant vers l’amphithéâtre où il s’est adressé à des milliers de membres des Premières Nations qui s’étaient déplacés pour l’entendre.
Dans l’attente de son arrivée, l’ambiance était joyeuse entre les membres des Premières Nations qui prenaient des photos et partageaient nourriture et couvertures pendant cette journée froide. De nombreuses personnes étaient venues de loin pour rencontrer le pape et étaient prêtes à partager leurs histoires.
«Je cherche la guérison pour tous les survivants», a confié Irene Natress qui a fait le voyage avec sa sœur, Joanne Jones. Toutes deux sont des survivantes de la Gordon’s Indian Residential School, en Saskatchewan, qui a reçu des enfants entre 1888 à 1996. «Dix de nos frères et sœurs ont été enlevés. Je suis assez émue en en parlant de cela», ajoute Joanne avec émotion.
C’est dans sa langue maternelle, l’espagnol, que le pape s’est adressé à la foule et a enfin présenté ses excuses «pour la manière dont de nombreux membres de l’Église et des communautés religieuses ont coopéré, même à travers l’indifférence, à ces projets de destruction culturelle et d’assimilation forcée des gouvernements de l’époque, qui ont abouti au système des écoles résidentielles».
La foule a chaudement applaudi et crié au moment où ces mots ont été prononcés dans l’amphithéâtre de Maskwacis. L’ambiance était chargée en émotions alors que des odeurs de sauge, de foin et de tabac circulaient dans l’air.
Les réactions étaient beaucoup plus contenues lors des rencontres avec les peuples autochtones à l’Église du Sacré-Cœur d’Edmonton et à la célébration de la liturgie au lac Sainte-Anne qui se sont déroulées par la suite alors que beaucoup de gens présents sont restés assis en silence pendant son discours.
Kenina Wood n’a pas accepté les excuses du pape. «Certaines personnes disent, et je suis d’accord avec eux, qu’il pourrait y avoir plus. Je veux voir plus d’actions.» Originaire de la première nation St. Theresa Point au Manitoba, Kenina Wood a fait le voyage jusqu’au lac Sainte-Anne en tant que survivante de deuxième génération des écoles résidentielles. «Je suis venue pour la mémoire et l’honneur de mon père Darius Mason», a-t-elle indiqué.
Lors de la grande messe en plein air au stade du Commonwealth, le pape a évoqué à plusieurs reprises le «trésor» des ainés et la manière dont ils ont contribué à façonner ce que sont les fidèles, en les aidant à grandir dans l’amour et la foi.
«Ils nous ont conféré quelque chose qui ne pourra jamais nous être enlevé et qui, en même temps, nous permet d’être uniques, originaux et libres», a-t-il déclaré. Des paroles qui ont été accueillies avec émotion par les quelque 50 000 personnes présentes.
La tournée canadienne du pape, qui se déroule sous le thème «Marcher ensemble», se poursuit à Québec le 28 juillet pour se conclure à Iqaluit le vendredi 29 juillet où il rencontrera d’anciens élèves de pensionnats autochtones et des membres de la communauté inuite.
Faustin Yashima a été un temps éleveur de grillons en Alberta. Médecin hygiéniste et aussi nutritionniste, il a mis son expérience au profit de cet aliment pendant quelques années. Il nous apprend que le grillon est un insecte riche en protéines et consommé régulièrement en Afrique, en Asie et en Amérique latine. «On peut les manger frais […], on peut les sécher [poudre] et on peut les griller […]», décrit Faustin Yashima. Mais cet aliment transformé en farine est aussi bien connu des éleveurs de bétail.
Il est d’ailleurs persuadé, malgré les déboires de sa petite entreprise, que le grillon fait partie des aliments de demain. Il en va de la survie de la population qui croît sans cesse et des réserves naturelles qui s’épuisent. Car l’élevage de grillons est aussi économe en eau et «les insectes sont une très bonne source de protéines alternative».
Il ajoute que le grillon est un aliment riche en protéines, «des protéines complètes, avec tous les neuf acides aminés essentiels». Les graisses, le calcium, le potassium, le zinc, le magnésium, le cuivre, le folate, la biotine, l’acide pantothénique et le fer sont bien présents et de façon concentrée dans cet aliment.
En comparaison avec le bœuf qui contient aussi ces acides aminés essentiels, on obtient «13,2 à 20,3 grammes de protéines par portion de 100 grammes» de grillons, c’est à dire environ 2 grammes de moins que pour la même quantité de Bœuf. Mais «il ne faut que cinq semaines pour que les grillons atteignent leur taille adulte», explique Faustin, alors que les vaches atteignent le poids du marché (1350-1400 poids) vers 18 mois seulement avant de pouvoir être utilisées pour la consommation .
Au début de ses activités en 2019, Yashima Cricket Farm «avait 3000 boîtes […], donc je pouvais produire 200 000 grillons», raconte Faustin. «Ça ne coûte pas beaucoup pour commencer une ferme. Il suffit d’avoir une boîte puis une ampoule qui chauffe et un peu d’eau», assure-t-il. Et ça ne prend que «2 kg d’aliments pour produire 1 kg d’insectes».
Malheureusement, Faustin n’a pas pu préserver son entreprise. «Avec la pandémie, cela a ralenti beaucoup de choses.» Il indique tout de même que l’intérêt pour cet aliment est en croissance. D’ailleurs, il avait à l’époque de nombreux clients en Ontario, mais «les coûts de transports étaient très élevés».
C’est peut-être là où le bât blesse. Si l’on ne transforme pas la matière première sur place, «il faut un transport rapide de deux jours pour garder les grillons vivants», explique-t-il. Cela occasionne des coûts de transport difficiles à assumer. Son entreprise a dû fermer ses portes l’année dernière.
D’autres ont eu plus de chance. Jarrod Goldin et ses deux frères sont propriétaires de Entomo Farms. Ils ont très vite compris l’importance de transformer la matière première en farine, en poudre ou en bouchées apéritives de grillons séchés. Aujourd’hui, leur entreprise exporte 100% de leur production. «Il m’a fallu huit ans pour arriver là où on est aujourd’hui», déclare Jarrod.
«Nous avons trois sections de 20 000 pieds carrés et, dans chaque section, il y a environ 40 millions de grillons», explique-t-il. Leur clientèle a fait évoluer leur offre tout au long de ces années. «Mon frère a commencé par le commerce des appâts et de l’alimentation des reptiles», explique Jarrod.
Ils se sont rendu compte que «les personnes qui voulaient améliorer leur santé […] cherchaient à s’informer sur les bienfaits des insectes, en particulier des grillons». Ils ont donc adapté leur marché à la consommation humaine. Finalement, Jarrod Goldin espère développer des produits pour «les animaux de compagnie et, potentiellement, de la nourriture pour le bétail».
Depuis le début de 2020, le prix du bœuf est en dent de scie, atteignant des sommets en juin 2020 et en octobre-novembre 2021. Aujourd’hui, l’inflation amène son lot de surenchères et les clients commencent à grincer des dents.
Depuis 16 ans, Corey Weyes est propriétaire d’ACME Meat Market (ACME) à Edmonton. Il connait ces situations tendues où les clients semblent bouder les étals de cette boucherie familiale créée en 1921. Celui qui vend aujourd’hui du bœuf, de l’agneau, de la volaille, du bison et du porc est «le premier propriétaire qui ne fait pas partie de la famille d’origine [les familles Pheasey ou Eldridge]», explique-t-il.
Lui aussi fait face à de nombreux enjeux économiques. «Une grande partie de mes frais, c’est le transport. Cela s’ajoute au coût de gestion d’une entreprise comme la mienne», décrit Corey.
Alors même que la plupart de ses produits proviennent uniquement de fermes huttérites albertaines et d’autres installations agricoles plus petites situées à la frontière de l’Alberta, les prix ont dissuadé une clientèle moins aisée. Corey reste toutefois confiant. «Le prix de la viande s’est un peu stabilisé. J’ai remarqué ces derniers mois que les gens ont commencé à revenir à l’achat de viande.»
Mais cela pourrait ne pas durer éternellement. Comme le bétail de l’Alberta se nourrit à 80 % de céréales comme l’orge, la capacité de produire des aliments pour animaux en période de changements climatiques est incertaine. La sécheresse de 2021 a d’ailleurs été un avertissement pour toute la profession malgré les programmes de subventions pour l’alimentation comme l’initiative d’aide à l’achat d’aliments du bétail Canada-Alberta.
«Il est inévitable dans toute industrie de devoir faire face aux changements climatiques», déclare l’artisan-boucher.
En réponse à ces enjeux, le gouvernement fédéral a investi 8,5 millions de dollars en juin 2022 dans la construction, en Ontario, d’une installation commerciale de fabrication de protéines de grillons afin d’aider les éleveurs. D’ailleurs, Corey Weyes a, lui aussi, considéré cet insecte très riche en protéines.
Il se sent prêt à vendre quelques grillons sur les étals de sa boucherie. «C’est en fait quelque chose que j’ai étudié, il y a des années», raconte le propriétaire. «J’y ai repensé depuis […], ça serait intéressant d’amener cela plus comme un achat impulsif, plutôt qu’un substitut à la viande. Une sorte de collation, comme du pepperoni ou du bœuf séché.»
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
Avec le départ à la retraite des baby-boomers et la pandémie de COVID-19, de nombreux emplois sont en tension dans le pays. L’Alberta ne fait pas exception à la règle de deux chômeurs par poste vacant.
Parmi ces postes non occupés, un grand nombre devrait-être destiné à des travailleurs qualifiés. Le gouvernement fédéral a mis en place des moyens rapides tel que le programme Entrée express pour accueillir des étrangers ayant une formation et une expérience professionnelle qualifiée dans leur pays d’origine.
Selon Statistique Canada, entre 2016 et 2021, 10 465 Africains (Afrique du Nord et de l’Ouest) potentiellement francophones sont arrivés dans la province par le biais de l’immigration économique. Les Français (290), les Belges (90) et les Suisses (50) font aussi partie de cette immigration économique tant convoitée, car ils peuvent partager leur expérience professionnelle acquise à l’étranger.
Parmi les évaluations effectuées pour arriver au Canada, celle des diplômes d’études (EDE) pour l’Entrée express est essentielle afin de juger si l’éducation reçue par l’immigrant dans son pays d’origine est équivalente ou non à celle prodiguée sur notre sol.
Toutefois, la politique d’immigration du Canada semble paradoxale dans son acceptation des immigrants économiques. «Le Canada veut des gens qualifiés et diplômés sur son territoire», explique Marie Lanquetin, gestionnaire régionale de développement des affaires et conseillère en acquisition de talent chez Atout Recrutement, une agence de placement située au Québec. Mais son constat est qu’à leur arrivée, la reconnaissance des diplômes ne fonctionne pas forcément.
«C’est très contradictoire et très décevant», assure celle qui travaille au quotidien avec de futurs employés en provenance de l’étranger ou du Québec. Elle évoque aussi la diversité des accords qui peuvent être mis en place entre les provinces et certains pays. «Certains pays, comme avec la France, il peut y avoir des équivalences, mais il faut dans tous les cas que l’immigrant repasse une certification» à un moment ou un autre.
Au pire, si la province n’a pas d’équivalence universitaire pour le diplôme présenté, l’immigrant devra alors reprendre ses études entièrement s’il veut continuer dans le domaine qu’il a choisi dans son pays d’origine. Des études longues et coûteuses (de deux à sept ans).
Dans d’autres cas, elle souligne que «les employeurs canadiens bénéficient d’une main-d’œuvre très qualifiée pour beaucoup moins cher». En effet, certains employeurs profitent de cette situation pour embaucher ces immigrants à des postes sensibles sans diplôme reconnu et «les payent moins cher, facilement 20-30% moins de revenu».
Dieudonné Kandolo est avocat en Alberta depuis 2013. Mais avant de pouvoir vivre de son métier, il a dû retourner aux études pour avoir une équivalence en droit au Canada. «J’étais avocat en République democratique du Congo depuis 1990», explique le propriétaire du cabinet d’avocats DDK Law Chambers.
Lorsqu’il termine ses études de droit dans son pays, il accède ensuite à de très hautes fonctions, «alors j’arrive ici avec cet esprit-là. Mais je me rends compte que ça ne m’a servi à rien», dit l’avocat en droit civil.
Comme beaucoup d’autres, il n’a pas été informé avant d’immigrer dans quelle mesure il serait éligible pour poursuivre sa carrière juridique. «On devrait vraiment les [immigrants] informer», explique Dieudonné. Selon lui, il est important de savoir exactement «la valeur canadienne» du diplôme obtenu dans son pays d’origine.
Arrivé en Ontario en 1993, Dieudonné ressent une certaine frustration à «travailler dans les manufactures» durant une dizaine d’années. Il retourne finalement aux études, tout en assurant le soutien familial. «J’étais chez McDonald… je nettoyais les toilettes», s’exclame Dieudonné. Avec son épouse et quatre enfants à élever, «c’était terrible!»
Comme Dieudonné, Victor Moke-Ngala a aussi travaillé dans l’industrie manufacturière avant de reprendre ses études en éducation au Campus Saint-Jean. Cet enseignant l’assure, «on peut dire que l’enjeu principal pour un immigrant […], c’est vraiment de pouvoir travailler».
«Vous avez besoin d’un logement, vous avez besoin de nourrir votre famille, ou de vous nourrir vous-même, et donc vous avez besoin d’un emploi pour faire de l’argent», décrit celui qui est aussi le président de la Francophonie Albertaine Plurielle (FRAP), un organisme qui aide notamment à l’insertion des immigrants francophones en Alberta.
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Mais, selon lui, le diplôme n’est pas l’unique obstacle pour trouver un emploi. La barrière linguistique pour celles et ceux qui ne s’expriment pas en anglais et le racisme limitent le succès de certaines candidatures pour des emplois canadiens, explique celui qui est originaire de la République démocratique du Congo.
«Des fois, vous allez déposer vos demandes, vous avez les compétences nécessaires et vous connaissez l’anglais, mais on vous dit qu’on a trouvé des candidats plus qualifiés que vous…», décrit-il d’un air soupçonneux.
Cofondateur de la FRAP en 2014, il a notamment «fait pression» pour instaurer des normes d’embauche éthique au Conseil scolaire Centre-Nord. Il souligne qu’il a fallu de nombreuses années avant que les personnes d’origine africaine soient acceptées à des postes d’enseignant en même nombre que ceux qui sont nés au Canada. «Aujourd’hui, il y a moins de barrières… Il y a des immigrants qui sont embauchés […], mais il faut encore sensibiliser les gens.»
Même si le gouvernement fédéral à des programmes pour que le diplôme soit un atout pour la résidence permanente, Marie Lanquetin estime qu’il faudrait faire davantage au niveau fédéral en augmentant les processus de reconnaissance des diplômes à la source. Des accords bilatéraux entre le Canada et les pays qui produisent cette immigration économique éduquée devraient être créer systématiquement.
Pour Victor, qui était «parent unique et à faible revenu» à l’époque, le retour à l’université était un risque financier et social. Cette reconnaissance des diplômes étrangers éviterait probablement l’endettement d’un grand nombre de ces personnes qui trouvent le courage de retourner sur les bancs universitaires.
«C’est impératif d’expliquer aux employeurs qu’un emploi à l’extérieur du Canada est aussi valide», insiste la gestionnaire et conseillère. Elle exulte à un changement de mentalité face à l’expérience professionnelle étrangère de la part des employeurs. «Tant que l’immigrant n’a pas eu d’expérience “canadienne”, les employeurs ont beaucoup de mal à faire confiance aux autres expériences dans d’autres pays», ajoute la spécialiste en recrutement.
Même si les sciences médicales ou le droit sont des domaines où il semble difficile de faire évoluer rapidement les conditions d’équivalence, il est clair que le retour aux études n’est pas viable pour tous. «Il faut absolument que des mesures spécifiques soient mises en place», conclut Victor Moke-Ngala.
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
Dre Julie Hildebrand, médecin de famille à Edmonton, estime qu’en Alberta, la dépendance aux opioïdes «est un problème très actuel». Cette crise, qui a débuté il y a une vingtaine d’années, ne fait que s’exacerber.
L’ancienne directrice médicale du programme de traitement d’entretien à la méthadone à l’hôpital Saint Joseph, à Saint John (Nouveau-Brunswick) connait son sujet. Alors qu’elle a souvent accompagner les patients dans ce protocole qui utilise ce «médicament pour traiter la douleur chronique et pour le traitement du trouble lié à l’utilisation d’opioïdes», elle prévient.
«Les dépendances aux opioïdes résultent maintenant d’utilisation de médicaments sur ordonnance», explique-t-elle. Selon le gouvernement provincial, 93% des décès en 2022 ont été causés par le fentanyl, alors qu’il n’y a eu aucun décès dû à une surdose d’héroïne. Dre Hildebrand explique que le fentanyl, parmi d’autres, est un opioïde synthétique qui a connu une modification de sa structure chimique. Son utilisation doit être très réglementée.
«C’est à nos patients que l’on prescrit du percocet, de la morphine, du fentanyl…», dit-elle avec inquiétude. Mais ces médicaments sont prescrits pour de bonnes raisons : «les chirurgies orthopédiques, des douleurs d’origine cancéreuse…». Dre Hildebrand explique que, par contre, «qu’on ne sait pas lequel de nos patients va finalement développer une dépendance aux médicaments».
«Une dépendance, c’est psychologique. C’est le corps qui développe un besoin extrême pour une drogue», explique Dre Hildebrand. «Dans le cerveau, il existe des récepteurs pour traiter la douleur et […] les opiacés vont aller à ces récepteurs pour bloquer la douleur.» Mais malencontreusement, «les opioïdes peuvent aussi stimuler des récepteurs de bien-être, de gratification», ajoute-t-elle.
Et si le patient arrête un médicament à base d’opioïde sans sevrage, le risque de dépendance est grand et les répercussions peuvent être très graves, voire fatales.
Bien que les experts ne savent toujours pas pourquoi certains individus développent des dépendances plutôt que d’autres, Dre Hildebrand affirme que des facteurs tels que les traumatismes et les problèmes de santé mentale peuvent accroître considérablement les problèmes de dépendance.
Le directeur des relations communautaires chez Community Health, Empowerment and Wellness (CHEW), Corey Wyness, déclare que même si le traitement pour lutter contre les dépendances est offert, «les gens ne sont pas toujours prêts» à faire le pas.
Fort de ses 30 années de travail en première ligne dans le domaine de la réduction des effets nocifs des drogues sur la santé, Corey Wyness entrevoit des solutions. Il explique «que si nous pouvons répondre aux besoins de base et faire en sorte que nos clients sentent qu’ils valent quelque chose, c’est à ce moment-là que nous commençons à chercher à réduire l’utilisation et ensuite examiner les options de traitement».
Cette approche «familiale» a conduit à moins d’intoxications et d’overdoses parmi ses clients. Ainsi, les jeunes peuvent venir durant la journée au local de l’organisation pour «se nourrir, trouver des vêtements, dormir, laver leurs linges, prendre une douche…». Cet accès facile renforce l’idée que «l’on se sent comme dans une famille, comme si l’on entrait dans la maison de quelqu’un».
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Ces services qui permettent la réduction des effets nocifs de la dépendance sur la santé sont très différents de ce que le gouvernement offre aujourd’hui. «Beaucoup de programmes pour la désintoxication ne durent que 30 jours, ou même 90 jours, ce qui n’est pas assez long pour traiter votre traumatisme et comprendre pourquoi vous consommez», explique le directeur. Il ajoute que les «listes d’attente sont parfois très longues» pour accéder à ces centres de désintoxication.
L’idéal, selon Corey, serait de pouvoir accéder à ces derniers, mais aussi à d’autres services de nature à faciliter la vie au quotidien et à répondre aux besoins fondamentaux sans jugement et sans rendez-vous. Une notion élémentaire, mais essentielle : celle de pouvoir se présenter à un centre lorsqu’on en ressent le besoin.
Toutefois, l’organisme de Corey est, comme d’autres, à la limite de l’implosion. «Je suis le seul employé à plein temps et nous avons 200 personnes qui ont accès à nos services», soupire le directeur.
«Il s’agit d’une question de financement. Traditionnellement, le gouvernement provincial ne finance que les grands programmes (comme ceux de Services de santé Alberta) et les organisations religieuses», explique-t-il. De plus, Corey souhaite que le gouvernement ait des discussions avec les travailleurs de première ligne et les personnes qui consomment activement.
«Le gouvernement provincial fait beaucoup de présomptions de ce dont les personnes ont besoin», explique le travailleur social en santé mentale. Et cela conduit à des options de traitement qui ne fonctionnent pas pour tous les groupes démographiques, dont les Premières Nations avec lesquelles Corey travaille régulièrement.
Avec de nombreux enjeux qui persistent dans la province, le gouvernement albertain a récemment créé un ministère de la Santé mentale et des Dépendances afin de répondre précisément à cette problématique.
«C’est génial!», s’exclame Corey avec beaucoup d’espoir.
Le ministre de la Santé mentale et des Dépendances, l’honorable Nicholas Milliken, n’a pas pu s’entretenir avec la rédaction du journal, mais il a fourni une déclaration écrite en anglais traduite par nos soins.
«Le gouvernement de l’Alberta met en place des systèmes de soins en santé mentale et
en toxicomanie axés sur le rétablissement. Ainsi, les Albertains ont accès à un continuum de services, incluant la prévention, l’intervention, le traitement et le rétablissement, ainsi que des services de réduction des méfaits, là où le besoin se fait ressentir. En fait, en 2021-2022, nous avons fourni plus de 35 millions de dollars pour les services en vue de réduire des méfaits, soit une augmentation de près de 60% par rapport au financement de 2018-2019.»
Celui-ci ajoute, «au cours des deux prochaines années, nous investirons 124 millions de dollars supplémentaires pour accroître considérablement l’accès aux services axés sur le rétablissement tant à Calgary qu’à Edmonton. Cela comprend 8 millions de dollars pour accroître la réduction des méfaits et renforcer les équipes d’intervention afin de mieux relier les personnes aux services de prévention des surdoses et aux autres services de santé essentiels. Cette somme s’ajoute aux efforts déployés au cours des trois dernières années pour créer 8000 nouvelles places, éliminer les frais d’utilisation, lancer le système numérique de réponse aux surdoses (Digital Overdose Response System – DORS) et offrir une option de traitement le jour même grâce au programme primé Virtual Opioid Dependency Program (VODP).» Il est important de noter que ces services ne seront pas disponibles en français.
Si cette déclaration semble répondre à la nécessité d’un financement supplémentaire exprimé par Corey Wyness, l’aspect lié à la pédagogie et à la prévention du public souligné par Dre Julie Hildebrand semble complètement absent. «Ce qu’il manque, c’est l’éducation à la population.» Elle raconte que le partage des opiacés sur ordonnance est un problème notable dans l’augmentation de la consommation de ceux-ci. «Idéalement, il faudrait éradiquer ces médicaments de la surface de la planète, mais on n’en est pas là», ajoute-t-elle.
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
Avec deux bourses octroyées par le gouvernement fédéral totalisant 140 000 dollars pendant cinq ans ainsi que l’appui financier du Bureau de la recherche du Campus Saint-Jean, du Consortium national de formation en santé et de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne, le CROC Lab a pu ouvrir ses portes au pavillon Lacerte du Campus Saint-Jean.
Dans les premières années, ce laboratoire était situé au TELUS World of Science, une organisation sans but lucratif située à Edmonton et ouverte au public pour l’exploration et l’éducation scientifiques.
Jennifer Bawden, la directrice des nouvelles salles d’exposition et de la recherche au TELUS World of Science, se rappelle du coup de fil de Kristan Marchak en 2019 qui voulait créer un tel outil dans l’édifice. «C’était une histoire très excitante!»
«Kristan m’a envoyé un courriel […] pour me demander si nous avions un programme en place pour effectuer de la recherche sur des humains. Elle m’a proposé de mener ces études», indique-t-elle. Ils sont alors devenus partenaires scientifiques dans un laboratoire vivant. Celui-ci a permis aux scientifiques de mener des recherches sur le public qui visite l’espace, avec leur permission bien évidemment!
Jennifer Bawden, enjouée par ce programme, a permis à son fils de quatre ans de participer aux études du CROC Lab qui était alors installé dans l’enceinte du TELUS World of Science.
Jennifer Bawden voit d’un très bon œil ce déménagement au Campus Saint-Jean. Elle affirme que c’est extraordinaire pour le développement de la recherche en français, tout en confirmant la continuité du partenariat scientifique avec TELUS World of Science. «Notre partenariat existe toujours. Les membres de l’équipe du CROC Lab vont venir presque tous les weekends, les samedis et les dimanches après-midis, pour réaliser des études ici», explique Jennifer.
Jennifer ajoute que «c’est vraiment génial de célébrer l’ouverture d’un espace de laboratoire physique pour le CROC Lab», car l’espace public du TELUS World of Science peut être parfois «distrayant et un peu bruyant».
Qui mène des recherches dans le laboratoire CROC
La professeure Kristan Marchak mentionne que plus d’une vingtaine d’étudiants de premier et deuxième cycles au Campus Saint-Jean forment son équipe de recherche. Avec eux, elle développe des recherches sur «l’acquisition du langage et le développement cognitif chez de jeunes enfants», explique-t-elle. Des recherches qu’elle a débuté en Colombie-Britannique lors de son doctorat puis au Michigan (États-Unis) lors de son postdoctorat.
Elle n’est pas la seule à développer des sujets de recherche dans le CROC Lab. Les étudiants de deuxième cycle mènent également leurs propres projets de recherche avec l’aide des étudiants bénévoles de premier cycle du Campus Saint-Jean.
Lors de la cérémonie d’ouverture, la professeure a présenté plusieurs des études menées par ses étudiants au cours des trois dernières années telles que la manière dont les enfants pensent à la notion d’individu, la façon dont ils approchent la notion de catégorie (objets, couleurs, animaux, etc.), les attitudes des enfants envers les locuteurs de dialectes de langue française en Alberta, etc.
Avoir le CROC Lab dans la communauté francophone permettra de contribuer à la progression de la compréhension pédagogique du développement de l’enfant dans les programmes de langue française (francophone et immersion française).
«On veut vraiment nous intégrer dans la recherche communautaire», explique Kristan. Ayant besoin de la participation des familles et des enfants pour la plupart de leurs études, elle «le voit comme une relation réciproque» avec la communauté francophone.
Pour que cette relation réciproque fonctionne bien, la chercheuse a créé «un espace conçu pour les jeunes enfants». Le laboratoire lui-même est peint avec des murs bleu pâle et on y trouve avec des jouets pour enfants dans des boîtes, des tapis multicolores et des peintures des montagnes accrochées aux murs. Il y a même de petites chaises et de petites tables pour que les enfants puissent s’asseoir durant les recherches.
Kristan Marchak souhaite que de nombreuses familles se déplacent au centre de recherche, car l’équipe a «toujours plusieurs projets de recherche en cours […]. Mais tu dois prendre rendez-vous en ligne», précise-t-elle.
Ce laboratoire en milieu francophone est un choix judicieux et impératif. «On voulait donner aux enfants et à leurs familles l’occasion de visiter le Campus. On espère les inspirer à se voir là où la science prend place», décrit la directrice.
De nombreux étudiants qui ont évolué au CROC Lab ou qui y travaillent actuellement sont emballés par cette nouveauté au Campus Saint-Jean.
Cécilia Bernier, une étudiante en troisième année du baccalauréat en sciences, explique que grâce à Kristan et le CROC Lab, elle a pu commencer des recherches tôt dans son parcours universitaire.
Cécilia décrit que sa professeure «a été très supportive» en proposant à tous ces étudiants qui voulaient «faire de la recherche de la contacter». Dès la fin de sa première année d’études au Campus Saint-Jean, Cécilia rejoint le CROC Lab comme bénévole.
Son rôle est d’aider les étudiants en maîtrise. «On a fait de la collecte de données, de l’analyse, on fait de la communication pour expliquer ce qu’est la science aux parents» et aussi sensibiliser les jeunes enfants âgés de trois à douze ans qu’ils observent à leur démarche. Pour Cécilia, «c’était vraiment ma première expérience de recherche, donc j’ai beaucoup appris comment ça fonctionne et a un réel niveau».
Elle prévoit de continuer à travailler au laboratoire tout au long de ses études de premier cycle et réfléchit déjà à ses sujets de maîtrise. «J’aimerais développer mon propre projet un jour avec le CROC Lab […] peut-être faire quelque chose sur les langues, quelque chose sur l’éducation…», dit-elle.
L’expérience en recherche que Cécilia a acquise dans ce laboratoire fait d’elle une bonne candidate pour d’autres stages de recherches scientifiques francophones au Canada. L’été dernier, elle a complété un stage d’été en biologie de premier cycle en recherche au Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie (Laval, Québec) de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS)».
Elle estime aussi avoir acquis de nouvelles compétences pour «communiquer la science au public grâce à mon expérience au TELUS World of Science». L’élève est consciente que la communication et la vulgarisation scientifique sont des pratiques difficiles pour les gouvernements et les chercheurs. Et ce n’est pas l’époque pandémique qui contredira le flot de désinformation vécu par la population.
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
Selon André Bernard, directeur adjoint du Centre de l’information sur le marché du travail à Statistique Canada, les chiffres évoquant la surpopulation dans un logement et la nécessité de réparations majeures sont des indicateurs qui «peuvent déterminer quel est l’état du logement».
Ces indicateurs sont l’objet de normes élaborées «en collaboration avec la Société canadienne d’hypothèques et de logement», ajoute cet expert statisticien depuis vingt ans. Ils sont aujourd’hui essentiels pour comprendre les conditions de vie des citoyens.
En général, l’Alberta se situe dans la moyenne du Canada en ce qui concerne les problèmes de logement des populations autochtones. Mais la différence est grande lorsque l’on compare ces conditions de vie à celles de la population non autochtone.
«Si on va du côté du logement surpeuplé, 15,9% des Autochtones en Alberta vivent dans un logement surpeuplé comparativement à 8,1% chez les non-Autochtones», décrit celui qui était auparavant chef du Centre de la statistique et des partenariats autochtones. Un taux médian qui cache d’autres disparités nationales.
Mais ce chiffre augmente pour les Premières Nations vivant dans des réserves. «C’est 35,7% [des Premières Nations au Canada] qui vivent dans un logement surpeuplé», renforce le directeur adjoint, tout en validant que les chiffres albertains sont très proches. Les enjeux relatifs au logement touchent l’ensemble de la population autochtone, mais ils s’accentuent dans les réserves.
André Bernard indique que «les taux de logement surpeuplé et la nécessité de réparations majeures sont plus bas […] dans les grands centres urbains». Cela n’empêche pas la disparité avec la population non autochtone.
Ainsi, le taux évoquant la nécessité de réparations majeures des logements à Edmonton est de «9,1% pour les Autochtones contre 4,7% chez les non-Autochtones».
Ces chiffres ne minimisent pas la gravité de la situation de ces communautés en Alberta puisque la population autochtone dans les centres urbains est très importante. Selon André Bernard, «90 000 autochtones habitent à Edmonton et près de 50 000 vivent à Calgary».
Beth Muller est responsable des opérations liées au logement à Boyle Street Community Services. «Mon rôle, c’est de trouver différentes occasions et de développer des programmes et des options de logement pour les personnes avec lesquelles nous travaillons.» Elle indique qu’«à Edmonton, parmi les personnes accédant à Boyle Street, 51% sont des Autochtones».
«Les individus autochtones essaient souvent de trouver un meilleur logement lorsqu’ils vivent en zone rurale, ils se déplacent alors dans les centres urbains». Beth raconte qu’elle a entendu de nombreuses histoires de «personnes vivant dans des garages ou des garde-meubles» avant qu’elles deviennent des sans-abris.
Beth évoque notamment «de nombreuses femmes venues de communautés éloignées, de réserves et de communautés nordiques […] pour trouver du travail et un meilleur logement [et] qui se sont retrouvées dans des situations précaires et sans logement». Elle note qu’il y a plusieurs raisons à ces situations, mais elle évoque aussi le fait que «les femmes sont plus vulnérables que les hommes dans la rue».
Toutefois, André Bernard déclare que Statistique Canada n’a pas encore mené de recherches pour savoir s’il existe une corrélation entre les mauvaises conditions de logement en milieu rural ou dans les réserves et le fait de se retrouver un jour dans la rue. De plus, «les données recueillies sont celles des ménages, les sans-abris ne sont pas représentés».
Beth Muller dénonce à la fois le «racisme systémique» subi par les Autochtones qui cherchent un logement dans les centres urbains, mais aussi les difficultés éprouvées par les personnes vivant dans la rue. Elle évoque également la difficulté de trouver un logement décent.
Et lorsqu’ils y ont accès, Beth explique que certains «sont placés dans des appartements qui ne répondent pas aux normes auxquelles les gens s’attendent». Ils sont «souvent infestés de parasites, de punaises de lit et de cafards». De plus, «les Autochtones sont souvent très isolés», ce qui ne fait pas partie de leur culture «basée sur la communauté».
D’ailleurs, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le loyer mensuel moyen d’un appartement avec deux chambres est présentement de 1350$ à Calgary et de 1271$ à Edmonton. Un montant dispendieux pour les personnes qui nécessitent un logement familial à un prix abordable.
Beth Muller explique que même s’il y a de nouvelles initiatives pour assurer un meilleur accès au logement, «il faut non seulement des logements adéquats, mais aussi des ressources adéquates autour des individus».
Néanmoins, elle estime qu’il faudra non seulement plus de recherches sur les populations autochtones, mais aussi plus d’initiatives de la part des organisations pour créer des logements équitables pour les peuples autochtones, incluant les sans-abris.
Même si leur objectif est de créer des pâtisseries et des viennoiseries qui puisent leurs origines en France, celle qu’ils ont choisie pour représenter Noël cette année «vient du nord de la Belgique et du Luxembourg», explique Anthony.
Alors même si ce cramique a ses origines hors de l’Hexagone, «c’est, en France, une pâtisserie toujours dégustée durant le temps de Noël», assure Anthony. «On l’aime beaucoup», dit-il en souriant.
Le mot «cramique» a fait sa première apparition en 1831 et aujourd’hui, cette brioche est définie comme «un pain de 500 à 800 g, fait de farine blanche, enrichi de lait, de beurre et de sucre et garni de raisins secs».
Mais pour apporter une saveur de Noël à leur brioche, les deux pâtissiers professionnels ajouteront de la fleur d’oranger dans la préparation. «Cela donne un léger goût d’orange qui s’harmonise bien avec les brioches […] et rappelle le goût de Noël.»
Traditionnellement, le pain brioché cramique est garni de raisins secs, mais ils vont innover pour les gourmands qui préfèrent le chocolat et au grand plaisir de ceux qui n’aiment pas les raisins secs. «Cette année, je pense qu’on va faire les deux», ajoute Anthony.
À partir du moment où on crée une brioche, il y a des étapes importantes à suivre. L’étape du pétrissage est l’une d’entre elles. «D’abord, on mélange les liquides avec les œufs et le lait, puis on ajoute toutes nos matières solides, la farine, le sel, le sucre et la levure.»
Et n’oubliez pas de faire tremper vos raisins secs dans l’eau bouillante avant afin qu’ils soient bien gonflés au moment de les utiliser.
Finalement, on ajoute le beurre. C’est certainement pour cela que les «Albertains et les Français l’apprécient, on ajoute le beurre parce que le beurre est le plus savoureux», décrit le chef pâtissier.
Afin que la brioche cramique soit moelleuse, «la pâte doit reposer 24 heures» pour la laisser fermenter, tout en gardant un œil dessus. Si on laisse la pâte dans le frigo trop longtemps, «il peut arriver que la pâte ne gonfle pas quand on la met au four». Cela annule le processus de fermentation de la levure.
Si vous n’avez jamais mangé de pain aéré comme une brioche, Anthony recommande de couper une fine tranche et de la manger «avec un bon café ou un bon thé». Avec le goût aromatique de l’orange, les raisins secs et un peu de sucre fondu, les saveurs sont harmonieuses et il n’est pas nécessaire d’ajouter quoi que ce soit.
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Mais le pâtissier français dit que le consommateur peut aussi y ajouter ce qu’il veut. «Pour la brioche, je la réchauffe dans le four pour qu’elle reprenne son moelleux et j’ajoute du fromage à la crème, du saumon fumé, des échalotes avec un peu de jus de citron et c’est très bon», décrit Anthony.
Finalement, le pâtissier signale aussi qu’ils auront spécialement pour le temps des Fêtes une boîte de biscuits, un très beau cadeau pour leurs marchés de Noëls, cette année. «On est encore en train de finaliser le produit, mais ça va être quelque chose de spécial.»
«Il est important de ne pas culpabiliser les personnes pour leurs déchets ou leurs habitudes de consommation», explique Shawn Gray, membre du conseil d’administration à WFE et aussi responsable de la sensibilisation du public. «Mais nous voulons éduquer les gens sur les petits changements qu’ils peuvent faire dans leur vie.»
Durant les temps des Fêtes et le Vendredi fou (Black Friday), de nombreuses familles ont tendance à acheter toujours plus. «Pour chaque Canadien, on constate une augmentation de plus de 25 % des déchets pendant les temps des Fêtes», indique le représentant de WFE. Et «avec une culture de la consommation vient une culture du gaspillage», ajoute-t-il. Un gaspillage aujourd’hui synonyme de pollution et de réchauffement climatique.
Il suggère alors de réfléchir à la manière dont vous achetez et offrez les cadeaux cette année et de vous interroger : «Dois-je vraiment emballer ça? […] Est-ce que je pourrais le mettre sous le sapin sans emballage? Est-ce que je pourrais trouver des cadeaux usagés qui soient aussi bien?»
Il regrette l’utilisation de nombreux produits non recyclables en cette période festive. «Le papier d’emballage n’est pas recyclable en raison des colorants lourds et il est généralement recouvert de cire», décrit Shawn. Il ajoute que le ruban adhésif ne l’est pas non plus. À l’inverse, le papier journal et le papier brun sont recyclables. Shawn suggère «qu’il existe des façons uniques de plier le papier et de le fermer sans utiliser de ruban adhésif».
Afin de changer les habitudes de consommation, Shawn recommande d’offrir des expériences plutôt que des cadeaux. «On peut amener quelqu’un voir une pièce de théâtre, un film ou leur offrir un dîner», suggère-t-il. Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à «demander aux gens ce dont ils ont besoin… Peut-être qu’un ami a besoin d’aide pour payer ses factures». Cela évitera d’acheter des biens inutiles qui seront oubliés sur une étagère ou mis à la poubelle.
Et si vous produisez des déchets à Noël, il existe des moyens de les éliminer de manière plus responsable. Krista Wildemann, responsable du programme d’éducation sur la réduction des déchets pour la Ville d’Edmonton depuis 2018, suggère d’utiliser l’application mobile Waste Wise.
«Vous pouvez vous assurer que les déchets que vous produisez sont acheminés vers le bon flux». Si les déchets et les matières recyclables ne sont pas éliminés correctement, Krista indique que «cela prend un peu plus de temps et de ressources du côté du traitement».
Elle souligne d’ailleurs que la gestion des déchets des Fêtes demande une grande coordination du personnel et des équipements afin de faire face à l’augmentation des poubelles bien remplies. Les deux semaines après Noël, il y a «presque deux fois plus de déchets recyclables», décrit Krista.
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La Ville d’Edmonton offre aussi «le ramassage des arbres de Noël naturels». «Nous envoyons 35 à 40 camions pour ramasser les arbres et ces deux dernières années, ce sont 7000 arbres qui ont été ramassés chaque année», explique Krista Wildemann.
Au lieu de finir dans des sites d’enfouissement, «ces arbres sont généralement réduits en copeaux et vont au même endroit que les déchets de jardin». Ils peuvent alors servir de compost, de bois de chauffage ou de broyat afin de protéger certains arbres en les déposant sur le sol, près de ceux-ci.
Krista invite aussi les familles à apporter les objets dont ils ne se servent plus à un écocentre (reuse centre). Ils font la force de l’économie circulaire tant nécessaire pour lutter contre la surconsommation et les dérèglements climatiques dus à la surproduction. Ainsi, les produits sont réparés, lavés et donnés à ceux qui en ont le plus besoin. D’autres organismes acceptent les dons et peuvent revendre ces biens à moindre coût.
«Les décors de toute saison y sont acceptés.» Elle ajoute que c’est une très bonne option «si vous avez un arbre artificiel!» Elle estime aussi que de nombreux biens peuvent être réutilisés et que ces écocentres «acceptent même les cartes de Noël et les cartes de vœux usagées. Un autre moyen de détourner les déchets des sites d’enfouissement». Et si vous n’aimez pas vos cadeaux de Noël, ils trouveront toujours preneurs sur les étagères de ces organismes de bienfaisance. Elle invite la population «à essayer de créer des souvenirs plutôt que des déchets!»