De Toronto à la Colombie en passant par Québec et Banff, Maxime Beauregard embrasse le nomadisme avec aisance. C’est comme danseur contemporain qu’il est possible de le découvrir dans La Nuit des idées. Tour d’horizon de son parcours, marqué par la résilience, le courage et l’art.
Après des escales sur différents continents, Maxime Beauregard entame maintenant un voyage intérieur. Le danseur, qui obtient en 2016 son diplôme de la renommée école du Toronto Dance Theatre, a amorcé en septembre dernier une transition peu banale. « Je suis comme un papillon qui sort de son enveloppe ! », s’exclame Maxime.
En effet, une deuxième naissance a lieu. Il y a désormais « une connexion avec qui je suis à l’intérieur et mon enveloppe extérieure, soit mon corps. » Le natif de Saint-Hyacinthe demeure humble et reconnaissant de pouvoir vivre ce cheminement, de pouvoir être témoin de tous ces changements. « Être transgenre fait vraiment la différence », lance Maxime, surtout lorsque l’instrument de son art est son corps.
Redécouvrir la passion
Suite à des études en danse contemporaine puis en production d’arrière-scène, Maxime prend part à la tournée 2017-2018 de la compagnie Toronto Dance Theater comme aide-régisseur et technicien en costumes. Cette tournée l’amène aux quatre coins du Canada et en Colombie. Mais malgré les nombreux contrats qui s’offrent à lui, le cœur n’y est plus, l’épuisement se fait lourd et envahissant. Maxime décide de s’abandonner au mode de vie nomade dans un désir d’en apprendre davantage sur les médias sociaux et la création de vidéos.
Après avoir complètement soustrait la danse de sa vie pendant deux ans, le mouvement retrouve tranquillement son chemin, comme une lente ébullition. « J’avais besoin de retrouver d’où vient l’inspiration et la passion, j’avais besoin de me retrouver moi-même avant de retrouver la danse » explique l’artiste. C’est sur une plage en Colombie, avec comme seul public l’océan, que l’artiste retrouve l’élan créatif du mouvement.
Au bon moment au bon endroit
Maintenant réconcilié avec son « moi authentique » et sa pratique artistique, Maxime découvre la communauté drag king de Calgary. Son premier spectacle reste gravé : « j’ai été renversé […] ça m’a inspiré à commencer. » C’est donc en janvier 2019 que son personnage, ou « drag persona », d’Alek Ginger Bend a vu le jour. « C’est une partie de moi qui n’avait pas d’espace. Cela me permet d’explorer plusieurs aspects de moi, masculin, féminin, artistique, sensuel. Je peux choisir ce que j’ai envie de montrer aux gens », précise Maxime à propos de son personnage et de l’art drag.
L’artiste affectionne particulièrement cette pratique puisque d’une part cela est « un bon moyen d’incorporer le mouvement dansé et d’introduire la danse contemporaine dans les numéros » et d’une autre part cela permet de défier l’identité de genre et de le représenter sur scène.
« L’art du drag, c’est un art fluide, il n’y a pas une seule façon de créer de l’art », explique Maxime qui a gagné deux compétitions avec Alek Ginger Bend. Qu’est-ce qu’il faut pour être un bon drag king ? « Avoir du fun ! », lance le danseur en riant.
Un potentiel à développer
L’interprète d’Alek Ginger Bend constate qu’il y a un grand potentiel de développement du milieu de la danse en Alberta : « il n’y a pas un grand historique de danse à Calgary comme à Toronto ou Montréal où il n’y a pas beaucoup d’espace pour du nouveau. » Maxime remarque que la petite communauté de danse contemporaine rassemble des gens inspirés et inspirants, mais que l’énergie de la province est davantage tournée vers le théâtre.
Sa performance dans La Nuit des idées lui a permis de vivre une expérience nouvelle par son caractère numérique et de se plonger davantage dans le milieu de la danse contemporaine de la province.
Son parcours trans lui fait souligner que l’Alberta gagnerait beaucoup à mettre davantage de l’avant la diversité et « qu’il y a un réel besoin de créer de l’espace pour tout le monde ».
Pour suivre Maxime Beauregard:
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