Petit retour en arrière. C’est dans les années 1860 au Colorado (États-Unis) que John B. Stetson a eu l’idée de génie d’inventer un chapeau de qualité en feutre de fourrure pour les cowboys après un voyage dans l’ouest du pays.
Ce matériau composé de fibres naturelles, telles que le coton, la laine de mouton ou les poils d’animaux, reliées entre elles, assure une solidité à toute épreuve au chapeau. Bien sûr, aujourd’hui, il en existe aussi en fibres synthétiques, moins onéreux.
Avec une couronne haute pour couvrir le haut du crâne et un large bord rigide pour protéger le visage, le cou et les épaules des rayons du soleil, son créateur ne pensait pas qu’il allait révolutionner toute une culture avec ce couvre-chef.
Vendu en millions d’exemplaires dans le monde entier, le Boss of the Plains (le patron des plaines), aujourd’hui Stetson en hommage à son créateur, est LE chapeau de cowboy par excellence.
Un chapeau de cowboy blanc pour Calgary
La ville de Calgary a, elle aussi, son propre modèle : le fameux chapeau de cowboy blanc. C’est en 1946 que Morris Schumiatcher, rebaptisé Smith, a l’idée de ce fameux «White Hat». Variation de l’original Stetson, il ne connaîtra le succès que l’année suivante lorsque la famille du pétrolier William Stewart Herron le revêt avec fierté à l’occasion du Stampede.
Rob Lennard, historien bilingue spécialisé dans la période western albertaine du Ranch historique de la vallée de la Bow, prend plaisir à narrer cette histoire. «Et devinez quoi, la famille a gagné le prix de la meilleure tenue lors de la parade!», relate le directeur de l’éducation et de la sensibilisation au Ranch historique de la vallée de Bow.
À la suite de cet événement, l’équipe de football de Calgary, les Stampeders, participe à la finale de la Coupe Grey, championnat de la Ligue canadienne de football (LCF), en 1948. Afin d’assister à l’événement se déroulant à Toronto, des centaines de fans font le voyage, le chapeau de cowboy blanc sur la tête. Un choix vestimentaire qui a permis à ce couvre-chef d’atteindre une certaine renommée.
Aujourd’hui, bien que de nouveaux propriétaires aient repris les rênes de la boutique Smithbilt Hats, située à Calgary, sa réputation est restée intacte.
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Un chapeau créé sur mesure
C’est avec le sourire, un café à la main, que Brian Hanson commence la journée dans l’atelier de Smithbilt Hats. Au milieu des différentes machines, il aime son métier. «J’ai grandi dans un ranch en portant des chapeaux, alors c’est vraiment devenu une passion», explique le maître-chapelier.
Ici, tout est fabriqué sur mesure. Du choix de la taille à la couleur du textile, noir, marron, rose : il y en a pour tous les goûts. Une fois la calotte en feutre choisie, elle est placée dans une machine de moulage. Ensuite, un bloc en bois dur va définir la forme de la couronne grâce à la vapeur de l’appareil.
La deuxième étape consiste à presser la calotte, préalablement sablé pour obtenir une finition lisse, dans une presse hydraulique. À l’aide d’une matrice, moule ayant une forme spécifique, et d’une selle, semblable à celle d’un cheval, placée au-dessus, les bords du chapeau vont être façonnés. Selon les exigences du client, certains sont confectionnés à la main.
Il ne reste plus qu’à personnaliser l’accessoire. Ceinture, doublure et bourdalou, tous sont cousus manuellement. Un savoir-faire dont Brian Hanson est fier. «Chaque client peut avoir son propre chapeau.»
Plus qu’un couvre-chef, un réel symbole
C’est aussi cette singularité entre chaque accessoire qui attire de nombreux curieux. Les passionnés de western, les policiers de la ville et même le cinéma, tous réclament l’expertise de Smithbilt Hats.
Comme le Stetson l’a été, le White Hat a été porté par de nombreux acteurs. Kevin Costner dans Open Range ou Brad Pitt dans Légendes d’automne en ont été de fiers ambassadeurs.
Qui aurait pu penser qu’un simple accessoire deviendrait le symbole de toute une culture western? Pour Rob Lennard, il ne s’agit pas d’un simple chapeau, c’est une réelle symbolique.
Ce chanteur et compositeur de musique country n’a jamais la tête nue. Lors de ses concerts, il l’expose comme un trophée. «Le chapeau de cowboy signifie beaucoup pour moi et puis, avec, nos cheveux ne connaissent jamais de mauvais jours», dit en riant celui qu’on surnomme History Wrangler.
Et ce n’est pas Pascal Isabelle qui dira le contraire! Pour ce professionnel de rodéo, impossible de monter à cheval sans cet accessoire essentiel à la tenue. «Je ne peux pas mettre de chemise et de jean sans chapeau de cowboy», s’amuse ce Québécois installé aujourd’hui en Alberta.
Toutes les fins de semaine, il l’enfile aussi avant de partir en compétition. «C’est un peu une partie de mon équipement et de moi aussi», ajoute celui qui attend une invitation pour participer au Stampede 2022.
Rendez-vous donc le 8 juillet prochain pour arborer ce symbole de la culture western lors de l’emblématique festival ouest-canadien.