Claire Marrec est une exploratrice passionnée des nuances de l’être humain. Elle a trouvé son terrain de jeu dans les ressources humaines. Armée d’une expertise d’ingénieure en optimisation de processus et de plusieurs expériences professionnelles en France et au Canada, elle vous accompagne comme conseillère en carrière en vous apportant des points de vue uniques. Suivez-la dans cette aventure où le monde professionnel devient une toile à tisser avec joie!
Pour cette édition dédiée aux petites et moyennes entreprises (PME) et à l’emploi, je souhaitais vous livrer un témoignage plus intime sur mon expérience de salariée et d’entrepreneure. Une occasion pour vous inspirer comme j’ai pu l’être par d’autres témoignages d’explorateurs et d’exploratrices de la vie!
Tatillonner
Quoi de mieux pour explorer que lors d’une phase d’apprentissage! C’est lors de mes études d’ingénieure que j’ai été initiée à la notion d’entrepreneuriat, par simple curiosité. «Pourquoi pas?» est une réponse que je chéris, car elle ouvre toujours la porte à des expériences enrichissantes.
Les simulations de création d’entreprise, le travail de plan d’affaires, l’identification des problèmes rencontrés par nos clients potentiels ont éveillé un désir d’exploration et de créativité pour l’entrepreneuriat. Mais, à la sortie de l’école d’ingénierie, je souhaitais acquérir davantage d’expérience et prendre du recul.
Mon premier projet professionnel visait une immigration au Canada, mais avec mes origines françaises, voyager seule à l’autre bout du monde me semblait être un grand saut. J’ai donc commencé par un petit pas avec un voyage en sac à dos, en solo, en Thaïlande. Je qualifie souvent ce voyage d’initiatique, car il m’a appris beaucoup sur moi et sur la vie.
Cette aventure solitaire m’a appris à mieux jongler avec les attentes de la vie professionnelle et je ne peux que confirmer l’adage : «voyager ouvre l’esprit». Et ce, peu importe votre âge! Les défis des barrières linguistiques, l’adaptation aux outils utilisés, la compréhension des codes culturels ou encore le respect de nos besoins vitaux, tout nous ouvre rapidement à l’école de la vie!
De retour en France, billet d’avion pour le Canada en poche, j’attendais le départ pour venir en tant que visiteuse, déterminée à trouver un employeur sur place pour un permis fermé. Mais la COVID-19 m’a forcée à repousser mes projets pour une durée indéterminée, comme beaucoup d’entre nous!
Explorer de nouvelles voies
Finalement, cela a été une opportunité inespérée d’explorer plus profondément mes aspirations personnelles et professionnelles, ainsi que d’attiser ma curiosité pour le monde des médias de la radio, suite à une proposition d’un poste bénévole.
Après tout, «pourquoi pas?» J’ai pu devenir animatrice radio pour soutenir ma ville natale lors de cette période incertaine… jusqu’à devoir trouver un peu plus de stabilité financière, alors je me suis dit qu’il était temps pour moi de créer mon autoentreprise de coaching académique.
Cette entreprise était basée sur mes compétences en optimisation de processus, en enseignement et en neurosciences. Parfait pour explorer tout en ayant l’expérience du tutorat et de la gestion de projet pendant mes études! Le processus de création a été un réel bonheur pour connecter mes aspirations aux problématiques de mes clients et de mes clientes.
Cette première expérience en autonomie m’a réellement permis d’explorer la signification de l’entrepreneuriat, tout en ayant une certaine sécurité financière grâce aux indemnisations de chômage auxquelles je pouvais prétendre si jamais je ne faisais pas les chiffres espérés. Durant cette période, j’ai pu découvrir ce qui me convenait réellement dans l’entrepreneuriat. Notamment sur la façon d’être plus performante et épanouie en tant que cheffe d’entreprise.
Récemment, j’ai d’ailleurs découvert qu’une création d’entreprise a 33% moins de chance d’échouer si vous avez une certaine sécurité financière (chômage, salaire,…) contrairement à celles et ceux qui se lanceront à plein temps, sans ressource à côté (Academy of Management, 2014). On parle d’ailleurs d’entrepreneuriat hybride.
Se lancer
Après un an et demi à tester le monde de l’entrepreneuriat (et la joie des taxes en France), j’ai finalement trouvé une opportunité à Montréal pour devenir recruteuse et travailler en ressources humaines.
Mon temps au Québec s’est montré plein d’apprentissages du fonctionnement du marché du travail au Canada. Les codes sont différents, les relations avec les collègues le sont tout autant et il en est de même pour le Code du travail. D’ailleurs, littéralement, elles sont différentes en fonction du lieu où vous êtes puisque les lois sont gérées différemment entre les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral, ce qui ajoute parfois une certaine complexité.
Le Québec a été une fabuleuse expérience, mais c’est à mon arrivée à Calgary, ma ville de choix pour immigrer, que j’ai vraiment ressenti l’appel à me lancer dans l’entrepreneuriat et dans une carrière de conseillère en emploi grâce à mes expériences en ressources humaines.
Un peu de courage pour aller poser des questions et me voilà lancée dans un programme financé par le gouvernement pour développer mon entreprise et analyser sa viabilité. Des organismes comme Momentum (services en anglais) ou encore Parallèle Alberta pour les francophones et les francophiles sont de précieux alliés pour se lancer!
S’entourer
L’avantage de travailler pour un fournisseur de services, c’est que j’ai rapidement pu identifier les personnes à contacter pour m’épauler dans mon projet d’entrepreneuriat hybride. Je me suis également beaucoup investie dans une communauté de thérapie par la danse et cela m’a permis de rencontrer des personnes extrêmement intéressantes qui me sortaient en permanence de ma zone de confort.
Au travers de ces rencontres, je me suis rendu compte de l’importance d’appartenir à une communauté. Nous ne sommes pas des animaux solitaires et notre cerveau se nourrit toujours des interactions avec autrui.
Avec le programme entrepreneurial, j’ai pu être soutenue dans la création d’entreprise carrée. Valeurs, problématique définie et décortiquée au peigne fin, construction d’un équilibre professionnel de salariée, de cheffe d’entreprise et la vie personnelle, bref, autant de choses qui m’amènent aujourd’hui à penser que savoir s’entourer est essentiel.
Ce besoin de communauté n’est d’ailleurs pas nouveau. Avec la digitalisation, nos vies deviennent plus centrées sur les individus. Depuis des millénaires, les Premières Nations ont compris la puissance de s’unir, de se soutenir et de faire grandir chaque individu au sein du groupe. «Faire partie de…» est un sentiment crucial pour évoluer tant professionnellement que personnellement. En nous connectant aux autres, nous nous ouvrons à de plus grandes opportunités.
De ces expériences professionnelles et personnelles, j’ai retiré plusieurs leçons que je partage régulièrement lors de mes coachings académiques ou de carrière. La plus importante selon moi : ne pas rester seul ou seule. Les technologies évoluent rapidement, mais notre cerveau beaucoup moins, et nos besoins sociaux sont toujours aussi essentiels.
Entourez-vous! Faites du réseautage professionnel, mais aussi personnel. Tombez amoureux de la problématique que vous souhaitez résoudre si vous développez une entreprise… pas de votre solution! Encore une fois, tournez-vous vers l’autre.
Soyez curieux et curieuse. Testez de nouvelles choses chaque semaine ou chaque mois. Votre cerveau vous en remerciera d’ailleurs puisque c’est très bon pour sa santé (neuroplasticité). Et d’ailleurs, qu’allez-vous entreprendre de nouveau cette semaine?
Kenavo! (Clin d’œil à mes compatriotes bretons!)
Glossaire – Processus : Suite continue de faits