le Mercredi 16 avril 2025
le Jeudi 24 octobre 2024 22:00 Chronique «santé»

Les effets du stress sur la santé

Photomontage d’Andoni Aldasoro avec des images de Niklas Hamann, Joshua Fuller, Steve Johnson - Unsplash.com
Photomontage d’Andoni Aldasoro avec des images de Niklas Hamann, Joshua Fuller, Steve Johnson - Unsplash.com
L’automne constitue souvent une période de l’année où on se sent aisément submergé. La rentrée scolaire, le retour des vacances estivales, une charge de travail qui s’est accumulée… Bref, de quoi faire tourner la tête. Ce qui m’amène à vous parler du stress.
Les effets du stress sur la santé
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Dre Julie L. Hildebrand exerce en médecine familiale à Edmonton. Bilingue, elle est très heureuse de pouvoir répondre aux besoins de la francophonie plurielle de la capitale provinciale. Spécialiste du diabète, des dépendances et de l’utilisation du cannabis thérapeutique, elle privilégie la prévention et l’éducation.

Cette plaie qui, malgré son lot de désagréments, est une condition naturelle inévitable et omniprésente dans nos sociétés axées sur l’hyperproductivité. Bien que le stress soit en grande partie bénéfique à notre survie, nous protégeant lors d’un danger imminent, il peut devenir toxique s’il se prolonge. 

Il suffit de se rappeler notre passé préhistorique où nos ancêtres devaient constamment combattre pour se nourrir ou fuir pour ne pas faire l’objet du repas! Aujourd’hui, subir un stress aigu nous permet de fournir l’énergie nécessaire lors d’une entrevue, d’honorer ses échéances professionnelles, de payer ses factures ou de réussir lors d’un examen.

Au cours de cette réaction de survie, une batterie chimique se met en branle à partir de l’activation de la réponse autonomique dictée par l’hypothalamus au cerveau. Ce dernier envoie un signal aux glandes surrénales afin qu’elles libèrent les hormones de stress dans le sang, en commençant par l’adrénaline. Ceci aura pour effet d’augmenter les rythmes cardiaque et respiratoire, de faire hausser la tension artérielle, d’accélérer la circulation sanguine, de tonifier les muscles et d’entraîner une attitude d’hypervigilance pour faire face à l’adversaire. 

Sur le plan énergétique, c’est une opération bien coûteuse pour l’organisme, quoiqu’en principe, elle ne devrait se produire que sur un court laps de temps. Néanmoins, si la situation de stress devient chronique, le cortisol, une autre hormone de stress provenant des glandes surrénales, viendra remplacer progressivement l’adrénaline en induisant des taux élevés de glucose et de cholestérol sanguins, tout en diminuant l’efficacité du système immunitaire. Bien évidemment, cette cascade aura des effets délétères sur la santé physique et mentale des individus. 

Tous victimes du stress

 La majorité des Nord-Américains rapportent éprouver un stress important, dont 20% estime qu’il est extrêmement élevé. Étonnamment, seulement 37% des gens jugent qu’ils possèdent de bonnes méthodes pour le contrer et vivre harmonieusement. Constat qui s’est aggravé depuis l’avènement de la pandémie de COVID-19. 

Les causes de stress et la perception qu’en ont les individus varient grandement. Les jeunes adultes et les personnes en âge de travailler ont tendance à signaler des niveaux de stress plus élevés que les groupes plus âgés. Les femmes dénoncent souvent des niveaux de stress supérieurs aux hommes en raison de divers facteurs sociaux et économiques. 

Aussi, les personnes qui qualifient d’insurmontable leur niveau de stress ou qui ont tendance à la catastrophisation en souffrent plus sévèrement que celles qui pratiquent la résilience. Certaines études ont même affirmé que les «pessimistes» auraient une plus forte probabilité de décéder précocement.

Causes et effets

 Le travail est de loin la source la plus fréquente de stress, particulièrement en ce qui a trait aux relations de travail, à la focalisation sur le rendement, aux méthodes managériales douteuses, à l’insécurité d’emploi, aux préoccupations concernant l’équilibre travail-vie personnelle et au surmenage

Les difficultés financières (dettes, coût de la vie) ou familiales (éducation des enfants, problèmes conjugaux, séparation, perte d’un être aimé), les problèmes de santé, l’impact de l’environnement (urbanisation, temps pour se rendre au travail, bruit, pollution, criminalité) et de la technologisation (obligation de s’adapter continuellement à de nouveaux outils technologiques, empressement à répondre aux courriels ou aux appels téléphoniques, participation sur les médias sociaux) sont d’autres sources importantes de stress.

Les effets du stress sur la santé peuvent être variés :

  • Système cardiovasculaire : hypercholestérolémie, hypertension, augmentation du rythme cardiaque, risque accru de crise cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral.
  • Système respiratoire : exacerbation de l’asthme, essoufflements.
  • Système digestif : reflux gastrique, crampes abdominales, ulcères peptiques, diarrhée, constipation, nausée et (parfois) vomissement, syndrome du côlon irritable, exacerbation de la colite ulcéreuse.
  • Système immunitaire : affaiblissement du système immunitaire rendant le corps plus vulnérable aux infections répétitives (rhume, herpès) et à l’apparition de certaines maladies, dont le cancer.
  • Système musculosquelettique : tensions musculaires au niveau du cou, des épaules et du dos, maux de tête et migraines en raison de la contraction persistante des muscles.
  • Système nerveux central : insomnie, dépression, anxiété, irritabilité, fatigue mentale, difficulté à se concentrer, à résoudre des problèmes ou à prendre des décisions, troubles de la mémoire, procrastination, baisse de la motivation, abattement et négativisme.
  • Système endocrinien : syndrome métabolique, apparition du diabète et de l’obésité.
  • Système reproducteur : diminution de la fertilité (cycle menstruel ou production de spermatozoïdes affectés) baisse de la libido et dysfonction érectile.
  • Système tégumentaire : acné, psoriasis, eczéma, perte des cheveux, vieillissement prématuré.

 

De plus, le stress peut conduire à des mécanismes d’adaptation malsains, des comportements inadéquats tels que l’abus de substances (drogues, alcool et tabagisme), la suralimentation, la sédentarité, le jeu pathologique, l’achat compulsif, l’absentéisme au travail et le retrait social.

Des pistes pour aller mieux

Pour atténuer ces effets, il est essentiel d’adopter des techniques de gestion du stress. Au quotidien, apprenez à identifier vos limites. Utilisez des outils de gestion du temps pour organiser vos tâches et éviter de vous sentir dépassé. Apprenez à prioriser les tâches importantes et à déléguer lorsque cela est possible. Intégrez des pauses régulières dans votre journée pour vous détendre et vous recentrer. Cherchez les causes de votre stress afin de tenter de les éliminer. Lâchez prise pour ce qui est des situations où vous n’avez aucun contrôle.

 

Après avoir appliqué ces bonnes méthodes, faites plaisir à l’être le plus important de votre vie, vous-même. Le choix d’une activité physique régulière, le maintien d’une alimentation saine avec une réduction consciente de la consommation de caféine et d’alcool, l’adoption d’une bonne hygiène de sommeil, la pratique de la pleine conscience et de la méditation, les bains chauds, la musique et les massages, la création d’un réseau de soutien social solide et la participation à des loisirs ou des activités qui apportent de la joie sont toutes des solutions prouvées efficaces dans l’abolition du stress. 

Ne négligez pas les bienfaits de l’humour, de la gratitude et de l’optimisme dans cette équation. Travaillez à remplacer les pensées négatives par des pensées positives et réalistes. Si besoin est, envisagez de consulter un thérapeute pour apprendre des façons de gérer votre stress et pour développer de sains mécanismes de défense.

Glossaire – Surmenage : Épuisement psychique, état dépressif résultant d’une fatigue extrême