Sous-financement chronique, compressions budgétaires du gouvernement provincial et gestion de la pandémie de Covid-19, le Campus Saint-Jean (CSJ) souffre depuis plusieurs mois. Devant ces difficultés, Ottawa accorde un financement additionnel majeur. Un moyen d’aider le Campus Saint-Jean, mais aussi de provoquer le gouvernement de l’Alberta.
IJL – Franco.Presse – Le Franco
En effet, alors que l’éducation est de compétence provinciale, les coûts engendrés par les établissements postsecondaires peuvent être partagés entre les deux paliers gouvernementaux.
C’est ainsi que mercredi dernier, la ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly, a annoncé que le gouvernement fédéral payera jusqu’à 95% de ces frais pour un an. Un pourcentage revu à la baisse la seconde année (75%).
Cet investissement est tiré d’un nouveau budget de 121,3 millions de dollars dédiés aux établissements postsecondaires de langue minoritaire à travers le pays.
Selon la ministre, ce coup de pouce devrait agir comme une pression sur le gouvernement de l’Alberta qui n’a pas utilisé la précédente enveloppe fédérale pour venir en aide au Campus. Résultat : le seul établissement postsecondaire d’expression francophone de la province a dû couper 77 cours l’an dernier.
Les «yeux rivés sur une solution à long terme»
Dans le cadre de sa campagne #SauvonsSaintJean, l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) avait demandé l’aide du gouvernement du Canada. Une demande qui semble avoir été entendue. Dans un communiqué de presse, l’Association se dit heureuse de cet appui, cependant selon ses écrits il s’agit d’une «solution intérimaire». En effet, au terme de ces deux ans, Ottawa retournera à la norme antérieure, soit un partage des coûts qui atteint jusqu’à 50% pour les établissements postsecondaires de langues minoritaires.
Bien que la gestion de la pandémie de Covid-19 soit ciblée comme l’une des causes de la dégradation du financement accordé à l’établissement, son sous-financement est «chronique». C’est d’ailleurs pour cette raison que les membres de l’Assocation gardent les «yeux rivés sur une solution à long terme».
Elle continue à déplorer l’apathie du gouvernement de Jason Kenney face à la situation instable du CSJ. Sheila Risbud, la présidente de l’ACFA, invite d’ailleurs la province «à faire sa part et à collaborer avec le Campus Saint-Jean afin de déposer un projet structurant pour les trois prochaines années».
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De son côté, la présidente de l’Association des Universitaires de la Faculté Saint-Jean (AUFSJ), Jeanne Joannie Fogue Mgamgne, affirme que «c’est une victoire pour le Campus Saint-Jean».
Une victoire qui s’est gagnée avec près de trois mois de travail acharné. En effet, depuis le mois de juin, l’AUFSJ et l’ACFA travaillent main dans la main pour relancer la campagne #SauvonsSaintJean. «Nous avons fait notre plaidoyer en mettant l’emphase sur le fait que nous ne pouvons pas avoir accès à ces fonds [d’Ottawa], si le fédéral ne met pas de pression sur la province pour nous donner l’argent», insiste Jeanne Joannie Fogue Mgamgne
De la même manière que ceux de l’ACFA, les membres de l’association étudiante de la faculté ne sont pas pas aveuglés par l’enthousiasme provoqué par cette annonce. Il reste du travail à faire : «Nous comprenons que ce n’est pas une solution à long terme. Nous devons encore revoir comment travailler avec la province».
La campagne #SauvonsSaintJean continue, mais la réalité et la situation financière des étudiantes et des étudiants auront davantage de place dans les futurs débats et discussions.