Ce n’est un secret pour personne, utiliser le français à l’extérieur des établissements scolaires alors que ce n’est pas votre langue maternelle est un défi. En Alberta, les occasions manquent et l’insécurité linguistique s’installe. Pour contrer ce phénomène, il faut parfois compter sur la passion du français, une émotion qui fait souvent la différence dans son apprentissage.
IJL – Franco.Presse – Le Franco
Luc Dupont, le directeur général de Francophonie Jeunesse de l’Alberta (FJA), en convient, «briser la barrière de langue d’apprentissage est difficile». Selon lui, la perception du jugement des autres joue pour beaucoup.
Il soutient qu’un francophile qui arrive dans la communauté francophone doit se sentir rapidement intégrer pour oser s’exprimer librement dans la langue française. « S’ils se sentent jugés, ça va leur créer un blocage », explique-t-il.
Sarah Fedoration, une fière francophile issue des écoles d’immersion française le confirme. Ancienne étudiante du Campus Saint-Jean, elle n’a jamais été à l’aise de parler en français lors de ses études postsecondaires. Des personnes ont, entre autres, corrigé les erreurs dans son parler et jugé son accent. « J’étais très intimidée par la culture et les francophones en général », enchérit-elle en riant.
Avant de débuter ses études postsecondaires, elle n’avait jamais pu discuter avec des francophones natifs de l’Alberta. « J’ai toujours interagi avec des étudiants et des enseignants des écoles d’immersion », se remémore-t-elle. Elle a renoué avec sa passion du français grâce à l’école de danse francophone, La Girandole, lors de sa première année d’enseignement à l’école d’immersion française.
« Aujourd’hui, lorsque je donne un discours [en français], mon accent égale ma fierté. Il démontre que je prends des risques dans ma deuxième langue », déclare-t-elle.
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Le but d’apprendre le français
Bien que l’Alberta soit une province majoritairement anglophone, Luc Dupont souligne qu’il y a souvent une motivation sous-jacente derrière l’apprentissage du français. Celle-ci peut être un futur voyage, un futur emploi ou un retour vers ses origines francophones.
« J’aimerais aller en France et au Québec. Et avant ça, j’ai pensé qu’il fallait que j’apprenne le français », mentionne Seniha Gulluk, étudiante à la mineure de français à l’Université de l’Alberta.
La jeune femme de 17 ans a réalisé son parcours scolaire en anglais, mais c’est grâce à l’offre de cours de français qu’elle s’est familiarisée avec la langue. Elle regrette néanmoins le manque d’occasions de discuter en français à l’extérieur de la classe. Son entourage ne le parle pas et le temps lui manquait pour se perfectionner.
Se créer des occasions
La pause imposée par la pandémie a permis à Seniha Gulluk de se consacrer à son apprentissage. Les yeux scintillants de passion pour la langue de Molière, elle se remémore la vidéo en français qu’elle visionnait tous les jours. Maintenant, elle est capable d’écouter sa série préférée, Lupin, le gentleman cambrioleur, sans avoir besoin de sous-titres.
Pour parler avec assurance, l’organisme Le français pour l’avenir l’a aidé. Dans le cadre de leur programme Jeunes leaders bilingues, l’adolescente participe à leur club de lecture. Des rencontres virtuelles et hebdomadaires qu’elle affectionne. Elles lui permettent d’échanger en français avec des jeunes de partout au Canada et soulignent la diversité de leurs accents.
La francophile se crée maintenant des occasions de parler en français à Edmonton. Son astuce est d’emmener ses amis au Café Bicyclette, l’endroit par excellence pour discuter dans la langue officielle canadienne qu’elle apprivoise.
Tout sourire, la jeune femme est fière de mentionner que son français lui a permis de travailler en tant que préposée bilingue au scrutin lors des élections fédérales. Un bilinguisme qui, selon elle, lui apportera d’autres possibilités d’emploi.
Francophonie Jeunesse de l’Alberta est un organisme sans but lucratif qui rassemble les jeunes francophiles et francophones de l’Alberta âgés de 14 à 25 ans.