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le Dimanche 27 février 2022 9:00 Éducation PR

L’aide spécialisée dans les écoles anglophones difficiles à recevoir pour les francophones

Élisabeth Perreau-Linck, neuropsychologue et vice-présidente aux communications de l’Association québécoise des neuropsychologues du Québec. Mélina Roy, «il a beaucoup de difficultés à se faire des amis. Il est très solitaire. Il y a beaucoup de personnes qui le rejettent. Ce n’est pas vraiment facile sur le cœur d’une mère.» Gisèle Bourque, directrice générale adjointe du Conseil Centre-Nord. Crédit : Courtoisie
Élisabeth Perreau-Linck, neuropsychologue et vice-présidente aux communications de l’Association québécoise des neuropsychologues du Québec. Mélina Roy, «il a beaucoup de difficultés à se faire des amis. Il est très solitaire. Il y a beaucoup de personnes qui le rejettent. Ce n’est pas vraiment facile sur le cœur d’une mère.» Gisèle Bourque, directrice générale adjointe du Conseil Centre-Nord. Crédit : Courtoisie
L’aide spécialisée dans les écoles anglophones difficiles à recevoir pour les francophones
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L’école anglophone semble alléchante pour les familles francophones qui désirent que leurs enfants apprennent l’anglais. Néanmoins, pour celles qui ont des enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux, ce choix peut leur causer certaines difficultés lorsqu’il est temps d’obtenir de l’aide spécialisée. 

Gabrielle Beaupré
IJL – Réseau.Presse – Le Franco

En 2020, le conjoint de Mélina Roy, un membre des Forces armées canadiennes, est transféré sur la base de soutien de la 3e Division du Canada. Avec leurs quatre enfants, ils s’installent donc à Edmonton.

Pour la scolarité de leurs enfants, l’école anglophone semble la meilleure option. «On veut leur donner la chance de pouvoir étudier en anglais afin qu’ils puissent apprendre leur deuxième langue sur les bancs d’école.» Toutefois, en y inscrivant leurs enfants, le couple affronte des difficultés pour leur puîné.

Ce dernier souffre d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). En commodité, il présente une dyslexie, une dysorthographie, des difficultés langagières et une mémoire à court terme. «Si je lui dis non, il vient me voir deux minutes après. Il ne se souvient pas de ce qu’il vient de me demander.»

Cette situation est très difficile pour Mme Roy. «Il a beaucoup de difficultés à se faire des amis. Il est très solitaire. Il y a beaucoup de personnes qui le rejettent. Ce n’est pas vraiment facile sur le cœur d’une mère.»

«Il a beaucoup de difficultés à se faire des amis. Il est très solitaire. Il y a beaucoup de personnes qui le rejettent. Ce n’est pas vraiment facile sur le cœur d’une mère.» Mélina Roy

Le diagnostic a été posé en 2018 au Québec par un neuropsychologue. Ce dernier est un expert des relations entre le cerveau et le comportement. D’ailleurs, il évalue les fonctions cognitives du cerveau, c’est-à-dire «tous les processus mentaux que l’humain va utiliser pour interagir avec son environnement comme apprendre, comprendre, raisonner, mémoriser et parler», explique Élisabeth Perreau-Linck, neuropsychologue de formation et vice-présidente aux communications de l’Association québécoise des neuropsychologues du Québec (AQNP).

Les difficultés du français

Parce qu’il a été rédigé en français seulement, le rapport de confirmation diagnostique pose problème pour le personnel de l’école fréquentée par le fils de Mme Roy. En effet, aucun employé scolaire n’est familiarisé avec la langue de Molière, alors personne n’est en mesure de comprendre le diagnostic du jeune garçon. Actuellement, ses besoins ne sont pas ciblés et il n’a pas accès à des services spécialisés comme ceux d’un orthophoniste.

Compte tenu de la situation, Mélina Roy doit recommencer la démarche auprès d’un neuropsychologue afin que ce dernier refasse un diagnostic à son garçon et écrive un rapport en anglais. Dans le meilleur des mondes, elle aimerait rencontrer un neuropsychologue bilingue. Toutefois, la pédiatre Dre Isabelle Chapados confirme qu’il n’y en a aucun qui est capable de s’exprimer en français.

Les surprises de la langue

Pour évaluer les troubles cognitifs, le neuropsychologue peut utiliser une panoplie de test. Élisabeth Perreau-Linck explique que le choix du test sera en fonction des processus mentaux que l’expert veut évaluer. Les enfants, en raison de leur bas âge, sont fréquemment soumis à des tests d’intelligence afin d’évaluer leur quotient intellectuel.

Certains tests peuvent se faire avec un papier et un crayon. «L’enfant a des consignes à respecter et il doit, par exemple, encercler tous les symboles précis qu’on lui donne à chercher», mentionne la neuropsychologue.

D’autres demandent l’utilisation du langage. Mme Perreau-Linck souligne que si l’enfant fait le test dans une langue qu’il ne maîtrise pas, les résultats peuvent être biaisés en raison d’un manque de compréhension et de fluidité.

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Élisabeth Perreau-Linck nuance que pour l’enfant bilingue, c’est mieux qu’ils réalisent ce test dans la langue dans laquelle ils sont instruits plutôt que celle parlée à la maison. En effet, ces tests sont un peu similaires aux activités reliées à l’apprentissage de l’enfant dans les salles de classe.

«Les interprétations des résultats peuvent être nuancées en fonction de la langue de scolarisation de l’enfant, son niveau d’aisance dans la langue qui est utilisée pour l’évaluation, même si ce n’est pas sa langue maternelle», rassure-t-elle.

Et dans les écoles francophones?

Au Conseil scolaire Centre-Nord, Gisèle Bourque, la directrice générale adjointe, indique que les parents peuvent leur soumettre des rapports médicaux et les dossiers scolaires de leurs enfants dans les deux langues officielles puisque les employés sont bilingues.

Toutefois, pour les enfants provenant du Québec, elle indique qu’il est préférable que ce soit les parents, et non l’école, qui fournissent les dossiers. Par rapport aux autres provinces, «c’est très difficile d’obtenir du Québec les dossiers des enfants». Elle conseille aux parents arrivant du Québec de leur soumettre ces dossiers «quelques mois en avance afin qu’on puisse l’étudier et être prêt lorsque l’enfant arrivera».