Mélodie Charest
Un carburant qui n’émet pas de gaz à effet de serre (GES) pendant sa combustion, c’est une utopie? Certainement pas à en croire les dires de David Layzell, directeur du Canadian Energy Systems Analysis Research (CESAR) à l'Université de Calgary. L’hydrogène s’impose de plus en plus dans le paysage énergétique de la province.
Mélodie Charest
Ce n’est plus un secret, l’Alberta est la province la plus polluante du pays. La moyenne canadienne des émissions de gaz à effet de serre (GES) du transport est de 5,8 tonnes éqCO2 par personne par année. La moyenne albertaine est de 10,4 tonnes éqCO2.
Selon les prévisions du gouvernement fédéral, le marché mondial de l’hydrogène pourrait atteindre 11 billions de dollars et générer 350 000 emplois au Canada au cours des trois prochaines décennies.
David Layzell, directeur du Canadian Energy Systems Analysis Research (CESAR) à l’Université de Calgary. Crédit : Courtoisie
En novembre dernier, Développement économique Canada pour les Prairies (PrairiesCan) et Alberta Innovates octroient une enveloppe de 2,8 millions de dollars à C-FER Technologies pour moderniser une installation d’hydrogène dans la capitale albertaine. En amont de ce financement, le gouvernement Kenney a travaillé sur une feuille de route pour rendre plus accessibles le financement des projets de production d’hydrogène et les partenariats public-privé (PPP).
Pour David Layzell, si l’Alberta a réussi à se tailler une place dans ce marché, c’est qu’elle est «l’un des endroits les moins chers au monde pour fabriquer de l’hydrogène à faible teneur en carbone».
Malgré les annonces réjouissantes et l’engouement pour l’hydrogène, David Layzell reste lucide. L’utilisation de cette source alternative nécessite plusieurs interventions étatiques. En plus de devoir créer de nouveaux systèmes énergétiques pour rendre l’hydrogène davantage accessible comme carburant, il faut rechercher des pôles d’hydrogène, des régions où «l’échelle de l’offre, de la distribution et de la demande [rendent] les coûts bas et où l’investissement public continu n’est pas nécessaire».
Quelle est la couleur de l’hydrogène?
L’hydrogène que produit l’Alberta est bleu. Toutefois, il existe d’autres couleurs. Par exemple, le gaz naturel produit de l’hydrogène gris. Contrairement à l’hydrogène bleu, les émissions de GES de cet hydrogène ne sont pas stockées : neuf kilogrammes de CO2 sont produits par kilogramme d’hydrogène, soit près du double de l’hydrogène bleu. De son côté, l’hydrogène vert est produit grâce aux énergies renouvelables comme l’énergie éolienne ou le soleil. Dans ce cas-ci, aucun GES n’est émis. Dans tous les cas, peu importe la couleur de l’hydrogène, ce gaz n’émet pas de GES lors de sa combustion.
C’est quoi éqCO2?
L’équivalent en dioxyde de carbone est un indice qui compare les impacts environnementaux de l’ensemble des GES sur l’environnement.