Chloé Liberge
Chloé Liberge
Depuis plusieurs années, on aperçoit un nombre incalculable de friperies voir le jour dans notre environnement urbain. Que ce soit des petites boutiques remplies de vêtements et de bibelots en tout genre ou de grands magasins d’occasion avec plusieurs rayons, le marché de la seconde main explose. Un point positif pour l’environnement, mais pas seulement.
Lucie Brouillard, maquilleuse professionnelle, voit aussi cette façon de consommer comme un moyen d’économiser de l’argent. Originaire de l’Estrie, au Québec, elle part très jeune faire le tour de l’Europe en camping et doit, par conséquent, faire attention à son budget. Une habitude qui est devenue au fil des années une routine bien rodée. «C’était par souci d’économie, puis c’est devenu une habitude.»
Lucie se rend souvent à l’Armée du salut, qui vend toutes sortes d’articles d’occasion à bas coût. Là-bas, elle achète de tout, mais principalement des vêtements. Seul bémol : il faut fouiller avant de trouver la perle rare. «C’est comme aller à la chasse, on ne sait pas ce qu’on va trouver.» La maquilleuse précise, «le plus souvent, on trouve des marques de très bonne qualité, car les gens ont la philosophie de consommer et de ne pas garder, alors que nous on va le garder très longtemps ou même le réparer au lieu de jeter».
Le «nous» dont elle parle, c’est elle et sa petite famille. Cette mère transmet également cette philosophie à ces enfants en leur apprenant à coudre, par exemple. Ainsi, cela leur permet d’économiser de l’argent qu’ils mettent de côté pour faire des voyages ensemble. «Les sous qu’on a gardés, on les utilise pour voyager. On a été en Inde, au Vietnam. On a fait le tour de l’Europe avec nos enfants, il y a cinq ans. Le principe, c’est qu’il y est plus d’argent qui rentre plutôt qui sort.»
Une pratique que partage également Tam-Ella Seamans, retraitée de 62 ans. Adepte des friperies, elle aime le côté original de certaines pièces. «Les magasins d’aubaines ont des choses que je n’ai jamais vues auparavant. Je trouve souvent ce que j’appelle des trésors comme des lunettes qui sont fabriquées en Allemagne.»
Cette cliente précise néanmoins qu’il faut faire preuve de patience avant de tomber sur une pépite. «Tout peut vous sembler cher pour vous maintenant, mais si vous vous accrochez, un certain jour, avec un peu de chance, vous obtiendrez un bon prix.»
Tout comme Lucie Brouillard, il y a le côté financier à prendre en compte, mais Tam-Ella aime aussi le fait que ce soit pour une bonne cause. «Je fais beaucoup de friperies, mais il y en a certaines où je vais parce qu’elles rendent service à la communauté. Et leurs prix sont extraordinairement bas. On leur donne beaucoup de nouveaux vêtements!» Elle y trouve souvent des vêtements de qualité et rarement portés.
Parmi toutes les enseignes de seconde main, Goodwills comme les autres, accepte toutes sortes de dons qu’elle revend après à bas coût pour les personnes dans le besoin. «Notre objectif principal est d’aider les gens à se remettre sur pied et à acheter les choses dont ils ont besoin et qui sont à un coût raisonnable», explique Jasmine Robinson, coordonnatrice de l’intégrité de la marque et du marketing pour Goodwill Industries en Alberta.
De plus, 90% du prix de chaque article vendu est reversé à leur mission qui consiste à fournir des occasions d’emploi et des formations professionnelles ou des possibilités de bénévolat pour les personnes handicapées.
En ce qui concerne les vêtements, on trouve de tout : pantalons, chandails et même robes de mariée. Avec une telle multitude de produits, difficile à croire qu’on vient de surmonter une énorme crise économique. «Pendant la pandémie, nous avons battu des records : la plus forte demande de dons que nous ayons jamais reçue. C’était une année incroyable».
Pourtant, malgré cet énorme élan de charité, beaucoup de personnes se sont retrouvées dans le besoin. «Les gens ont été congédiés et personne ne savait quand la situation reviendrait à la normale, alors les gens surveillaient de très près leur budget. Nous avons vu qu’il y avait beaucoup de nouveaux visages dans nos magasins, qu’il s’agisse de dons ou d’achats.»
Ainsi, depuis 2020, beaucoup de friperies ont ouvert leurs portes. Une bonne action pour l’environnement, mais pas forcément pour notre budget. Cette augmentation de la demande peut aussi faire augmenter les prix en magasins.
Une remarque déjà observée par Tam-Ella. «Je ne sais pas pourquoi, mais depuis plusieurs années, les prix des friperies en général ont augmenté.» Malgré cette légère hausse, ces magasins d’occasion demeurent toujours un excellent moyen de trouver des vêtements uniques moins chers que ceux achetés en boutique.
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