le Samedi 27 avril 2024
le Mardi 27 février 2024 13:00 Environnement

Une année pour capturer les aurores boréales

Cabanes canadiennes sous des aurores boréales, dans le nord de l’Alberta. Photo : Courtoisie - Paul Lavoie
Cabanes canadiennes sous des aurores boréales, dans le nord de l’Alberta. Photo : Courtoisie - Paul Lavoie
(IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO) - Alors que l’année 2024 s’annonce intense en activité solaire, la chasse aux aurores boréales est lancée. Du nord de l’Alberta, où elles sont quasi quotidiennes, au sud de la province, il est temps de découvrir ces phénomènes naturels légendaires aux explications bien scientifiques.
Une année pour capturer les aurores boréales
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«Il y a des soirs où c’est tellement intense, quand je sors de la vallée de Rivière-la-Paix et que je me mets dans la plaine, que je vois des aurores à 360 degrés… Ces moments-là sont incroyables», sourit Paul Lavoie. Ce passionné capture les aurores boréales en photo depuis une quinzaine d’années. «C’est la première chose que j’ai photographiée!»

Après dix années de voyages sur tous les continents, Paul est devenu photographe professionnel. «Je voyageais sans rien sur moi, je n’avais jamais d’appareil. […] en Afrique et en Amérique du Sud, j’ai rencontré plusieurs personnes qui m’ont posé des questions sur les aurores boréales. «Est-ce qu’elles existent vraiment?» «Est-ce qu’elles sont vertes?»»  

Dans sa tête, la réponse était évidente. «Ben oui! Bien sûr que ça existe! J’en ai toujours vu, étant de Rivière-la-Paix. Mais je n’avais jamais réalisé que, pour des gens qui ne voient pas ça régulièrement, ce n’est pas un phénomène très normal. Donc quand je suis revenu, j’ai commencé la photo!»

Une aurore boréale photographiée le 17 janvier 2024 dans le nord de l’Alberta. Photo : Justine Leblond

Les conseils d’un pro 

Paul voulait partager la beauté des aurores boréales. Mais prendre des photos de ces phénomènes naturels lumineux et colorés, ça ne s’invente pas. Visibles uniquement la nuit, la capture des aurores nécessite une certaine maîtrise de la prise de vue à basse luminosité. Paul a appris les techniques de manière autodidacte, au fur et à mesure de ses sorties nocturnes. 

Pour les personnes qui souhaiteraient se mettre en chasse des aurores boréales, son premier conseil est d’«avoir un trépied! Parce qu’avec le temps d’exposition nécessaire, il ne faut pas que ça bouge du tout», explique le photographe francophone originaire du nord de l’Alberta. «Ensuite, il faut ouvrir le plus possible la lentille de son appareil, pour capter suffisamment de lumière.»

Sans oublier la mise au point : si elle est mal faite, vos photos seront ratées. L’idéal est donc d’utiliser un point d’accroche visible la nuit, de bien connaître son appareil, en mettant la mise au point manuelle sur le symbole «infini» (∞), et d’étudier son terrain. 

«Au début, j’arrivais quand il faisait encore jour pour faire mon focus sur quelque chose de loin et, une fois que c’était fait, je n’y touchais plus. J’étais garanti d’avoir des photos correctes le soir!», confie Paul. Il faut aussi penser à s’habiller chaudement s’il fait moins quarante degrés Celsius et, surtout, ne pas oublier de profiter du spectacle à l’œil nu. «Il y a plusieurs soirs où j’oublie que je vais faire des photos, je me couche sur le sol et c’est incroyable.»

Pour sortir admirer ou photographier des aurores, il faut un ciel dégagé, dans l’idéal sans nuage et avec une lune peu lumineuse. Généralement, les aurores boréales apparaissent entre 22 h 30 et 2 h du matin. 

Des sites comme Aurora Forecast ou l’application gratuite My Aurora Forecast (disponible en français) donnent l’indice d’intensité (Kp) des aurores. Quand celui-ci se situe au-dessus de 3, l’ovale des aurores est tellement large que l’on peut commencer à en voir à Calgary et peut-être même dans le sud de la province.

Dans la région de Rivière-la-Paix, c’est encore plus simple. Il suffit de «regarder dehors», s’amuse Paul, qui peut voir les aurores boréales depuis sa fenêtre. «Quand je les aperçois depuis le village, généralement, je poste un message sur le groupe Facebook [Alberta Aurora Chasers]; ça veut dire que ça vaut la peine d’aller prendre une petite tournée!»

Autoportrait réalisé par Paul Lavoie dans le nord de l’Alberta. Photo : Courtoisie – Paul Lavoie

Le maximum solaire se rapproche

Les années 2024-2025 seront les plus propices à l’observation des aurores boréales. En effet, notre étoile, le Soleil, s’approche de sa période d’activité solaire maximale, calculée sur un cycle de onze années. «Cela signifie que l’aurore, le vent solaire est plus actif, plus dynamique. Il déverse plus d’énergie dans le système terrestre et produit donc des aurores plus brillantes et plus dynamiques», explique Eric Donovan, professeur de physique et d’astronomie à l’Université de Calgary, mais aussi membre de l’Aurora Imaging Group, un groupe de physique spatiale qui observe les phénomènes liés aux aurores boréales dans l’espace. 

Mais pourquoi le Soleil influence-t-il la visibilité des aurores, alors qu’on ne les voit que la nuit? Derrière les légendes algonquines, cries ou inuites qui parlent des aurores boréales, il y a une origine scientifique liée au vent solaire, ces éruptions éjectées par le Soleil. «Les aurores sont causées par ces particules du Soleil qui viennent réagir avec l’atmosphère», précise Eric Donovan. Concentrées sur les pôles magnétiques, ces particules réagissent intensément au nord (aurore boréale) et au sud (aurore australe) de la Terre à longueur de journée, mais ce phénomène n’est perceptible que la nuit.

Les couleurs des aurores sont influencées par la composition de l’atmosphère : verte pour un élément chimique, rouge pour un autre. «L’humanité est à l’origine du réchauffement climatique et donc de la modification de l’atmosphère. Il y a tellement de variations subtiles par rapport au climat que l’on ne sait pas à quel point cela pourrait influencer les aurores», confirme le chercheur. 

Dans tous les cas, le dérèglement climatique ne fera pas disparaître les aurores. Paul pourra toujours les photographier, mais leurs manifestations pourraient varier à l’avenir. 

Glossaire – Atmosphère : Couche gazeuse qui entoure la Terre