Afin d’améliorer l’accès aux services de santé en français dans le nord de la ville d’Edmonton, le Centre de santé communautaire Saint-Thomas (CSCST) souhaite se doter d’une clinique mobile. L’équipement médical déjà mis à leur disposition, le personnel fin prêt, il ne leur manque plus qu’une camionnette ou plutôt 125 000$ pour en faire l’acquisition.
Gabrielle Beaupré
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
«Le mandat du Centre de santé Saint-Thomas est de venir en aide à sa communauté», affirme Francesca Sebastian, la coordonnatrice du projet. Elle n’oublie d’ailleurs pas de rappeler que le centre de santé communautaire est la seule clinique médicale francophone d’Edmonton et qu’elle est localisée dans La Cité francophone, au sud de la ville.
Elle ajoute que parmi sa clientèle, 26% résident dans le nord-est de la capitale. Alors, pour leur assurer un accès plus facile aux soins de santé francophone, il est évident pour la coordonnatrice du projet «qu’on viendrait à eux» avec la clinique mobile.
Avec l’arrière de la camionnette transformée en salle d’examen, les médecins de famille, les infirmières ainsi que les travailleurs sociaux du CSCST pourraient se relayer afin d’offrir des services de santé primaire. Une occasion qui permettrait aussi d’alléger les autres cabinets médicaux et surtout d’offrir ces services en français tant recherchés.
Consciente de la grande demande, Mme Sebastian assure que si des patients anglophones en ont besoin, les professionnels seront aussi là pour eux. C’est d’ailleurs toutes les familles qui pourraient profiter de ces services si le projet se concrétise un jour.
Cette clinique mobile, elle la voit aussi comme un atout pour les écoles du Conseil scolaire Centre-Nord (CSCN) situées à Edmonton. Installée temporairement dans leur espace de stationnement, la clinique pourrait, sur le chemin de l’école, accueillir les parents et les enfants qui ont besoin de consulter un médecin. Les enseignants auraient aussi accès à un professionnel de la santé sur place pour obtenir des conseils ou de l’aide si un élève éprouve des difficultés.
Des déplacements contraignants
Pour Caroline Kuissu Nsili, le projet d’une clinique mobile l’emballe. «Ça serait idéal que j’aie une clinique près de chez moi.» Avec sa famille, elle habite le nord d’Edmonton et elle doit fréquemment se rendre au CSCST pour son époux.
«C’est loin pour moi de conduire jusqu’à La Cité francophone.» En hiver, en raison des routes glissantes, elle prend entre 25 à 30 minutes pour s’y rendre. Avant la COVID-19, ils s’y rendaient quatre fois par mois. Aujourd’hui, avec les consultations en ligne, les rendez-vous médicaux en personne de son conjoint sont plus étalés dans le temps.
Une situation qui aujourd’hui concerne de nombreux patients, mais il est hors de question pour Caroline Kuissu Nsili de consulter un médecin anglophone même à proximité de chez elle. Son mari ne s’exprimant pas assez bien en anglais, il est pour lui plus rassurant d’échanger sur ses difficultés de santé dans sa langue maternelle.
Cela lui permet entre autres d’expliquer plus facilement comment il se sent et Caroline n’est pas obligée de faire l’interprète à chaque instant. «Le français est ma langue maternelle, alors je ne pouvais pas avoir mieux que d’avoir une clinique francophone dans un environnement anglophone», mentionne-t-elle avec enthousiasme.
«Le français est ma langue maternelle, alors je ne pouvais pas avoir mieux que d’avoir une clinique francophone dans un environnement anglophone.» Caroline Kuissu Nsili
Une aide pour les familles militaires
L’idée initiale de ce projet vient de la collaboration étroite entre le CSCST et la base militaire d’Edmonton. Francesca Sebastian se rappelle que leur plan était d’ouvrir une clinique militaire à proximité de la base afin de répondre aux besoins des familles de tous les militaires qu’ils soient francophones ou anglophones. Car, encore aujourd’hui, les familles de militaires n’ont pas accès aux services de soins de santé offerts sur la base.
Jules Bérubé, qui était l’adjudant-chef de l’équipe de commandement du 1er Groupe des Services de santé des Forces canadiennes à Edmonton du printemps 2019 jusqu’en août 2020 explique : «Le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes ont l’obligation de respecter les champs de compétence des provinces en matière de soins de santé auprès des civiles».
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L’idée d’une clinique militaire tombe à l’eau «pour des raisons logistiques», relate Jules Bérubé. Elle s’est toutefois «métamorphosée en un projet de clinique mobile mis de l’avant par le Centre de santé Saint-Thomas». Celle-ci pourrait s’installer dans le stationnement du Centre de ressources des familles militaires de la garnison d’Edmonton ou dans celui du centre de conditionnement physique de la base.
Pour les familles nouvellement transférées en Alberta, cet accès à une clinique mobile pourrait leur apporter une précieuse aide. Car l’adjudant-chef le sait, «trouver un nouveau médecin de famille ou spécialiste peut parfois être un défi».
Des difficultés associées à la pandémie de COVID-19
Francesca Sebastian se rappelle que l’idée de la clinique mobile est survenue quelques jours avant la pause imposée par la crise sanitaire. Depuis, elle a fait une cinquantaine de demandes pour obtenir les fonds nécessaires. La plupart de ceux-ci ont été redistribués pour aider le milieu médical dans son combat contre la COVID-19 et particulièrement pour venir en aide aux itinérants.
Une alternative a bien été pensée, comme la location d’une salle dans une clinique anglophone. Malheureusement, les règles entre les différents centres de santé d’Edmonton sont trop divergentes et une telle solution n’est donc pas envisageable.
Alors que le financement est difficile à trouver, Francesca Sebastian continue à porter le projet de la clinique mobile. Elle affirme que les professionnels du Centre de santé communautaire Saint-Thomas veulent collaborer et rencontrer leur clientèle sur le terrain.