le Mercredi 11 décembre 2024
le Mardi 13 avril 2021 12:15 Provincial

Le nouveau curriculum scolaire vivement critiqué

Frédérick Audet donne aujourd'hui des ateliers de formation en «leadership» et en intelligence émotionnelle dans de nombreux organismes, et notamment des conseils scolaires. Crédit : Courtoisie.
Frédérick Audet donne aujourd'hui des ateliers de formation en «leadership» et en intelligence émotionnelle dans de nombreux organismes, et notamment des conseils scolaires. Crédit : Courtoisie.
Le nouveau curriculum scolaire vivement critiqué
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La nouvelle ébauche du curriculum scolaire provoque de la frustration chez les Franco-Albertains. Inquiétudes et critiques sont soulevées de toute part dans la communauté. Cependant, le Guiding Framework, sorti en décembre dernier, laissait déjà présager le pire. 

Le Guiding Framework est le cadre directeur du curriculum scolaire de l’Alberta. Autrement dit, les concepteurs du curriculum scolaire se sont basés sur ce document pour l’écrire. 

Claudette Roy, présidente de la société historique francophone de l’Alberta (SHFA), qui s’est familiarisée avec ce document, relate que la perspective francophone n’était pas très présente dans le Guiding Framework et qu’elle n’a pas eu de surprise quant au nouveau curriculum. « Les gens auraient dû le voir venir, car dans ce cadre-là, c’était très clair où il s’en allait ». 

Indignations  

Le comité stratégique de l’éducation constitué de représentants de l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA), de la Fédération des conseils scolaires francophones de l’Alberta (FCSFA), de la Fédération des parents francophones de l’Alberta (FPFA) et de la Société historique francophone de l’Alberta (SHFA) reproche que la version francophone du curriculum soit une traduction de la version anglophone. 

« L’ébauche de curriculum proposée vise l’assimilation des élèves francophones en leur enseignant principalement les perspectives anglo-saxonnes majoritaires », martèlent les membres du comité.

De plus, la francophonie présentée est reléguée au passé et à l’est du pays, pense Réginald Roy, président de la FCSFA. Il souligne que la francophonie albertaine d’aujourd’hui n’est que très peu abordée. « Il y a un historique qui a besoin d’être compris et si on n’est jamais capable d’en parler, ça va s’oublier ». 

Frédérick Audet, consultant en éducation qui avait travaillé sur le dernier curriculum scolaire, indique que l’ébauche présentée ne correspond pas aux standards de ce qu’un curriculum devrait être. D’ailleurs, la mémorisation est grandement mise à l’avant-plan. « C’est incroyable ce qu’on demande aux élèves en très bas âge. Les élèves n’auront pas le temps d’acquérir des compétences, dont la pensée critique ». 

Et maintenant

Le Comité stratégique de l’éducation demande à la ministre de l’Éducation, Adriana LaGrange de réinstaurer la Direction de l’éducation française (DEF) abolie en 2017, lors du précédent mandat du NPD. « Nous voulons nous assurer que nos voix soient entendues et vouloir travailler avec la province [pour apporter une meilleure perspective francophone] », mentionne Réginald Roy. 

Alexandra Ventura-Giroux, gestionnaire aux affaires publiques de l’ACFA, ajoute que « le Comité souhaite aussi prendre connaissance d’analyses plus approfondies, des conseils scolaires francophones notamment, et sollicitera les perspectives d’autres organismes et acteurs, interpellés par le dossier ». 

Le nouveau curriculum scolaire sera piloté à partir de septembre prochain et devrait être appliqué à l’échelle provinciale en septembre 2022. 

  • La création du comité stratégique de l’éducation

À la suite de la fuite de documents du nouveau curriculum scolaire à la fin octobre, Claudette Roy a signalé à l’ACFA ses inquiétudes par rapport à la perspective francophone dans le développement du nouveau curriculum. En effet, dans le futur cours d’étude sociale donné de la maternelle à la quatrième année, l’histoire francophone était presque absente. 

Pierre Asselin, raconte que l’ACFA s’est alors entouré de Fédération des conseils scolaires francophones de l’Alberta (FCSFA), la Fédération des parents francophones de l’Alberta (FPFA), ainsi que de la Société historique francophone de l’Alberta (SHFA). 

Les quatre organismes ont décidé de se regrouper ensemble en raison de leurs mêmes préoccupations concernant le curriculum pour créer le Comité stratégique sur l’éducation. Pierre Asselin assure que ce comité n’est qu’un petit noyau et qu’il aimerait impliquer, dans le futur, d’autres organismes pour avoir d’autres perspectives. Une forme de réponse aux critiques formulées par l’organisme Francophonie Alberta Plurielle (FRAP) qui dénonçait fin février que les communautés francophones issues de l’immigration ne soient pas représentées dans ce comité. 

  • Échange parlementaire mouvementé

Ce mercredi 7 avril, Marie Renaud, la députée de Saint-Albert a souligné à la ministre de l’Éducation, Adriana LaGrange que les francophones ont de nombreuses questions par rapport au manque de la perspective francophone dans le curriculum scolaire. Adriana LaGrange a répondu qu’il y avait des francophones dans le groupe d’experts qui a conçu le nouveau curriculum scolaire. Marie Renaud a repris que les francophones sont en colère contre le curriculum puisqu’il est une traduction de l’anglais. Adriana LaGrange a alors répliqué qu’il s’agissait seulement d’une ébauche et que la dernière version sera en 2022. Elle a également affirmé la fierté du gouvernement d’avoir conçu pour la première fois dans le même temps un curriculum en français et en anglais. 

Ce texte a fait l’objet d’une modification le 13 avril à 10h50