Au printemps 2022, le Parti conservateur uni (PCU) tiendra un vote de confiance sur le leadership de son chef, le premier ministre de l’Alberta Jason Kenney. Malgré sa victoire aux élections provinciales, il y a à peine trois ans, l’issue est incertaine selon le politologue Frédéric Boily, la pandémie de COVID-19 – et surtout la gestion de la crise qu’elle a provoquée – étant venue brouiller les cartes.
David Imbeault – IJL – Réseau.Presse – Le Franco
«L’annonce du “meilleur été albertain de l’histoire” était prématurée et ça se reflète dans les taux de popularité de Jason Kenney qui sont au plancher», juge Frédéric Boily, détenteur d’un doctorat en science politique de l’Université Laval et professeur titulaire au Campus Saint-Jean.
Du 19 au 21 novembre 2021, les membres du PCU s’étaient réunis en congrès et bien que les adversaires de Kenney affûtaient leurs couteaux, l’atmosphère était demeurée civilisée, voire cordiale, selon le compte rendu du National Post. Mais les militants se souviennent de l’élection de 2015 alors que la division du vote entre l’Association progressiste-conservatrice de l’Alberta et le Parti Wildrose avait permis au Nouveau Parti démocratique (NPD) de se faufiler et de former le gouvernement provincial pour la première fois de son histoire.
Jason Kenney n’avait d’ailleurs pas manqué l’occasion de le rappeler en conférence de presse. «Quand les conservateurs sont unis, nous gagnons; quand nous sommes divisés, nous perdons. C’est aussi simple que ça.»
Un consensus fragile
Alors que de nombreux politologues prédisaient des journées difficiles au chef conservateur lors de l’assemblée générale annuelle du Parti conservateur uni, M. Boily considère que Kenney a su tirer son épingle du jeu. «Ses opposants n’ont pas fait d’esclandre, mais ça ne veut pas dire qu’ils le soutiennent. En fait, Jason Kenney a dit quelque chose d’intéressant : “Arrêtons d’avoir nos disputes sur la place publique”. Et ça, ça semble avoir été entendu.»
Toutefois, selon lui, il y a loin de la coupe aux lèvres. «Il y a eu trop de critiques envers Jason Kenney pour penser qu’elles ont disparu en l’espace de trois jours.»
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Que faudra-t-il surveiller au cours des prochaines semaines? Tout d’abord, les prix du pétrole. Jason Kenney a été élu sur la promesse de se concentrer sur «les emplois, l’économie et les oléoducs». La pandémie a affecté durement l’industrie du pétrole, mais le prix du baril a depuis rattrapé et même dépassé son niveau prépandémie. Selon M. Boily, il sera intéressant de voir si cette tendance se maintiendra ou si les nouveaux variants la freineront.
Un nouveau duel Kenney-Jean?
Un nouvel acteur pourrait aussi brouiller les cartes. En effet, Brian Jean, ancien chef du Parti Wildrose et candidat malheureux à la direction du PCU en 2017, effectue un retour en politique. Après être demeuré sur les lignes de côté pendant quelques années, il a été sélectionné par les membres de l’association locale comme candidat du PCU en vue de l’élection partielle dans la circonscription Fort McMurray-Lac La Biche, qui était vacante depuis le départ de la députée conservatrice Laila Goodridge.
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Jean avait déjà demandé publiquement la démission du premier ministre et a réitéré sa demande après sa victoire convaincante avec 68% des voix. L’ancien chef du Parti Wildrose se positionne donc clairement en porte-étendard de la contestation. Toutefois, la date des élections partielles dans la circonscription Fort McMurray-Lac La Biche n’est pas encore décidée.
Toutefois, pour M. Boily, si on cherche les grands gagnants de ces escarmouches, il faut regarder de l’autre côté de l’Assemblée législative.
«Si vous êtes dans l’état-major du NPD, vous n’avez même pas besoin d’écrire vos propres lignes pour critiquer Jason Kenney, vous n’avez qu’à noter celles de ses opposants pour être capable de les reprendre en campagne électorale.»
À la veille des fêtes de fin d’année, la rédaction a contacté sans succès le Parti conservateur uni et l’équipe de Brian Jean pour avoir leur réaction.