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le Vendredi 25 mars 2022 9:00 Provincial

Infrastructures scolaires : Respectons la Charte canadienne des droits et libertés!

Réginald Roy, président du Conseil scolaire Centre-Est. Léo Piquette, ancien député provincial et ex-président du Conseil scolaire Centre-Est. Crédits : Courtoisie
Réginald Roy, président du Conseil scolaire Centre-Est. Léo Piquette, ancien député provincial et ex-président du Conseil scolaire Centre-Est. Crédits : Courtoisie
Les conseils scolaires francophones de l’Alberta montent au créneau et dénoncent leur exclusion du nouveau budget provincial réservé aux infrastructures. Le ministère de l’Éducation se défend et rappelle avoir financé cinq projets francophones au cours des trois dernières années.
Infrastructures scolaires : Respectons la Charte canadienne des droits et libertés!
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Mehdi Mehenni
IJL – Réseau.Presse – Le Franco

 

Le gouvernement de l’Alberta vient de débloquer un budget de 251 millions de dollars pour le financement de projets d’infrastructures scolaires. Une coquette somme qui ne bénéficiera, cependant, à aucune école francophone.

 

Les demandes ne sont pas pourtant en reste, comme le souligne le Conseil scolaire Centre-Est (CSCE). Il affirme «ne pas avoir obtenu d’annonce en infrastructures depuis la construction de l’école du Sommet» qui a été inaugurée en juin 2011.

 

«Bien entendu, le CSCE ne peut pas cacher sa déception face à cette annonce du gouvernement qui néglige encore une fois les priorités des francophones», martèle Réginald Roy, président du CSCE.

 

«Les conseils scolaires ont le droit d’aller en Cour.» Léo Piquette

 

Il souligne, toutefois, que «le Conseil va continuer de revendiquer ses priorités en infrastructures et rappeler au gouvernement albertain de respecter ces obligations selon l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés».

 

Une démarche que Léo Piquette, ancien député provincial et ex-président du Conseil scolaire Centre-Est, semble fortement appuyer.

 

En faisant référence à la décision de la Cour suprême du Canada qui a rétabli, en juin 2020, le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique dans ses droits, Léo Piquette estime que «les conseils scolaires ont le droit d’aller en Cour pour imposer que le gouvernement doit financer les infrastructures nécessaires à l’équivalence en Alberta».

 

Il rappelle aussi que «la Cour suprême du Canada s’est prononcée sur cette question. Les gouvernements provinciaux doivent répondre à l’équivalence des écoles francophones à la majorité dans les questions du financement de l’infrastructure des écoles et sa programmation».

«En attendant des fonds supplémentaires»

En annonçant l’octroi du nouveau budget réservé aux infrastructures scolaires, le gouvernement avait mis en avant des critères de sélection «rigoureux» et par «priorité».

 

À la question concernant si aucune demande provenant d’une école francophone n’en valait la peine, Katherine Stavropoulos, attachée de presse du ministre de l’Éducation, indique que «les conseils scolaires sont tenus de soumettre des plans d’immobilisations triennaux, qui servent à élaborer le plan provincial d’immobilisations».

 

Et que «toutes les soumissions d’immobilisations scolaires sont examinées et classées par ordre de priorité en fonction de critères d’évaluation dans les catégories suivantes : santé et sécurité, pressions d’inscription, conditions de construction, fonctionnalité et programmation et exigences légales».

 

Cela dit, souligne Katherine Stavropoulos, «le processus annuel de planification des immobilisations de la province se poursuit, comme d’habitude».

 

«Ils sont élaborés par des firmes d’experts pour s’assurer qu’ils rencontrent les critères provinciaux.» Réginald Roy

 

Et d’ajouter : «Nous continuons de reconnaître le besoin de nouveaux projets scolaires à travers l’Alberta. Les projets dont le financement n’a pas été approuvé dans le budget 2022 seront à nouveau pris en considération lorsque des fonds supplémentaires seront disponibles».

 

Katherine Stavropoulos rappelle aussi que «le gouvernement de l’Alberta s’est engagé à poursuivre la prestation de l’éducation en français dans la province et est fier d’avoir financé cinq projets d’écoles francophones au cours des trois dernières années».

 

Pourtant, le président du CSCE affirme que leurs projets d’infrastructures répondent aux exigences du gouvernement.

«Ils sont élaborés par des firmes d’experts pour s’assurer qu’ils rencontrent les critères provinciaux», assure-t-il.

 

Au sujet des projets d’écoles francophones financés au cours des dernières années par le gouvernement, Réginald Roy tient à préciser que «bien qu’il ait eu des annonces, nous sommes toujours en mode rattrapage et réparation en raison des lacunes gouvernementales du passé».

 

Il cite comme exemple «Lac La Biche (qui) est en très grand besoin et Plamondon aussi. Pour Lac La Biche, il s’agit d’un projet de modernisation pour maternelle à 6 ans. On ne peut pas bien desservir notre clientèle dans ces communautés».

«C’est une claque dans la face»

 

Le Conseil scolaire Centre-Nord (CSCN) n’a pas, lui non plus, caché sa déception.

 

«Le CSCN est extrêmement déçu qu’aucune de ses demandes immobilières, notamment celles concernant les écoles Gabrielle-Roy et Michaëlle-Jean, n’ait été incluse dans le plan d’immobilisations de la province», regrette la présidente Tanya Saumure dans un communiqué rendu public le 4 mars dernier.

 

Selon elle, «plusieurs écoles du CSCN ne sont pas en mesure d’offrir une expérience éducative véritablement équivalente à celle des écoles anglophones et d’immersion à cause d’un soutien financier insuffisant en matière d’infrastructure».

 

Surtout qu’il s’agit d’un «problème qui s’ajoute au sous-financement opérationnel chronique dont souffrent les conseils scolaires francophones depuis des décennies».

 

C’est pour cette raison, relève-t-elle, qu’un «nombre important d’enfants qui sont éligibles à fréquenter les écoles du CSCN n’est pas desservi, ou mal desservi, et ne bénéficie pas d’un accès raisonnable à une école francophone». Elle estime que «cela doit changer».

 

En attendant, Léo Piquette, qui avait mené bataille et obtenu gain de cause dans les années 2000, s’agissant de «manquements similaires de la part du gouvernement provincial», considère qu’il «s’agit là d’une claque dans la face des conseils que de refuser toutes les demandes et priorités des écoles francophones».

 

«C’est bizarre qu’aucune demande n’ait été satisfaite», conclut-il