«Notre vision est mondiale et nous visons évidemment le marché nord-américain.»
C’est ainsi que Stéphane Dufossé, président et cofondateur de Augmented Acoustics, conçoit l’avenir de cette startup française spécialisée dans le son et la musique.
Cette ambition s’est matérialisée à partir de 2021 grâce à un programme albertain d’incubation d’entreprises qui a permis à de nombreuses startups françaises de faire leurs premiers pas dans le marché «ouest-canadien».
Ce programme s’appelle Platform Calgary. Le nom représente une organisation désignée dans le cadre du Programme de visa pour démarrage d’entreprise, la version canadienne du visa «French Tech».
Cette initiative vise à attirer les entrepreneurs étrangers qui souhaitent créer au Canada de nouvelles entreprises à forte croissance qui favoriseront l’innovation et la création d’emplois.
C’est le Consulat général de France à Vancouver qui a eu l’idée d’offrir, à travers ce programme, aux startups françaises une formation sur le marché du son et de la musique dans cette région du Canada.
«Le principe était de s’appuyer sur les compétences et les expertises locales (albertaines) pour favoriser le développement de nos startups en Amérique du Nord», explique Alexandre Col, attaché de coopération éducative et d’action culturelle au Consulat général de France à Vancouver.
Cette démarche s’inscrit, en effet, dans le cadre du programme international Entreprising Culture créé par l’Ambassade de France au Canada. Ce programme vise «l’accélération d’affaires pour les entreprises travaillant dans les industries culturelles et créatives et permet aux startups françaises des industries créatives de découvrir l’écosystème canadien et un potentiel d’expansion sur le marché nord-américain».
Une approche pratique, au cas par cas
En finançant au printemps et à l’automne 2021 l’incubation de neuf startups, le Consulat général de France à Vancouver cherchait justement à «mettre les créateurs français directement en contact avec le modèle nord-américain et leur apporter une expérience pratique», souligne Alexandre Col.
D’ailleurs, la formation s’y prêtait bien puisqu’un volet d’accompagnement sur le terrain était inscrit dans le programme.
«Des mentors ont accompagné les startups au cas par cas pour leur mise en relation avec les personnes clés dans le domaine de la musique en Alberta et qui sont connectés avec des gens auxquels on n’aurait jamais eu accès», ajoute l’attaché de coopération éducative et d’action culturelle.
Il partage d’ailleurs le témoignage édifiant d’un des bénéficiaires français de ladite formation. «Il m’a dit : “j’ai plus appris en trois semaines qu’en deux ans passés à l’école de commerce”.»
Pour lui, cela s’explique par le fait que «les leviers de l’innovation ne sont pas dans la théorie» et que «l’approche au cas par cas est très concentrée sur l’attraction et l’intérêt que suscite le produit».
Le cofondateur de Augmented Acoustics, Stéphane Dufossé, le reconnait bien. «L’approche est un peu différente de ce que nous connaissons en Europe. La formation m’a apporté une vision enrichie de l’entrepreneuriat.»
«L’approche est un peu différente de ce que nous connaissons en Europe.» Stéphane Dufossé
Il ajoute que, parallèlement, cela leur a fait comprendre que «le meilleur moyen de s’adresser au marché nord-américain serait d’avoir une antenne au Canada».
Propulser le spectateur sur un terrain de glace
La startup, qui n’est pas encore présente physiquement en Alberta, y travaille et a développé un service breveté nommé Supralive qui ne manquera pas de susciter l’intérêt des Canadiens.
«Nous offrons aux spectateurs de vivre une expérience sonore immersive augmentée, au cœur de l’émotion de l’événement, en récupérant les différents flux audio disponibles à la console de l’ingénieur du son et que nous mettons à disposition du spectateur», explique Stéphane Dufossé. Le spectateur peut alors choisir les flux audio qu’il souhaite écouter et les remixer à sa convenance.
Il précise que «dans le cadre du hockey, les spectateurs peuvent être propulsés sur la glace avec le chant des supporters, les commentaires de leur choix, potentiellement le microphone de l’arbitre et le bruit des coups dans le palet».
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Mieux encore, et afin de s’adresser à tous les publics, «le service propose un calibrage audio pour les malentendants et peut intégrer un flux sonore d’audiodescription».
La bonne nouvelle, selon Alexandre Col, est que cette approche française ne va pas se limiter au seul domaine du son et de la musique. Un programme plus large est mis sur pied pour soutenir, en Alberta en particulier et dans l’Ouest canadien en général, des startups spécialisées dans les jeux vidéos et les réalités immersives.