Le bilinguisme au Canada est-il un enjeu qui a besoin de plus d’attention? Que peut-on changer pour rendre le français accessible à une plus grande partie de nos communautés? Voici quelques-unes des questions qui ont été débattues lors des ateliers de gestion de projet et de leadership tenus lors de ce forum.
Vivant à Calgary, la jeune Mirna Negm a participé au forum avec beaucoup d’enthousiasme même si elle reconnaît qu’elle «vit dans une communauté qui n’est pas vraiment francophone, alors je n’utilise pas tant le français après l’école». Mais, elle «espère changer cela, peut-être rendre la [langue] française plus visible à une plus grande partie de ma communauté».
Élève du programme d’immersion française, elle aimerait devenir une leader bilingue en créant «des initiatives et des événements [en français] à mon école».
Un leadeurship en français nécessaire
Mirna remarque, «quand ils [les élèves] partent de la classe de français, ils ne pensent plus à la langue». Elle suppose qu’«établir un club de français» pourrait offrir une place pour les élèves afin de «rencontrer d’autres personnes avec différents accents et différentes origines culturelles».
Toutefois, Mirna n’est pas la seule élève albertaine au FNJA qui remarque ce manque d’échange dans la langue de Molière hors des classes. Faith Donovan, étudiante d’immersion française à Cold Lake, explique qu’elle veut «commencer un petit groupe après l’école […] pour améliorer leur français et le pratiquer plus que juste dans la salle de classe».
Faith, qui a fait sa rentrée en 12e année d’immersion suggère qu’«on pourrait faire des jeux […] et des sports», pour se plonger dans la langue. «C’est principalement pour pratiquer le français» en classe mais aussi à l’extérieur. Optimiste et motivée, ses rêves de diffusion de la langue française vont au-delà de la pratique.
Une reconnaissance de minorités
L’élève d’immersion est très fière de son bilinguisme. «Le programme est bon, il y a plusieurs connexions qui peuvent être faites. L’immersion, c’est une famille», décrit la jeune qui fréquente ce programme depuis la maternelle.
Cependant, Faith indique que durant un des ateliers, les ambassadeurs du FNJA ont reconnu la nécessité d’avoir «quelque chose qui dit qu’on est bilingue». Ils aimeraient un diplôme qui reconnaît leurs parcours en immersion française «parce qu’on ne reçoit pas un diplôme en français», regrette Faith. «Je pense que cette discussion a vraiment eu un impact sur mon cœur parce que moi, je suis en immersion et je pouvais exprimer mon expérience dans ce programme», ajoute-t-elle.
Une autre élève de la province a mis l’accent sur la reconnaissance des minorités. Arie Copper, cette ambassadrice d’Okotoks, a été inspirée par «toutes les différentes personnes qui venaient de diverses régions et nationalités» lors de cette semaine à Regina. «Toutes les informations que j’ai absorbées étaient vraiment différentes», relate la jeune élève, tout en signalant qu’elles étaient aussi nouvelles pour elle.
Pour Arie, le but est de reconnaître et promouvoir la francophonie et aussi d’autres minorités dans sa communauté. Elle a d’ailleurs une idée novatrice pour ce faire. «J’aimerais créer un festival culturel», décrit-elle. En tant qu’artiste visuelle, Arie suggère de «créer des murales et y présenter les différentes nationalités présentes à Okotoks. […] Il y a beaucoup de minorités à Okotoks, mais ils ne sont pas très bien représentés dans mon opinion». Arie ajoute qu’elle «aimerait créer une murale pour la francophonie».
Le trilinguisme : un atout difficile à développer au quotidien
Deux des élèves albertaines présentes au FNJA sont trilingues. Zahra Zargham parle l’anglais, le farsi et le français. Pour elle, «c’est un peu difficile de trouver un équilibre entre ces trois langues».
Débutant sa 11e année, elle fréquente une école anglophone à Calgary. «Il y a un programme d’immersion, mais moi je ne suis pas dans ce programme», explique-t-elle, alors que cela ne fait qu’un an qu’elle vit dans la métropole. Arrivée de Montréal, elle était habituée à avoir des interactions quotidiennes en français. Elle regrette de ne pas avoir «beaucoup d’occasions de parler le français à Calgary».
Elle insiste, «il n’y a pas beaucoup d’efforts qui sont faits pour parler le français dans les magasins ou les restaurants». La jeune fille espère changer cela en créant un environnement adéquat. Pour faire contrepoids à cela, l’ambassadrice du programme espère «mettre en place un carnaval en français».
Yoyo Liu est une autre ambassadrice trilingue du FNJA. «Je suis dans une école anglophone et j’ai appris le français par FSL [French as a second language]», explique l’élève d’Edmonton. «Ma langue maternelle, c’est le chinois (mandarin). Ma seconde langue, c’est l’anglais et maintenant, j’apprends le français», ajoute-t-elle avec fierté.
Cela fait seulement deux ans qu’elle apprend le français, mais elle se sent très inspirée par «l’atelier qui parlait des façons de créer une communauté bilingue». Elle évoque la pertinence pour les communautés francophones de penser «aux personnes qui apprennent le français comme seconde langue».
Yoyo ajoute qu’elle était «probablement l’une des personnes dont le français est le plus faible dans ce programme, mais que tout le monde, ici, était prêt à m’aider». Inspirée par l’acceptation des différences linguistiques, Yoyo aimerait «continuer le français à l’université et continuer de promouvoir des communautés bilingues et même peut-être trilingues».
Alors que toutes ces élèves albertaines ont repris leurs études, chacune d’entre elles était très reconnaissante d’avoir participé à cet évènement. Faith Donovan remercie toutes les personnes qui ont organisé le Forum national des jeunes ambassadeurs «pour tout ce qu’ils font pour nous autres, cet excellent programme et l’expérience» acquise. Yoyo se réjouit d’avoir «tellement appris cette semaine en parlant avec les gens francophones».