Bruno Nkuiya Mbako, professeur adjoint en économie au Campus Saint-Jean, résume l’inflation en termes simples : «c’est une hausse généralisée des prix dans l’économie». Comparé au mois d’octobre 2021, l’indice des prix à la consommation (IPC) en Alberta atteignait, un an plus tard, 6,8%.
Une inflation qui peut être créée notamment par un déficit gouvernemental, souligne Bruno Nkuiya Mbako. En cas de déficit (1,2 trillion dollars), le gouvernement essaie de le compenser et la Banque du Canada injecte alors des liquidités dans le système financier pour stimuler la consommation. Cela entraine généralement une nouvelle hausse des prix.
Mais ce n’est pas la seule cause d’inflation. Certains facteurs comme la spéculation boursière, le coût de l’énergie, la baisse des matières premières, les difficultés d’approvisionnement et la forte demande qui perturbent la circulation des biens font aussi augmenter les coûts.
Le prix du pétrole est l’un des facteurs qui ont le plus d’impact sur l’inflation, selon l’économiste. Les coûts liés aux énergies fossiles touchent presque tous les domaines économiques, du transport à la production des biens. Et pour ajouter à cela, «la guerre en Ukraine a créé des problèmes d’approvisionnement en ressources énergétiques» et une demande plus forte de l’Europe vers l’Amérique du Nord. Alors l’inflation atteint un point rarement vu en Alberta, à part à la fin de l’année 2002 — une anomalie statistique — et au début des années 1980, lors d’une autre crise pétrolière.
L’inflation frappe les organismes sans but lucratif, mais les gens s’engagent
Le directeur général des Volontaires unis dans l’action au Canada (CANAVUA), Dicky Dikamba, a observé une augmentation des prix à la consommation des biens, mais aussi des services et souligne, avec tristesse, que «l’inflation nous touche durement».
Malgré l’augmentation des coûts, Dicky est très reconnaissant d’avoir eu plus de bénévoles que pendant la pandémie. Mais ce bénévolat accru ne peut pas tout régler, il y a encore beaucoup de personnes dans le besoin.
Pour certaines familles, «le coût de l’inflation les empêche de joindre les deux bouts. Ils changent leurs habitudes de consommation et se tournent également vers les banques alimentaires pour aider leur famille». À l’approche de Noël, les gens lui font part de leurs préoccupations face à la hausse des coûts et de leurs habitudes de consommation. Dicky conseille aux gens de trouver les enseignes qui ont de bons plans, des rabais et de les partager avec la communauté.
Le marché de la seconde main en plein essor
Doug Roxburgh, le directeur du marketing et des communications d’une chaine de magasins de produits de seconde main, explique que le beau temps en Alberta a incité les gens à sortir pour donner ou acheter. Néanmoins, les dons sont en légère baisse en comparaison avec les dernières années.
À l’inverse, la clientèle s’est pressée dans les rayons de l’enseigne. Il note une augmentation de 15% au cours de la dernière année. Un lien certain avec l’inflation qu’il ne dénie pas. Doug Roxburgh affirme que l’augmentation du nombre de clients est due, entre autres, aux difficultés économiques et à «l’inflation».
Il s’attend à ce que cette hausse de la clientèle reste inchangée jusqu’à Noël. «Une personne sur trois cherche à acheter un objet de seconde main pour Noël.» Friperies, sites Web de vente vintage et bourses aux jouets ont le vent en poupe.
Doug Roxburgh souligne qu’il y a encore cette stigmatisation de la friperie, mais il estime, enthousiaste, que c’est une belle contribution pour la communauté dans le besoin. Il ajoute que la clientèle effectue une bonne action : célébrer les fêtes de fin d’année en consommant de façon responsable et en économisant, tout en faisant travailler des gens en réinsertion ou en situation de handicap.
Malgré la hausse de l’inflation, il y a de l’espoir pour l’avenir
«L’inflation va avoir pour effet de pousser les consommateurs à acheter moins ce Noël», dit Bruno Nkuiya Mbako, tout en gardant espoir pour les prochains mois.
Dicky Dikamba fait, quant à lui, part de son enthousiasme à l’égard du programme d’accessibilité financière récemment annoncé par le gouvernement de l’Alberta. Grâce aux prix élevés du pétrole et du gaz, le gouvernement de l’Alberta devrait disposer d’un excédent de 13 milliards de dollars à la fin de l’année financière en cours.
Une grande partie de cet argent sera redistribué conformément à l’Inflation Relief Package Act (la loi sur l’allègement de l’inflation) que le gouvernement de Danielle Smith a présenté le 22 novembre et dont les mesures seront mises en œuvre en janvier 2023.
Le directeur général de CANAVUA est néanmoins déçu que ce programme n’entre pas en vigueur plus tôt, car cela n’aidera pas les consommateurs à Noël. En plus de ces mesures, Bruno Nkuiya Mbako estime que le problème des chaines d’approvisionnement va se résoudre de manière considérable d’ici l’année prochaine.
«C’est aussi probable que la guerre en Ukraine se termine» bientôt, espère-t-il. Des espoirs difficiles à valider aujourd’hui. Sans les difficultés d’approvisionnement, une paix, même fragile, en Europe faciliterait la baisse des énergies fossiles et, à long terme, de l’inflation. «Je suis optimiste par rapport au futur concernant l’inflation», conclut le professeur adjoint en économie.