«Il y a deux ans, on avait envoyé seulement une équipe féminine et masculine aux nationaux. Et là, pour la deuxième année de suite, on va avoir six équipes dans trois catégories d’âge. Le programme se développe à une vitesse impressionnante», insiste François Boucher, entraîneur de l’équipe provinciale féminine U18 pour la saison 2025.
Ce dynamisme se reflète notamment dans la hausse notable des inscriptions aux sélections destinées à constituer les équipes provinciales. À l’heure d’écrire ces lignes, déjà 130 athlètes s’étaient inscrits aux essais. «Je remarque que le mot commence à se passer. Il y a de plus en plus de ligues scolaires et de ligues privées en Alberta, alors il y a beaucoup plus de joueurs et de joueuses que l’on peut recruter», analyse l’entraîneur.
D’après lui, le flag football séduit, entre autres, pour son accessibilité. Contrairement au football avec contact, qui requiert un équipement coûteux, le flag football ne nécessite ni épaulettes ni réel équipement de protection. «C[e] [n]’est pas très cher. Et il y a beaucoup moins de risques de commotions qu’au football traditionnel, alors c’est aussi moins risqué. Je pense que c’est entre autres pour ça qu’il y a de plus en plus de joueurs.»

L’athlète Eric Cormier joue également au football avec contact. Photo : Courtoisie
L’engouement pour le flag football se manifeste aussi dans le milieu scolaire francophone, ajoute-t-il. L’École Maurice-Lavallée a lancé sa propre équipe masculine, il y a deux ans, et enregistre d’importants succès. «Ils sont champions de leur ligue depuis deux ans», signale celui qui enseigne également pour le Conseil scolaire Centre-Nord (CSCN).
Pour lui, l’idée que les écoles francophones forment des joueurs en français représente un atout majeur, qui maximise les chances d’accroître la présence francophone dans le vivier de talents de la province. «J’essaie d’amener le plus d’athlètes franco-albertains possible au niveau national. Déjà l’année passée, on avait quelques personnes issues de l’immersion et des écoles francophones», évoque François Boucher.
Un de ses anciens protégés, Eric Cormier, qui a joué à l’École Joseph-Moreau avant de poursuivre ses études en immersion française à l’École Harry Ainlay, a d’ailleurs fait partie de la sélection à deux reprises au cours des dernières années. «Moi et un de mes amis, qui est aussi en immersion, étions les deux seuls francophones chez les gars», partage-t-il.
Des athlètes multidisciplinaires
L’athlète âgé de seize ans, qui pratique également le football avec contact, apprécie particulièrement le caractère distinctif du flag football. Il souligne que, contrairement au football traditionnel, le flag privilégie les jeux de passes, ce qui offre un rythme plus dynamique. «En réalité, les deux sports sont très différents. Il y a plus d’action au flag et j’aime explorer différentes positions sur le terrain», affirme-t-il.
Eric Dion ignore, cependant, s’il pourra intégrer l’équipe albertaine cette année, puisque les championnats nationaux, qui auront lieu à Kingston du 16 au 18 mai, se déroulent à des dates similaires que le début des essais de football avec contact. «Je veux être certain d’être assez reposé», précise-t-il.
Les sélections 2025
Attention : La période d’inscription pour les sélections se termine le 10 mars 2025.
- Les sélections pour le nord de la province auront lieu le 22 mars 2025 au Foote Field à Edmonton.
- Les sélections pour le sud de la province auront lieu le 23 mars 2025 au Shouldice Athletic Park à Calgary.
- Les sélections pour le centre de la province se dérouleront (sur invitation seulement) le 5 avril 2025 au MEGlobal Athletic Park à Lacombe.
Les athlètes sélectionnés participeront à trois entraînements de l’équipe de l’Alberta prévus les 19 avril, 10 mai et 11 mai à Lacombe.

Josiane Dion a présenté l’Alberta au sein de l’équipe nationale U16 l’année dernière. Photo : Courtoisie
Ces conflits d’horaire sont monnaie courante chez les joueurs de flag football, qui pratiquent souvent plusieurs disciplines en même temps, explique François Boucher. «Une grande partie de nos athlètes sont multisports et au mois de mai, il y a beaucoup de championnats qui se jouent à travers plusieurs disciplines», mentionne-t-il.
Josiane Dion, qui a fait partie de l’équipe nationale l’année dernière et pratique également le hockey et le volleyball, constate, elle aussi, la complexité de conjuguer plus d’un sport en même temps. «J’espère que je n’aurai pas de [partie] de hockey en même temps que les sélections de flag, ça serait problématique», partage-t-elle.
Mais malgré son emploi du temps chargé, l’athlète âgée de quinze ans aspire à poursuivre sa progression et participer aux championnats où elle aime tisser des connexions avec les athlètes venus d’autres provinces. «C’est vraiment spécial de rencontrer des jeunes de partout à travers le pays», observe-t-elle.

François Boucher, au premier plan, avec l’équipe masculine provinciale 2024. Photo : Courtoisie
Un sport qui gagne ses lettres de noblesse
Une bonne manière de solidifier le programme national de flag football en Alberta serait d’augmenter la fréquence des entraînements avant les championnats de mai de sorte que les joueurs puissent se pratiquer tout au long de l’année, affirme François Boucher. «En ce moment, on pratique seulement quelques mois avant les nationaux, ce qui n’est pas l’idéal.» Mais «ça pourrait compliquer les choses» pour les athlètes qui pratiquent plus d’un sport, admet-il.
Il espère que l’équipe nationale continuera de progresser dans les années à venir et que de plus en plus de jeunes se tourneront vers le flag football, surtout que la discipline fera son entrée aux Jeux olympiques de 2028 à Los Angeles. «C’est incroyable à quel point c’est rendu gros. J’espère que le flag va rester après 2028. D’ailleurs, la NFL (Ligue nationale de football américain) a remplacé le match des étoiles par des parties de flag football. C’est une excellente façon de promouvoir le sport», conclut-il.
Glossaire – Vivier : Réserve de talents