L’hiver dernier, un incendie a détruit la roulotte de Roger et de Ginette Beaudoin. Pour les résidents de Carrot Creek et des communautés aux alentours, il était hors de question de laisser ce couple peu fortuné dans le pétrin. Ils se sont alors rassemblés pour les aider à se remettre sur pied.
Les yeux pleins d’eau, Roger et Ginette Beaudoin racontent que les gens du comté ont été très bons pour eux pendant cette lourde épreuve et les remercient pour leur incroyable générosité.
Roger cite notamment deux membres de leur entourage ainsi qu’une personne que le couple ne connaissait pas qui se sont réunis pour leur acheter une nouvelle roulotte. Il évoque leurs voisins, mais aussi des inconnus qui sont venus leur apporter de nombreux objets essentiels (des vêtements, de la literie, des articles de cuisine) et ce durant 4 jours d’affilée.
Une voisine a créé une cagnotte en ligne pour les aider financièrement. Cette collecte de fonds leur a permis d’amasser une somme d’environ 10 000$. Plusieurs personnes qu’ils ne connaissaient pas ont aussi offert des cartes cadeaux pour aller faire leur épicerie. Ginette se souvient, «j’étais au Walmart. Quelqu’un est arrivé et m’a mis 100$ dans les mains».
Une tragédie
Le matin du 16 février, Roger et Ginette se préparent pour quitter leur roulotte et leur chien Skip afin de se rendre à Edmonton pour la journée. Aux alentours de 10h, avant de quitter les lieux, Ginette se souvient avoir fait le tour de la maison pour savoir si tout était correct. «Il n’y avait rien d’anormal.»
Dans l’après-midi, l’une de leurs voisines circule devant leur terrain où est située leur maison et ne voit ni fumée, ni flamme. Et pourtant, «à 15 heures, notre place était en feu», s’exclame Ginette.
Simultanément, Roger reçoit un appel de Kevin, un voisin. Il mentionne la tragédie. La première question qui lui vient alors à l’esprit, «va-t-on revoir notre pitou?». Malgré les cris des voisins qui nommaient son nom et les pompiers qui ont essayé tant bien que mal de le sortir de la roulotte, Skip n’a pas été secouru. La fumée l’a endormie pour toujours.
Un retour difficile
Pied au plancher, Roger et Ginette sont revenus dans le temps de le dire. Il était trop tard, leur roulotte «avait explosé». «C’était dur de revenir ici, notre place a tout brûlé de même», ajoute Ginette. Le couple ne connaît pas la source exacte de l’incendie, mais les pompiers leur auraient dit que c’était un problème électrique.
Souvenirs, portraits de famille, robe de mariée, articles personnels, outils et bois de construction ont été perdus dans l’incendie. «Aujourd’hui, j’ai peur. Je ne mets pas grand chose dans la nouvelle roulotte. Je mets tout dans la cabine», ajoute-t-elle. Celle-ci se situe près de leur maison.
Leur roulotte n’était plus assurée. En effet, ils avaient pris la décision de suspendre leurs assurances car celles-ci étaient trop coûteuses pour ce couple sans-emploi. Roger l’a perdu à cause de la Covid-19 et Ginette ne peut pas travailler en raison d’une blessure à l’épaule. «On a arrêté toutes les assurances dont on se figurait qu’elles n’étaient pas nécessaires», relate Roger. Ginette ajoute: «On ne pensait pas qu’on allait brûler».
Le voisinage à la rescousse
Roger et Ginette ont pu compter sur la précieuse aide de leur voisin, Kevin et Lala. Le soir même, ils les ont emmenés souper. «Ils ont payé notre souper et notre chambre d’hôtel», raconte Ginette.
Parallèlement, Kevin a cherché sur son téléphone cellulaire une nouvelle roulotte pour loger le couple. Le lendemain matin, le 17 février à 8h, Kevin est allé la chercher et l’a installée le jeudi après-midi du 18 février. Kevin et un autre voisin, Ron, ont nettoyé leur terrain et installé leur nouvelle habitation. «En 48 heures, on est revenu sur le même terrain qui a brûlé», indique Roger.
Aujourd’hui, Roger et Ginette vont bien. Ils continuent à vivre malgré la douleur de l’incendie et le deuil de leur chien. Ils s’ennuient de leur ancienne roulotte qu’ils habitaient depuis 2014. Marqués par l’incendie et les difficultés imposées par leur environnement de vie, Roger planifie de leur construire une cabane d’ici l’hiver prochain.