Bien que l’histoire de chaque communauté francophone soit différente, elle doit être racontée et préservée. Les musées francophones sont les premiers acteurs de cette conservation et de partage de connaissances. Différents par leur taille et leur coût de fonctionnement, ils sont tous confrontés à des difficultés financières et de dotation en personnel. Malgré tout, ils survivent…
Isaac Lamoureux
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
Même si le nombre de musées francophones en Alberta se compte sur les doigts d’une main, ils sont la fierté des collectivités dans lesquelles ils se trouvent. Parmi ces lieux de conservation du patrimoine, on retrouve les musées de Girouxville, de Saint-Isidore et de Saint-Paul dont la richesse historique est souvent sous-estimée.
Le Musée municipal de Girouxville a ouvert ses portes au public à la fin des années 1960. Fermé l’année dernière en raison des mesures sanitaires imposées pour lutter contre la COVID-19, il est aujourd’hui de nouveau accessible au public sur rendez-vous. Ce sont près de 6000 pièces qui y sont exposées et qui représentent la vie quotidienne d’une société à l’époque tournée vers le monde agricole et la religion. La directrice générale de l’administration de Girouxville est très fière de la diversité des artéfacts appartenant au Musée. Elle signale, entre autres, la grande popularité d’un écureuil à cinq pattes empaillé.
Le Musée de Saint-Isidore est, quant à lui, beaucoup plus récent. En effet, il a été construit en 2003 lors du 50e anniversaire de la paroisse francophone du hameau. «C’est un rêve que j’avais», dit la présidente du Musée, Marie Lindsay. Les artéfacts et les statues du Musée illustrent l’histoire de la paroisse et des pionniers qui s’y sont installés dès 1953. Le Musée raconte également l’histoire de la commission scolaire de Saint-Isidore, la première à l’époque, qui est ensuite devenue le Conseil scolaire du Nord-Ouest. «On a joué un grand rôle pour l’éducation francophone des enfants.»
«On a joué un grand rôle pour l’éducation francophone des enfants.» Marie Lindsay
Ouvert depuis 1964, le Musée historique de Saint-Paul reçoit le public de la mi-mai à la mi-septembre. «Des groupes scolaires, des tournées d’autobus et des visiteurs qui viennent de loin», dit Lise Belliveau, sa présidente. L’histoire de Saint-Paul et des premières familles installées y est présentée et de nombreuses archives datent du début du 20e siècle. «C’est vraiment un musée qui donne un aperçu de la vie au temps de la colonisation.»
Le bénévolat, des campagnes de financement et quelques subventions
Le Musée de Girouxville est un élément historique important du village et les 289 résidents en financent une partie avec leurs impôts. Le prix d’entrée du Musée n’est pas très élevé, ce qui ne fournit pas un revenu stable au Musée qui reçoit par contre du financement de Patrimoine canadien.
Si certains musées obtiennent des subventions, à Saint-Isidore, «on est pas mal tout seuls dans nos affaires», explique Marie Lindsay. Elle ajoute que «pour recevoir des subventions du gouvernement albertain, vous devez être classé comme un musée reconnu». Ceci implique des conditions bien trop compliquées pour un musée de la taille de celui du petit hameau albertain. Il survit donc grâce aux campagnes de financement, absentes depuis le début de la pandémie. Mme Lindsay avoue que «ce n’est pas un grand musée, alors ça ne coûte pas trop cher» et que le Musée continue à vivre même si les administrateurs sont attachés à la gratuité de son accès.
À lire aussi :
Au Musée historique de Saint-Paul, le prix d’entrée est très raisonnable et il partage ses lieux et les frais de fonctionnement avec le Peoples’ Museum Society of/de St. Paul & District. Tout récemment, les deux entités ont créé une société historique afin de prendre en charge le volet financier. Avec de petites dépenses, une aide financière de Patrimoine canadien et le soutien de bénévoles, ce musée «est pas mal autosuffisant», rassure Lise Belliveau.
Ouvert à temps plein uniquement durant l’été, le Musée de Girouxville compte sur une subvention pour embaucher un étudiant comme employé saisonnier. Sinon, quatre bénévoles sont disponibles à l’année pour les visites sur rendez-vous. Estelle Girard fait souvent face à des difficultés lors de l’embauche de l’employé d’été. «Il n’est pas toujours possible d’avoir un étudiant bilingue», relate-t-elle tout en assurant que le bilinguisme est sa priorité.
Au Musée de Saint-Isidore, il n’y a pas d’employé. Situé dans le Centre culturel de Saint-Isidore, son accès est géré par l’employé du Centre. Marie Lindsay évoque quelques améliorations qu’elle aimerait mettre en place dans l’espace qui leur est réservé. Elle aimerait d’ailleurs embaucher une personne à cet effet, mais malheureusement «il faudrait lui verser un salaire et je ne sais pas d’où viendrait l’argent».
À lire aussi :
Grâce à Patrimoine canadien, le Musée de Saint-Paul peut, quant à lui, embaucher deux étudiants chaque année, alors que le reste de l’équipe est formée de bénévoles. Lise Belliveau est toujours à la recherche de francophones pour participer à la vie du Musée, mais ne ferme pas la porte «si une personne veut aider et ne parle pas français, nous l’acceptons quand même. Il y a toujours des choses à faire!»
«Si une personne veut aider et ne parle pas français, nous l’acceptons quand même. Il y a toujours des choses à faire!» Lise Belliveau