Immigration : deux revers à la médaille de la santé
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
Le problème est que «la reconnaissance du diplôme n’est pas toujours facile».
Bilé David, lui aussi natif de la Côte d’Ivoire, le confirme. Même s’il n’évolue plus dans le milieu médical depuis son arrivée en Alberta, il a déjà exercé la profession d’infirmier dans son pays d’origine. À son arrivée en 2013, son diplôme ne lui permettait que de travailler en tant que préposé aux bénéficiaires. Une dévaluation de ses compétences difficiles à accepter.
Pour travailler à nouveau comme infirmier, il aurait dû retourner deux ans sur les bancs de l’université. Une situation qui n’en valait pas la peine alors que lui-même n’était plus certain de sa volonté à continuer dans cette carrière. Il a donc préféré quitter ce domaine.
M. David est toutefois d’avis que ce retour en classe est important. Il permet aux nouveaux arrivants de comprendre le fonctionnement du système de santé canadien qui est d’ailleurs très différent de celui de nombreux pays d’Afrique.
Il témoigne que «certains immigrants ne sont pas heureux de recommencer à zéro». En effet, ils doivent alors concilier leur vie familiale, leur travail et leurs études. Compte tenu de la situation, certains d’entre eux, souvent surmenés, préfèrent changer de métier.
Des pathologies tropicales
Certaines pathologies tropicales telles que la malaria sont néanmoins mieux connues par le personnel médical canadien. La médecin Michelle Dion avoue ne pas avoir rencontré souvent de personnes atteintes de maladies infectieuses dans son cabinet.
Elle se souvient que le peu de fois où elle a rencontré un nouvel arrivant fiévreux, son premier réflexe était de penser à la malaria. «Les immigrants vont aussi souvent penser qu’ils l’ont. Il y en a qui l’ont déjà fait et ils connaissent très bien la maladie.»
Des enjeux culturels et linguistiques
Pour illustrer son propos, il raconte une situation qui est déjà arrivée à l’un de ses confrères.
Ce dernier est un gynécologue. Un couple originaire de l’Afrique centrale vient le rencontrer dans son bureau. Il interroge la femme sur son état de santé, mais celle-ci ne répond pas. Dans l’incompréhension, il préfère faire appel à une de ses collègues pour tenter de nouer le dialogue et comprendre. «Dans sa culture, la patiente ne pouvait pas dire certaines informations en présence de son mari. Comme il était dans la pièce, elle ne pouvait pas parler.»
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Par ailleurs, certains immigrants qui arrivent en Alberta ne parlent pas l’anglais. Se rendre à une consultation médicale devient parfois complexe. Les professionnels de la santé francophones ont une certaine sensibilité à ces difficultés et essaient de faciliter l’accès aux soins.
Dans les bureaux de Michelle Dion, les réceptionnistes ne parlent pas un mot de français. Cela ne l’empêche pas d’accueillir des patients francophones. Elle facilite l’accès à la prise de rendez-vous grâce aux réseaux sociaux.