En Alberta depuis 2019, le Dr Quentin Durand-Moreau enseigne la médecine du travail et la recherche en médecine du travail à l’Université de l’Alberta. Il évolue également dans la «division de médecine préventive et produit des services de consultation à la clinique Kaye en médecine de travail et d’environnement».
Il reconnaît trois défis majeurs à offrir des services de santé en français. «La première chose c’est une question de visibilité», dit le Dr Durand-Moreau. C’est-à-dire, en tant que professionnel des soins de santé, il est parfois difficile «d’être visible auprès de cette communauté» francophone.
De plus, l’offre linguistique n’est pas toujours disponible. Le Dr Durand-Moreau dit «que tous les services ne sont pas capables d’avoir des praticiens qui parlent le français». Pour lui, «c’est un coup de chance» qu’il y ait deux professionnels dans son département qui peuvent offrir des services en français.
Finalement, le Dr Durand-Moreau souligne «qu’il y a toutes les difficultés liées à la traduction et l’interprétation». Une problématique à laquelle Kurt Ebeling est confronté lorsqu’il fournit des soins en français.
Apprendre en anglais, parler en français
«Le défi, c’est de savoir exactement comment je vais m’expliquer» en français, décrit cet étudiant de l’Université de l’Alberta. Lors d’un moment d’insécurité linguistique, Kurt Ebeling explique que «mon habitude et celle du patient va être de toujours de choisir la langue anglaise» comme langue première de communication. Quand on est capable de communiquer en français, Kurt dit que c’est important de «résister à ce réflexe ou cette habitude de toujours retomber sur l’anglais».
Il souligne la nécessité de pouvoir utiliser le français dans un cadre médical pour des patients spécifiques. «Avec les personnes plus âgées qui sont malades, confuses, délirantes ou ont des problèmes de cognition», c’est, selon lui, encore plus difficile d’avoir une communication efficace en dehors de leur langue maternelle.
Par ailleurs, le Dr Durand-Moreau met en évidence que si «on est stressé, on est angoissé, on est fatigué ou on n’a pas mangé comme on aurait voulu», cela peut ralentir la communication dans une langue avec laquelle nous sommes moins à l’aise.
Pour remédier à l’insécurité linguistique
Néanmoins, Kurt Ebeling et le Dr Durand-Moreau soulignent des solutions qui sont en cours, ou qui peuvent être développées, afin d’améliorer la confiance dans la communication en français au travail.
Kurt explique que l’Université de l’Alberta offre, en français, des sessions d’études de cas médicaux. En fait, c’est la Faculté de médecine qui organise ces séances d’environ cinq heures par semaine pour de petits groupes d’étudiants. «Mais malheureusement, cette année, il n’y avait pas assez d’intérêt», dit Kurt. Selon l’étudiant en médecine, l’enjeu, «c’est la durabilité de ces programmes».
Pour les stages en formation médicale, le Dr Durand-Moreau suggère que les «échanges entre les provinces francophones et les provinces anglophones» pourraient avoir un impact positif pour les personnes qui souhaitent évoluer dans les deux langues officielles. «Une expérience immersive peut permettre de faire progresser» la confiance linguistique, dit le docteur.
Finalement, Kurt prévoit que les étudiants «vont comprendre davantage l’importance de la communication » quand ils seront hors de l’école. Il recommande donc que les cours de développement professionnel soient offerts en français. De cette manière, la responsabilité de la formation linguistique ne serait pas uniquement assumée par les universités, mais aussi par les collèges d’accréditation pour les diverses professions médicales en Alberta.