Marie-Paule Berthiaume
Marie-Paule Berthiaume
Cette initiative à priori «verte» prend une toute autre dimension en Alberta, où le réseau électrique est principalement alimenté au gaz naturel. Le jeu en vaut cependant la chandelle.
Annoncée le 2 février dernier par le ministre du Tourisme et ministre associé des Finances, l’honorable Randy Boissonnault, au nom du ministre des Ressources naturelles, l’honorable Jonathan Wilkinson, l’initiative de deux millions de dollars vise à encourager les contribuables de l’Alberta, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick à délaisser les véhicules opérant exclusivement au pétrole.
Le ministre Boissonnault salue le partenariat entre les municipalités et le gouvernement fédéral dans le dossier des bornes de recharge des véhicules électriques. «Notre plan est d’installer des bornes de recharge à travers le Canada. On veut que les Albertains achètent un véhicule hybride ou électrique comme mode de transport.»
Pour lui, il est essentiel de développer le réseau de bornes pour éviter l’anxiété de distance, soit l’inquiétude que la batterie soit à court d’énergie avant d’atteindre la destination ou un point de charge. Il rappelle en outre que le froid hivernal albertain réduit significativement la durée de la batterie.
Le ministre dit vouloir s’assurer que les contribuables puissent sortir des grandes villes sans souci, en ayant accès à des points de recharge là où ils en ont besoin.
Ingénieur chez Associated Engineering (AE), Craig MacDonald travaille sur des projets relatifs au climat, à l’énergie et aux émissions de gaz à effets de serre. Il indique que bien que le réseau de bornes de l’Alberta soit toujours alimenté par des combustibles fossiles, il devient progressivement «plus propre» et bénéficiera de l’élimination progressive de l’énergie provenant du charbon planifiée par la province à partir de 2023.
«L’Alberta Electric System Operator (AESO) a préparé différents scénarios sur la composition du réseau électrique de l’Alberta au cours des 20 prochaines années (section 4.2.2). Le gaz naturel a une intensité d’émissions plus faible que le charbon, ce qui réduira les émissions des véhicules électriques», explique celui dont les recherches universitaires ont porté sur l’intensité des émissions des véhicules électriques/zéro émission.
Il ajoute que le gouvernement de l’Alberta «peut et doit faire davantage pour assurer la transition du réseau vers des sources de combustible à faibles émissions comme l’éolien et le solaire». Selon lui, financer des infrastructures qui accéléreront la transition vers l’achat de véhicules électriques est essentiel.
«Les émissions du secteur des transports représentent 25% de l’ensemble des émissions du Canada et nous devrons éventuellement nous décarboniser, autant le faire maintenant! En plus de l’engagement du gouvernement fédéral selon lequel, d’ici 2035, toute nouvelle voiture et tout nouveau camion léger vendu seront des véhicules électriques, on remarque que le marché évolue déjà rapidement dans cette direction», conclut-il.