Lorsque vous entrez dans le bâtiment lambrissé, la galerie permanente donne un premier aperçu du musée. Des temps précoloniaux jusqu’à notre époque, les artéfacts exposés sont expliqués dans les deux langues officielles. Un fait assez rare pour être signalé.
Multiple et diverse, la collection d’objets comblera votre curiosité. «Nous avons des balles de mousquet datant de l’époque de David Thompson. Nous avons des pelles à neige [fabriquées durant] le passage du col “The Little Shovel” sur le sentier Skyline. Nous avons le canoë de Curly Phillips…», souligne Karen Bryer. Et effectivement, les objets remarquables sont nombreux ici!
La plupart des objets exposés sont authentiques, mais il est aussi possible de voir une reconstitution de la caverne Devona. Celle-ci offre une expérience sympathique pour les jeunes visiteurs. Enthousiaste, la secrétaire des archives souligne que cette caverne était autrefois utilisée par les peuples autochtones afin d’observer l’immense vallée Athabasca.
La mémoire des lieux liée à celles des humains
En collaboration avec Parcs Canada et le groupe cri Aseniwuche Winewak, le musée conserve de nombreux artéfacts autochtones exposés, eux aussi, de façon permanente. On y retrouve, entre autres, des habits traditionnels ornés de perles et des grattoirs à peau qui sont des témoins directs de la vie quotidienne des communautés autochtones de ce territoire visé par le Traité no 6. Les informations pertinentes les concernant sont aussi traduites en cri.
Néanmoins, les premiers récits trouvés dans le musée ne se limitent pas aux Autochtones ou aux pionniers. On peut retrouver le fameux piolet argent datant des années 1920. Il a été utilisé pour la première fois par des alpinistes japonais pour escalader le mont Alberta qu’ils ont abandonné au sommet.
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Finalement, des alpinistes américains en ont ramené une partie en 1948, puis des écoliers japonais l’autre en 1965. Brisé, il a été réparé et mis à l’honneur lors d’une cérémonie à Jasper en 2000. Cette histoire fascinante, traduite en français et en japonais, vous donnera des frissons, car elle est la preuve que les expériences vécues dans ces chaînes de montagnes traversent le temps et l’espace.
«Ces familles sont des familles de Jasper»
Ce musée est accueillant parce qu’il est unique en son genre par la richesse de ses archives. «Ce ne sont pas tous les musées qui ont des archives», explique Karen. Celles de Jasper sont composées «de photos et de documents papier».
Les archives révèlent que ce territoire a aussi de nombreux liens avec les Canadiens français qui ont voyagé ou qui se sont installés dans le bassin Athabasca. Et c’est encore le cas aujourd’hui puisque de nombreux jeunes québécois viennent travailler l’été dans ces montagnes.
Ainsi, l’histoire canadienne-française et franco-albertaine a toujours été et continue d’être abondante à Jasper. Karen conseille d’ailleurs aux visiteurs curieux d’en savoir plus sur l’histoire canadienne-française et franco-albertaine de la région de consulter les documents numérisés en collaboration avec les Archives provinciales de l’Alberta. Elle insiste sur la présence de ces francophones à Jasper qui ont certainement un de leurs aïeux représentés au musée.
Divisé en trois salles d’exposition, le musée expose aussi des artistes de la région et présente la mémoire de certains lieux ou évènements atypiques. Récemment, c’est l’histoire du cinéma Chaba, ouvert à Jasper pendant 96 ans, qui y a été raconté. Puis, à partir de juin, de nouvelles expositions seront présentées, notamment Our Vanishing Glaciers, une exposition d’art et d’éducation. Et en octobre prochain, ce sera Rock Stars, une exposition d’art à travers le temps et l’espace par l’artiste francophone Sylvie Pinard.
Ne manquez pas de découvrir ce patrimoine de la région de Jasper lors de vos prochaines aventures estivales dans ces montagnes aux paysages magnifiques.
Quelques dates à retenir
La Jasper-Yellowhead Historical Society a tenu sa première assemblée générale en janvier 1963.
En 1977, elle est devenue un organisme de bienfaisance enregistré.
En 1978, le projet de développement d’un musée est né et la collecte de financement pour celui-ci et pour les archives a débuté.
En 1985, le bâtiment où est situé le musée est acheté. Le travail d’organisation des salles d’exposition prend une vingtaine d’années.
En 2013, la Jasper-Yellowhead Historical Society célèbre 50 ans de préservation de l’histoire de Jasper.