C’est en 1981, dans la mezzanine de l’église du village, que la bibliothèque est créée grâce à la Fédération des femmes canadiennes-françaises de St-Isidore. L’idée était d’offrir des livres en français aux membres de la communauté, particulièrement aux enfants.
À l’époque, elle comptait 25 membres, surtout des familles avec de jeunes enfants. En 1998, elle se greffe au Peace Library System, ce qui permet à ses membres d’accéder aux collections des bibliothèques environnantes.
Il y a six ans, lorsque Anick Déchène en prend les rênes, elle fait le ménage. «Quand je suis entrée en poste, j’ai sorti tous les livres anglophones de la bibliothèque, car on est à 20 km de deux bibliothèques anglophones. Les gens qui viennent à la bibliothèque de St-Isidore viennent pour nos livres en français.»
C’est le cas de Françoise Lavoie qui profite de la bibliothèque au sein de sa communauté. «Je lis presque exclusivement des livres en français et je trouve pratique d’avoir la bibliothèque proche, car c’est facilement accessible et il y a une belle variété de choix. Ça permet aussi de faire des économies au lieu d’acheter des livres.»
Madame Lavoie apprécie aussi le service personnalisé qu’elle obtient. «Ça m’arrive souvent de venir à la bibliothèque et de demander à Anick ce qu’elle me suggère de lire», ajoute-t-elle.
Petit bouquin va loin
En plus de desservir la population locale, la bibliothèque de St-Isidore fournit les trois écoles du Conseil scolaire du Nord-Ouest et prête des livres de sa collection à des lecteurs des quatre coins de la province.
Grâce aux plateformes TracPac ou Relais 2D2, il est possible d’emprunter des livres de toutes les bibliothèques albertaines. Depuis que Madame Déchène est en poste, la circulation des livres à travers la province a plus que triplé.
«C’est un gros travail de promotion pour nous faire connaître. La pandémie a sûrement aidé aussi puisque les gens ne sortaient pas pour emprunter leurs livres.» Les livres de la bibliothèque de St-Isidore se rendent jusqu’à Canmore, Beaumont, Cold Lake ou même Banff.
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Pages cornées et taches de café
Gérer la seule bibliothèque municipale francophone de l’Alberta vient avec certains défis. Anick Déchène explique entre autres que les budgets pour les bibliothèques sont attribués selon la population locale. «Le projet de loi selon lequel l’argent est attribué au prorata de la population est désuet et devrait être changé, car on ne sert pas seulement nos membres, mais une vaste population. »
Elle aimerait aussi que les livres de la bibliothèque soient davantage empruntés. Entre autres, elle trouve que les parents de jeunes enfants devraient profiter de cette ressource. «Les gens ont peur de briser les livres. Ce n’est pas grave si le livre revient avec un coin brisé ou une page arrachée, on va le réparer. C’est la preuve qu’il aura servi.»
Elle souhaite aussi que davantage de francophones de partout dans la province connaissent la bibliothèque de St-Isidore et profitent de sa riche collection. Elle explique d’ailleurs qu’elle garde sa page Facebook à jour avec les nouveautés mensuelles et invite les lecteurs à la consulter régulièrement pour s’inspirer. «La lecture, c’est tellement une belle façon de s’évader, de se cultiver et de s’informer», conclut la bibliothécaire.