
Ariane Corneau était de passage à Québec lors des Jours de la radio qui ont eu lieu en novembre 2024. Photo : Courtoisie
Jusqu’à l’automne dernier, que ce soit Radio-Cité à Edmonton, Boréal FM à Plamondon et Nord-Ouest FM à Fahler, ces trois radios communautaires de l’Alberta ne pouvaient faire une demande afin d’obtenir leur part du fonds de programmation.
Petite explication quant au financement des stations. Outre certaines publicités locales, elles peuvent avoir accès – et elles le font – au financement de Patrimoine canadien pour la réalisation de projets qui s’étendent en moyenne sur un an, voire parfois deux ans.
Selon les responsables des stations consultées, ce n’est pas idéal, car ce système préconise en quelque sorte la précarité, puisque c’est toujours à recommencer. C’est beaucoup de temps dans la paperasserie administrative, donc, moins de temps dans la production d’émissions.
L’autre principale source de financement demeure les fonds de programmation, alimentés aussi par Ottawa. Il faut savoir qu’il existe, en Alberta, une Table communautaire de proposition. C’est cette table qui examine les demandes de financement des divers organismes sous son territoire. Une fois les représentations faites par les organismes, la Table transmet ses propositions au gouvernement pour l’octroi des sommes transmises par ce fonds. Selon les données recueillies par la rédaction, la fameuse Table compte huit personnes, dont cinq affiliées à l’ACFA.
L’ACFA pointée du doigt
Que ce soit Alyson Roussel, directrice générale de l’ARCOT et anciennement de Boréal FM, ou sa successeure à cette radio de Plamondon, Ariane Corneau, ou Gisèle Bouchard, directrice générale de Nord-Ouest FM, toutes trois pointent du doigt l’ACFA. Un sentiment d’amertume les anime. «On a le sentiment, selon Ariane Corneau, que l’ACFA semble nous avoir oubliées. On n’a pas eu de retour sur les fonds de programmation depuis cinq ans.»
Gisèle Bouchard, tout comme Alyson Roussel, déplore aussi que l’ACFA donne peu de contrats publicitaires au cours d’une année à leur station. Moins de 1 000 $, selon la directrice générale de l’ARCOT. La dépendance aux subventions gouvernementales et l’instabilité des revenus publicitaires rendent difficiles la planification à long terme et la rétention du personnel. Rappelons qu’en 2023, Radio-Cité a pensé fermer son micro en raison de problèmes financiers.
Pourtant, les radios jouent un rôle social crucial. «Je suis native d’ici, je connais mon monde», affirme Mme Bouchard. Avec des émissions comme des chroniques culinaires ou des diffusions en direct d’événements locaux, Nord-Ouest FM reflète la vie de la communauté.
Avec des moyens limités, mais une détermination sans faille, Gisèle Bouchard est convaincue que Nord-Ouest FM reste une voix essentielle pour la francophonie en Alberta. Même son de cloche pour la directrice générale de la radio de Plamondon.
Malgré des demandes répétées de la part de la rédaction, il nous a été impossible d’avoir les commentaires de l’ACFA.
Honneur à Nord-Ouest FM – CKRP
Le conseil d’administration de la Fédération des conseils scolaires francophones de l’Alberta (FCSFA) a choisi la Société CKRP Radio Rivière-la-Paix (SCRRLP) pour le prix de l’Ami de l’éducation.
Cette récompense souligne la contribution significative à l’amélioration de l’éducation de la langue française en Alberta. Le prix Ami de l’éducation reconnaît «annuellement les individus ou les organismes de la communauté, qui ont contribué de façon particulière à l’éducation francophone en Alberta», comme le précise Sylvianne Maisonneuve, la présidente de la FCSFA, dans une lettre adressée à la direction de la radio lauréate.
La remise de prix sera faite lors d’une réception qui se tiendra le samedi, 5 avril 2025, à 16 h, à la Cité francophone d’Edmonton, dans les salles Robert-Toutant et Jean-Louis-Dentinger.

Gisèle Bouchard est la directrice générale de la radio Nord-Ouest FM, à Fahler. Photo : Courtoisie
Et la suite?
Il y a toutefois une lueur d’espoir à l’horizon. Pour la première fois, les radios communautaires ont pu déposer l’automne dernier une demande auprès de la Table communautaire de proposition pour les fonds de production. D’ailleurs, Ariane Corneau dit que, dans les lettres de demande, «on a essayé de gagner leur cœur», en parlant de l’ACFA.
Les relations avec les ACFA régionales sont pour leur part moins acrimonieuses qu’avec la maison mère, selon les dirigeantes des radios interrogées.
Par contre, en dépit de cette éclaircie, la suspicion est encore grande envers l’ACFA du côté des radios. Pour preuve, la demande d’un sondage transmis récemment par celle-ci à divers organismes, comme les radios communautaires, les laisse perplexes.
Le sondage visant à demander aux Franco-Albertains leurs priorités face aux services gouvernementaux fédéraux, pose aussi des questions sur divers secteurs, comme les médias, l’immigration et l’éducation. Avec ce sondage, Gisèle Bouchard et Ariane Corneau craignent que celui-ci serve également à démontrer que les radios communautaires ne sont pas si sous-financées.
Glossaire – Suspicion : Soupçon, défiance mêlés d’incrédulité, de doute, fondés sur des sentiments