Certains parents anglophones se rendent compte des possibilités et des avantages qu’apporte le fait de mettre leurs enfants en immersion française. Heba Atwi Reslan et Sarah Fedoration, deux anglophones, ont suivi l’intégralité de leur scolarité en immersion française. Alors que leur parcours universitaire s’est effectué avec 20 ans d’écart, la dynamique de l’immersion française a changé, mais les avantages à connaître la langue restent évidents.
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
Heba Atwi Reslan, coordonnatrice du développement à IG Gestion de patrimoine, est née au Québec. Toutefois, elle a déménagé en Alberta avec ses parents à l’âge de trois ans. Originaires du Liban, ses parents parlaient un français approximatif, l’autre langue historique du pays. «C’est parce que mes parents parlaient français au Liban qu’ils m’ont mis en école d’immersion», dit-elle avec gratitude.
Sarah Fedoration, elle, travaille en français depuis sa sortie du Campus Saint-Jean (CSJ) en 1999. Tout d’abord comme enseignante et directrice adjointe dans les écoles primaires avant d’être promue à son poste actuel de conseillère pédagogique pour les programmes d’immersion française pour le conseil scolaire Edmonton Catholic Schools.
Les écoles d’immersion française ont été créées au Canada dans les années 1970, ce qui fait que Sarah Fedoration a presque été impliquée dès le début de cette aventure puisqu’elle a commencé à étudier en immersion française au début des années 1980.
La volonté de continuer à étudier en français
Enseignantes de mère en fille, cette passion générationnelle a mené Sarah Fedoration où elle est aujourd’hui. «Ma mère voyait les bénéfices académiques et cognitifs de me mettre en immersion française». Elle a étudié de la maternelle à la 12e année dans les écoles catholiques de Saint-Albert. «À partir de l’âge de sept ans, j’avais un sens d’appartenance à la communauté francophone en Alberta.»
Elle se souvient qu’à l’époque, ses enseignantes avaient une passion contagieuse pour la langue. «Je voulais devenir enseignante d’immersion et partager ce même amour de la langue avec mes élèves», dit-elle.
Heba Atwi Reslan trouve que sa connaissance de la langue française était meilleure que d’autres élèves d’immersion, mais plus faible que certains francophones. Une situation qui est devenue au fil des années son plus grand défi. «J’avais toujours l’impression d’être quelque part entre les deux.»
Pendant ses études secondaires à Ross Sheppard, elle savait que la poursuite de ses études postsecondaires en français lui offrirait de nombreuses possibilités après l’obtention de son diplôme. Elle ajoute que des membres du Campus Saint-Jean se déplaçaient souvent dans l’enceinte de son école pour y présenter les programmes, offrir des bourses et accompagner les élèves dans leur inscription. «Les deux écoles faisaient en sorte que la transition soit très simple.»
Des différences culturelles qui s’aplanissent
C’est lors de son baccalauréat en éducation au Campus Saint-Jean que Sarah Fedoration a commencé à interagir plus souvent avec des francophones. «C’est vraiment à ce moment que je me suis rendu compte que mon français et mon accent n’étaient pas tout à fait acceptés», dit-elle.
Comme étudiante au CSJ, elle évoque avoir «développé des méga-insécurités linguistiques». Elle l’explique par le fait qu’elle a développé un accent en immersion française qui faisait la risée des étudiants. Elle a donc choisi de s’exprimer plus souvent en anglais. «J’ai honte de mes choix, mais j’ai vraiment choisi de parler en anglais au Campus Saint-Jean.»
À l’époque, les étudiants formaient des amitiés autour de leurs groupes linguistiques. Elle explique que ceux de l’immersion, les Québécois et les Africains formaient chacun des cercles sociaux distincts. «C’était vraiment très divisé comme des cliques», ajoute-t-elle.
Ayant étudié au CSJ 19 ans plus tard, Heba Atwi Reslan affirme que son expérience n’avait rien à voir avec celle de Sarah Fedoration. «Mes meilleurs amis viennent du CSJ et la majorité est francophone», assure-t-elle. Elle ajoute que les étudiants qui s’y trouvaient constituaient un groupe extrêmement hétérogène.
Elle a découvert qu’il était extrêmement facile de se faire toutes sortes d’amis. «Tout le monde était si gentil», dit Heba Atwi Reslan. Après avoir obtenu un baccalauréat en arts avec une majeure en sociologie, elle travaille aujourd’hui dans un domaine tout à fait différent.
Les possibilités de carrière offertes par le français comme deuxième langue
IG Gestion de patrimoine est loin d’être une entreprise francophone. Mais le consultant avec qui Heba Atwi Reslan travaille est l’un des seuls conseillers en Alberta qui offre des services en français. La jeune coordonnatrice de 25 ans indique que «70% de nos clients sont des francophones» et sait combien ils sont heureux d’investir en français. C’est pour elle une grande fierté de contribuer à la communauté francophone en Alberta.
Elle est d’ailleurs extrêmement reconnaissante pour les occasions que la langue française lui a offertes. Elle explique d’ailleurs qu’elle doit son poste actuel au fait qu’elle était auparavant adjointe de direction à Francophonie Jeunesse de l’Alberta (FJA). Elle ajoute qu’elle n’a pas fait un baccalauréat en finance, «mais que c’est toujours la langue française qui me donne ces différentes opportunités».
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Ayant travaillé dans le système scolaire d’immersion française pendant plus de 20 ans, Sarah Fedoration affirme aujourd’hui qu’il est impossible pour elle d’envisager un emploi en anglais. «C’est complètement hors de question.» Et lorsqu’elle évoque le bilinguisme, elle souligne que le conseil scolaire Edmonton Catholic Schools offre sept différents programmes de langues. Alors que ce soit en français, en espagnol ou dans d’autres langues, «je vois qu’on offre un cadeau aux élèves d’apprendre une nouvelle langue».
Elle termine et assure que «c’est un très beau cadeau de pouvoir travailler dans ta seconde langue». Cela permet de découvrir de nouveaux amis, de nouveaux intérêts culturels, comme la littérature et la musique. «Je le recommande à tout le monde!»