D’après Parcs Canada, excepté en 2020, les parcs albertains Banff et Jasper, ainsi que ceux de Yoho et de Kootenay en Colombie-Britannique accueillent en moyenne plus de 5 millions de visiteurs chaque année.
François Masse, directeur de l’unité de gestion du secteur de Lake Louise et des deux parcs britanno-colombiens, est fier de cette renommée. Il met en avant le mandat de l’agence gouvernementale, «être capable de promouvoir de bonnes coexistences entre les humains et la vie sauvage».
Une mission également partagée par Kathleen Johnson, cofondatrice et directrice des programmes de la Calgary Urban Species Response Team (équipe d’intervention sur les espèces urbaines de Calgary). Lancée en 2019, l’organisme mène des enquêtes à travers le centre-ville pour réduire le risque de heurts de volatiles avec les fenêtres des bâtiments.
De plus, cette ornithologue travaille avec Nature Canada dans le cadre du projet Bird Friendly Calgary afin d’aider la ville à obtenir la certification Ville amie des oiseaux. De cette façon, Kathleen Johnson espère «protéger les oiseaux qui viennent et vivent ici, ainsi que les habitats qu’ils considèrent comme leur foyer».
Tous deux souhaitent partager plusieurs recommandations qui permettront aux habitants et aux visiteurs de la province de protéger cet équilibre fragile entre la faune sauvage et l’être humain.
Des gestes simples à adopter
La beauté des panoramas albertains à perte de vue n’est pas la seule attraction touristique. Nombreux sont ceux qui, au détour d’un chemin, d’une route, apprécient la magnificence des mammifères qui y habitent. Mais attention à ne pas trop s’approcher!
François Masse sait combien «c’est fantastique que les gens puissent voir les animaux sauvages, mais il est important de leur laisser de l’espace pour ne pas se mettre en danger». Il est donc recommandé de garder 30 mètres de distance avec les herbivores, tels que les chèvres et les wapitis. Quant aux carnivores, comme les loups, les ours ou les cougars, il faut rester à plus de 100 mètres de distance.
Il souligne aussi la nécessité de garder le contrôle de ses déchets et rappelle que de nombreuses poubelles extérieures sont mises à disposition afin de ne pas jeter ses détritus dans la nature. Une évidence qu’il défend afin que la faune et la flore soient protégées.
«Des animaux qui sont exposés aux déchets des humains et qui s’habituent à les consommer vont, à terme, finir par mourir», démontre le directeur de l’unité de gestion. Cette recommandation vaut également pour les oiseaux.
Parmi les constats accablants, Kathleen Johnson évoque les nombreuses personnes indisciplinées qui jettent leurs masques médicaux par terre. Un geste qui peut avoir des conséquences dramatiques sur les oiseaux. En effet, l’élastique peut rester accroché à leurs pattes ou leurs ailes et les clouer au sol.
La cofondatrice de l’équipe d’intervention sur les espèces urbaines de Calgary ajoute, «nous devons nous assurer que tout ce que nous faisons n’a pas d’impact sur la flore et la nature proche de nous». En continuant avec l’exemple de l’oiseau, si celui-ci ne se déplace plus, il ne pollinise plus. Or, cette pollinisation joue un rôle fondamental dans notre écosystème.
Savoir se protéger en cas de mauvaises rencontres
Il ne s’agit pas seulement de prendre des précautions pour l’environnement, mais aussi pour nous-mêmes. Il n’est pas rare de faire de surprenantes rencontres dans les parcs nationaux.
Soyez en groupe, faites du bruit pour signaler votre présence et respectez les sentiers, alors tout devrait bien se passer! Et si malgré ces mesures, vous tombez nez à nez avec un animal sauvage, un seul mot d’ordre : restez calme.
«On n’est pas menaçants, on ne cherche pas à faire peur à l’animal et on s’éloigne doucement en gardant le contact visuel avec l’animal», avertit François Masse. Et surtout, on n’oublie pas la protection indispensable : le gaz poivré.
Comme Parcs Canada le mentionne sur son site, celui-ci déstabilise l’intrus en lui procurant des symptômes désagréables tels que des picotements et des difficultés à respirer. Mais rassurez-vous, il s’agit seulement d’effets éphémères. Aucun dommage permanent n’est causé à l’animal.
Une fois que vous êtes sortis de cette situation, il ne reste qu’une seule chose à effectuer : composez le 403 762-1470 pour joindre la centrale de répartition. Des spécialistes seront à votre écoute et seront déployés rapidement sur les lieux pour évaluer la situation et sécuriser la zone.
Finalement, il ne faut pas oublier le rôle de nos animaux de compagnie. Un chien en liberté peut générer un comportement hostile s’il croise par hasard un prédateur. Celui-ci peut créer un stress chez l’animal et cela pourrait avoir des conséquences catastrophiques.
Il est donc nécessaire de les garder en laisse lors des promenades. Quant à nos amis félins, il est préférable de les garder à l’intérieur de la maison. L’ornithologue le rappelle, «lorsque nous laissons les chats errer, ils finissent par chasser les oiseaux et en tuent un certain nombre».
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Éviter des accidents qui fragilisent notre écosystème
D’après les recherches de Scott Lovell, professeur adjoint de biologie à l’Université Saint Mary’s et responsable de la recherche et de l’ornithologie à Calgary Urban Species Response Team, 25 millions d’oiseaux meurent chaque année au Canada en heurtant des bâtiments.
Un chiffre accablant qui pourrait certainement diminuer si les gouvernements optaient pour une loi restreignant la pollution lumineuse nocturne de nos centres urbains. En effet, la lumière artificielle peut «désorienter les oiseaux qui essaient de voler en fonction des étoiles», révèle Kathleen Johnson. À cause d’une luminosité excessive, les migrateurs perdent leur chemin, ou pire, se heurtent aux fenêtres des édifices.
Des décès que l’on rencontre également chez les mammifères, mais pour d’autres raisons. L’une des plus remarquables est le risque de collision avec un véhicule. La Transcanadienne, porte d’entrée aux parcs nationaux des Rocheuses, est aussi très fréquentée puisqu’elle est l’un des trois accès à la Colombie-Britannique.
La sécurisation de cette autoroute pour la faune est devenue, au fil des années, l’un des enjeux essentiels de Parcs Canada. Des corridors fauniques ont d’ailleurs été construits pour limiter ces collisions. Ces bandes de terre placées au-dessus ou en dessous de la route permettent aux animaux sauvages de se rendre d’une parcelle d’habitat à une autre sans croiser les automobilistes.
Une initiative qui a fait ses preuves selon François Masse. «Le taux de mortalité animale sur l’autoroute a incroyablement diminué grâce au travail fait ces dernières décennies pour créer des structures de protection.»
Il tient aussi à rappeler que les touristes jouent également un rôle essentiel dans la conservation de notre biocénose. «On a besoin que les visiteurs nous aident à garder cet environnement sécuritaire et de qualité pour les animaux», alerte-t-il.
Alors si vous aimez la faune et la flore albertaines, n’oubliez pas d’en prendre soin!