Qui n’a jamais rêvé de sport extrême, d’adrénaline ou de dépassement de soi ? La période estivale approchant à grands pas, le canyoning ou canyonisme se fraie un chemin et trouve progressivement sa place entre l’escalade et la spéléologie tout en flirtant avec les chutes d’eau le long des parois calcaires. Sportif de pleine nature, Guillaume Coupier crée sa propre entreprise, Western Canyoning Adventure, au milieu des Rocheuses canadiennes.
Des débuts difficiles
Géomètre de formation, Guillaume quitte la France à vélo et traverse l’océan atlantique jusqu’au Canada par bateaux à voiles. Il vise l’Amérique latine comme destination finale mais son escale dans Les Rocheuses aura raison de lui. Celle-ci dure depuis cinq ans.
Il découvre le canyoning dans le Vercors en France, l’année même de son départ pour le Canada. Il est immédiatement séduit. Après avoir étudié le potentiel de cette activité de pleine nature, il crée son entreprise dans les Rocheuses.
Selon ce fan d’escalade qui aime beaucoup l’eau, le canyoning est un équilibre entre le sport d’eau et la verticalité, et lui permet de réaliser son rêve d’enfant. La première chose qu’il a faite, une fois arrivé au pays du sirop d’érable, était de chercher des entreprises de canyoning.
Il n’en trouve qu’une seule à Jasper avec qui il travaille depuis. Aujourd’hui son entreprise se trouve à Abraham Lake, près de Field où l’entrepreneur réside. Ce choix géographique et stratégique lui permettra de développer l’activité à Banff.
Depuis quatre ans, chaque jour est un défi. Malgré un démarrage difficile, il ne lâche pas prise et s’accroche à son projet. «C’est très compliqué pour trouver des permis car c’est un sport nouveau au Canada», explique Guillaume. Il travaille avec Kananaskis pour autoriser l’activité et continue de négocier pour avoir accès à plus de canyons.
«Nous n’en avons qu’un seul. Malgré sa pratique depuis plus de trente ans, le canyoning est un sport nouveau donc pas encore reconnu par les parcs qui doivent faire une évaluation de l’activité. Si demain, il y a un oiseau qui niche dans une falaise pour l’escalade, on ne va fermer qu’un petit secteur pour le laisser tranquille. Dans le cas du canyoning on fermera tout le canyon», explique-t-il.
Il ne bénéficie d’aucune subvention, n’a pas de partenaire ou de sponsor et le moindre centime est réinvesti dans son entreprise.
Le canyoning voit ses débuts réels dans les années 1900. Il est présent en Europe, en Nouvelle-Zélande, en Australie, aux Etats-Unis, en Amérique latine et aujourd’hui au Canada. Crédit courtoisie
Des randonnées aquatiques au milieu des montagnes.
Au Canada, les personnes ne sont pas tellement familiarisées avec l’activité, et les périodes de grands froids ne facilitent pas son expansion. En vingt ans, près d’une cinquantaine de canyons dans Les Rocheuses ont été explorés.
Guillaume Coupier s’est entouré de professionnels de la montagne, des pionniers qui ont ouvert des canyons il y a près de trente ans. Lorsqu’un canyon est découvert, il faut avancer et regarder ce qu’il y a à l’intérieur en bravant tous les obstacles.
Dans les glaciers, c’est là où se trouvent les plus grandes routes de canyoning, les plus longues et les plus complexes techniquement car les canyons ont été forgés par l’eau des glaciers produisant de gros débits d’eau.
Les techniques spécifiques sont différentes par rapport à l’ escalade. Il faut maîtriser la manipulation des cordes qui au contact de l’eau ajoutent un danger. Novice comme expert, l’activité reste accessible à tout le monde. Il faut être capable de marcher quatre ou cinq km, mais il y a des possibilités de quitter le canyon à tout moment si besoin.
Aujourd’hui, l’équipe se compose d’une dizaine d’explorateurs dans Les Rocheuses. «Si on atteint la centaine, ce serait bien», espère Guillaume qui souhaite créer une communauté de canyoning: «heureusement que des clients reviennent cette année pour prendre des cours. On a créé une association canadienne du canyoning», se réjouit-il.
Il est directeur et seul propriétaire de l’ entreprise et les pionniers sont derrière lui, le soutiennent et l’aident énormément. Ils le guident pour l’entreprise. «John-Paul Kors, ancien secouriste de Parcs Canada, est un des guides. Son fils commence cette année à guider pour moi», déclare le jeune entrepreneur.
La saison s’annonce prometteuse. Elle va du 1er juin au 15 septembre. Guillaume espère la prolonger en achetant du matériel pour équiper ses clients de combinaisons sèches et les guider ainsi plus longtemps.
Les réservations affluent. Il travaille avec Rockies Héli Canada qui transporte les clients en haut des montagnes. «On est les premiers au Canada à faire de l’héli-canyoning», arbore-t-il fièrement.