Depuis 1993, la Fédération du sport francophone de l’Alberta (FSFA) organise ces compétitions sportives et artistiques au niveau provincial pour les jeunes francophones et francophiles. Cette année marque la 28e fin de semaine des Jeux.
Loubna Laaouad travaille depuis quatre ans pour la FSFA en tant que directrice adjointe et coordonnatrice d’événements sportifs. «C’est vraiment une occasion unique pour les jeunes de se rassembler dans une atmosphère autre que la classe, puis voir qu’on peut certainement exercer sa passion pour le sport en français», dit la coordonnatrice.
Lorsque la FSFA informe les élèves de cet événement majeur, elle leur mentionne que «c’est exactement la même chose [que les jeux provinciaux], juste pour les francophones et les francophiles», explique Loubna. Sous l’angle linguistique, les élèves «se sentent un peu plus spéciaux», ajoute-t-elle. «C’est aussi une occasion de voir plein d’autres jeunes, tout comme eux, qui veulent apprendre le français, qui apprennent le français et qui vivent en français».
Une pause à la compétition
Les jeunes ont un horaire particulièrement chargé pendant les trois jours de l’événement. En plus des compétitions, une soirée «par et pour les jeunes» est organisée en partenariat avec Francophonie jeunesse de l’Alberta (FJA). Lors de cette soirée de divertissements, les élèves peuvent «faire de nouvelles connaissances, de nouveaux amis», selon Loubna.
Arianna Mamela, une élève en 10e année à Ardrossan Junior Senior High School, s’enthousiasme. «C’était vraiment amusant. Hier soir, ils ont fait un carnaval pour nous… et un concert!»
Toutefois, l’événement préféré d’Arianna, c’est «la cérémonie d’ouverture». Pour elle, c’est l’occasion de faire des rencontres avec des personnes d’ailleurs et d’entendre leurs chansons. Elle explique qu’elle aime apprendre «d’où tout le monde vient et de voir les gens comme Amarjeet Sohi qui sont venus pour nous encourager».
L’expertise du Paris-Brest
Qu’est-ce que ça sent les Jeux francophones de l’Alberta? La sueur? Le caoutchouc brûlé? Le vieux sac de hockey? Pas vraiment, en tout cas, pas à l’atelier culinaire. Car c’est aussi ça les Jeux francophones : une compétition pour les papilles.
On suit l’odeur du beurre et du sucre caramélisé et au bout du couloir, on aperçoit Arianna Mamela qui participe pour la première fois à cette compétition. Au programme : la pâtisserie. Une passion pour cette élève. «J’ai commencé en quatrième année quand je cuisinais avec ma grand-mère et, avec le temps, c’est devenu une passion et maintenant je le fais quand je peux.»
Anthony Cucchiara, pâtissier et propriétaire de La French Taste, est responsable de la compétition d’arts culinaires. Il invite les jeunes à réaliser un Paris-Brest et des madeleines au cours des deux jours. Anthony explique, «on a choisi le Paris-Brest pour donner un peu plus de techniques aux étudiants». Car, effectivement, le Paris-Brest, ce n’est pas du tout cuit! Il se compose d’une pâte à choux croquante fourrée d’une crème pralinée, parsemée d’amandes effilées. Un délice, mais aussi un symbole.
«Le Paris-Brest, c’est un gâteau qui a été mis à l’honneur parce qu’il y a une course de vélo entre Paris et Brest», dit l’expert des pâtisseries. Anthony ajoute que «c’est un gâteau qui est rond et qui évoque les compétitions de vélo».
Pour lui et son partenaire d’affaires, Julien Dallaine, c’était «très amusant» d’être aux Jeux francophones pour la première fois. «C’est une bonne expérience parce que ça nous a permis de savoir comment gérer une classe».
Sur les traces de Monet et de Renoir
Mariam Qureshi, une autre instructrice et évaluatrice aux Jeux, travaille au Centre d’arts visuels de l’Alberta (CAVA). Pour la première fois, elle guide les participants lors des compétitions d’arts visuels. Elle a choisi de leur faire connaître la peinture impressionniste afin de «partager l’histoire de l’art» et le leur enseigner.
Ce mouvement regroupant de nombreux artistes, comme Claude Monet et Auguste Renoir, est né en France au milieu du 19e siècle. Il s’oppose à l’aspect académique de la peinture de l’époque en adoptant une technique de juxtaposition de touche de couleurs pour mettre en valeur «la lumière véritable des couleurs et des motifs simplifiés» (source : Kazoart) dans les toiles. Mariam confirme d’ailleurs que «pour être considéré artiste, il faut soit s’inscrire dans l’histoire de l’art ou bien changer l’histoire d’art».
Le volet des arts visuels est aussi une expérience artistique professionnelle puisque les trois gagnants seront exposés à la galerie du CAVA. C’est le cas de Sophie Brereton, de l’école Joseph-Moreau, pour qui l’art impressionniste «était quelque chose que je voulais définitivement apprendre à faire». Elle précise, «j’étais un peu tentée de faire du sport, mais là j’étais pas mal certaine que je pouvais amener quelque chose au cours d’arts, puis incorporer mon point de vue sur l’art impressionniste».
À la découverte du Kin-Ball
Olivia Vincent et Cassidy Bradshaw, de l’école Voyageur, à Cold Lake, ont participé, quant à elles, à la compétition de Kin-Ball, un des sports collectifs des Jeux francophones. Ce n’est pas la première fois qu’elles jouent à ce sport. «On joue à l’école des fois, mais c’est notre première fois qu’on vient ici et qu’on y joue de manière compétitive», mentionne Olivia.
Dans le gymnase, les jeunes crient à tue-tête la couleur des équipes. Les deux élèves haussent la voix pour expliquer le Kin-Ball. Cassidy précise, «c’est un jeu où il y a 12 personnes sur le terrain à la fois, trois équipes de quatre. Tu fais des passes, puis tu essaies de garder la balle dans les airs avec ton équipe».
Elles ajoutent que le ballon est si gros «parce que si c’était une balle normale, ça serait plus comme du volleyball». La taille du ballon, c’est ce qui «rend [le jeu] un peu plus intéressant, je trouve», conclut Olivia.
Dans l’ensemble, les Jeux francophones de l’Alberta permettent aux participants de vivre de nouvelles expériences. Loubna souligne que les élèves «dans la vie, ils pratiquent le hockey, mais qu’aux Jeux francophones, ils vont décider de faire une autre discipline parce qu’ils n’ont jamais l’occasion de la pratiquer».
Les occasions d’apprendre de nouvelles compétences sportives et artistiques en français sont peu fréquentes dans la province, mais les Jeux francophones de l’Alberta offrent certainement une occasion de découvrir quelque chose de nouveau à tous les jeunes.
C’est quoi le Kin-Ball?
Ce jeu a été créé par le québécois Mario Demers et officiellement reconnu en 1987. Selon la Fédération québécoise de Kin-Ball, ce jeu nécessite trois conditions pour être réussi : un gymnase, un ballon léger surdimensionné et trois équipes de quatre joueurs. Le ballon a un aspect des plus uniques parce qu’elle doit mesurer 1,222 m de diamètre. L’idée, c’est que cet immense ballon ne devrait pas toucher le plancher. Vous devez donc tenter de le frapper dans une direction de telle sorte que l’équipe adverse ne pourra pas l’attraper à temps.
Pour voir des vidéos de Kin-Ball : t.ly/t2EX.