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le Samedi 20 janvier 2024 15:30 Sports

Le ski de piste, un sport pour une clientèle confortable

Entre les dépenses pour l’équipement, les tarifs des remontées mécaniques en hausse et l'augmentation générale du coût de la vie, le ski devient un sport de plus en plus dispendieux. Photo : Banff Norquay
Entre les dépenses pour l’équipement, les tarifs des remontées mécaniques en hausse et l'augmentation générale du coût de la vie, le ski devient un sport de plus en plus dispendieux. Photo : Banff Norquay
(IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO) - À l’instar d’autres industries, les stations de ski font face à une inflation persistante et à des coûts d’exploitation en hausse, les obligeant à augmenter leurs tarifs pour maintenir leur seuil de rentabilité. Mais cette flambée des prix, combinée aux coûts déjà exorbitants de l’équipement et à la hausse générale du coût de la vie, rend le plaisir du ski de moins en moins accessible pour les familles albertaines.
Le ski de piste, un sport pour une clientèle confortable
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La boutique de Jean-François Bussières offre du matériel de location aux familles qui skient à Jasper. Photo : Courtoisie

Le ski dans les Rocheuses se transforme tranquillement en un privilège plutôt qu’une tradition, affirme Jean-François Bussières, propriétaire de la boutique Pure Outdoors à Jasper. «C’est rendu un grand luxe de faire du ski ici», déplore-t-il. Selon lui, les séjours en ski dans la région deviennent, d’année en année, de «plus en plus dispendieux» en raison de l’augmentation incessante du prix des remontées mécaniques et des chambres d’hôtel. 

À titre d’exemple, à la station de ski Marmot Basin, «la passe» de saison pour une famille moyenne de deux adultes et deux enfants s’élève à 2 992,50 dollars pour 2023-2024. Une somme difficile à avaler pour les familles de la classe moyenne qui avaient autrefois l’habitude de passer leurs fins de semaine à dévaler les pistes, mais «dont le pouvoir d’achat s’est nettement réduit ces dernières années», souligne l’entrepreneur. 

Cette augmentation tarifaire est d’autant plus ressentie avec les frais de déplacement et d’essence, ajoute-t-il. 

Face à cette réalité financière, Jean-François observe un changement d’attitude chez sa clientèle, qu’elle soit francophone ou anglophone. De plus en plus de clients choisissent en effet d’opter pour la carte individuelle Escape qui s’élève «seulement» à 100 dollars et permet de mettre la main sur des billets journaliers à moitié prix. Le pari est de réduire la fréquence des sorties en ski pendant l’hiver, de sorte à faire des économies.

«Quand on va en ski plus de vingt fois dans l’année, c’est là où la passe de saison devient intéressante. Mais si on y va quelquefois, la carte Escape est bien meilleure. Mais la vérité, c’est qu’il va avoir moins de gens sur les pistes s’il y a moins de skieurs qui ont des passes de saison», illustre-t-il.

Des tarifs variables et d’autres solutions 

Le directeur général de Mount Norquay, André Quenneville, nuance quelque peu le débat. S’il admet que les tarifs ont augmenté au cours des dernières années à la station dont il est gestionnaire, il rappelle que ces ajustements suivent le marché et demeurent relativement modestes, avec des augmentations «autour de 3%». «C’est rien d’exceptionnel», clarifie-t-il. 

À ce titre, la station de ski demeure relativement abordable pour le ski familial avec un coût de 2 179 dollars pour 2023-2024, explique-t-il. En comparaison, la passe familiale coûte 3 499 dollars à la station de ski de Lake Louise et 3 549 dollars à la station Sunshine, qui se trouvent également dans la grande région de Banff. 

«Dans un pays où on vit en hiver pendant cinq à six mois, si on est capable de venir souvent à la montagne pour rentabiliser notre passe saisonnière, je trouve que c’est un investissement qui en vaut la peine», mentionne-t-il.

Le directeur général de la station de ski Mount Norquay, André Quenneville, durant la saison estivale. Photo : Courtoisie

D’autres solutions peuvent également être envisagées par les familles franco-albertaines qui trouvent la passe saisonnière trop onéreuse, assure le gestionnaire. En achetant des billets journaliers d’avance sur le site web de la station de ski, les consommateurs peuvent notamment bénéficier de tarifs réduits. L’acquisition d’équipement d’occasion ou les échanges de matériel avec d’autres familles peuvent aussi faire «réduire les factures». 

La boutique de Jean-François Bussières, qui enregistre une forte hausse dans la demande depuis le début de la saison, se positionne comme un acteur clé de cette solution alternative. «C’est beaucoup plus économique de louer que d’acheter neuf, à part si on est un adulte qui skie souvent. Nous, on aide les gens le plus possible pour rendre leur expérience en ski moins cher. On peut même échanger du matériel en cours de saison», précise ce dernier. 

Sa clientèle est diversifiée, des débutants aux skieurs étrangers, surpris par les prix pratiqués en Alberta, en passant par les familles cherchant à éviter de renouveler l’équipement de leurs enfants chaque année. «Investir dans du neuf pour des enfants en pleine croissance n’en vaut pas la peine, sauf si l’on a des enfants plus jeunes qui pourront récupérer l’équipement», conclut l’entrepreneur. 

Glossaire – Onéreux : Coûteux, dispendieux